Sanseito Stare


Jusqu’à pas plus tard qu’avant-hier, l’expression “Sanseito Stare” avec ou sans guillemets n’offrait rien en retour sur Google. Hier matin, elle est apparue datant de la fin août. Mystère des algorithmes du formatage de l’écoutille personnnalisée sur le réel imposé à soi. J qui me l’a soufflée quelques jours avant. Coïncidence, mais N aussi dans un autre échange, sans utiliser l’expression, m’avait mentionné un sentiment de malaise récent. J et N ne sont pas nés du dernier arrivage des ébahis sous le charme du Japon consumériste, ni des cargaisons de nouveaux transnationaux hors-sol. 

Il y a des données concrètes. N, adepte des déménagements à répétition à Tokyo, et ne se situant pas dans la gamme six tatamis initiatiques en attente d’un pull tricoté main et de biscuits chocolatés envoyé par Collissimo, a fait plus d’une fois, malgré un budget immobilier disponible non négligeable et à la tête d’une entreprise l’expérience du refus. Mon expérience du refus date de 40 ans, donc avant Collissimo et les biscuits. Les siennes sont plus récentes. Sanseito Stare, regard mauvais en coin, expression de l’année, de l’avenir peut-être, ou autre camisole auto-imposée.

Le dernier voyage. Nous ne retournerons plus. Echos de la première partie de Peste et Choléra de Patrick Deville, sauf que cela se passe autour de soi récemment et avec redondance. et ne pourra que concerner soi-même aussi dans quelques années. En prévision de ne plus pouvoir voyager, mais tous les récits entendus, les malaises à destination, sont presque invariablement la conséquence partielle d’une absence de lecture préalable de ce qui attend là-bas, à commencer par le climat. Ceci sonne trivial. Enoncer les trivialités de l’avenir. Les températures baissant, on oublia ce que furent les canicules. 

Aller-retour à Takasaki, au palais des paris. L’indifférentiabilité visuelle d’une ville étendue informé à voitures qui ressemble à n’importe où ailleurs, surtout pas une ville comme sur des gravures du XIXè siècle, un centre-ville historique gentrifié, un tableau de Vermeer, tout ce qui persiste à nourrir l’imaginaire urbain enviable quand soi européen. Le péri-urbain du péri-urbain, ville que de nom, a-centrée, apparemment plate. On mange à midi dans un restaurant bien entendu local rempli bien entendu de locaux. Le set à 1900 yens de sushis offre bien trop à manger d’une qualité sans commune mesure supérieure au médiocre équivalent pour bourgeois austères de Mitsukoshi à Nihonbashi la veille ou presque. Coûts de vies en province, étrangeté de ces différences drastiques du petit commerce individuel, ce qu’elles disent des déséquilibres d’avec les mégapoles. Gunma ne donne pas sur la mer. 

Le 17 octobre sort le nouvel opuscule de Nathalie Quintane chez La Fabrique. On peut lire quelques chapitres très courts sur le site, dont le second Au Lidl, quelque chose d’ancré dans le rien crasse du quotidien, cette dimension cosmopolite et éminemment internationale. Le 17, commande sur le site de l’éditeur qui sera livrée à des voyageurs au départ vers Tokyo le 29, que je verrai ici le 31. Contrer la disparition du tarif d’acheminement Livre & Brochure, ça se pense, ça s’utopise et s’applique dans les actes. 351 voyageurs en carlingue, pas encore en soute, c’est 351 livres potentiellement transportables. Enorme. La biblothèque d’Alexandrie transbordée en un jour vue la densité des vols. Où est la plateforme bénévole solidaire?

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