19 212

19 212 mots. La lecture de l’article After Martha de Paul Laity dans le numéro du 25 septembre du LRB rappelle l’incroyable possibilité miraculeuse de lire encore aujourd’hui un article d’une longueur telle qu’il pourrait être un petit livre. Souvenir d’un article sur l’incendie de la tour Grenfell aussi dans le LRB qui avait occupé presque la totalité de la pagination du numéro de l’époque. Alors que l’auteur de l’article sur la tour était un enquêteur extérieur au drame, Paul Laity est le père de Martha, adolescente décédée par erreur systémique, en cascade – irresponsabilités en relais – médicale en Angleterre. L’épouvante de la lecture tient de la faculté de l’auteur à rester dans les rails de l’exposition minutieuse des faits et des actions – des parents qui vont jusqu’au bout des possibilités d’aller jusqu’au bout de ce que la légalité offre pour tenter de mettre à jour ce qui s’est réellement passé, la chaîne des événements, sans aucun surplus de pathos. Le pathos est dans le bruit de fond permanent. Plutôt vers la fin, la brève relation d’une réunion de commission d’enquête avec un avocat spécialiste de la défense des crapules échangeant avec son client clins d’yeux et petits mots écrits rappelle insidieusement le ton de la description par Sandra Lucbert, encore, du procès France Télécom.


En concordance avec les relevés météorologiques des dernières années, le basculement de l’été torride vers bientôt l’automne sensible se déroule aujourd’hui même. La température minimale s’est réduite dans la nuit de l’ordre de 15 degrés, mais si l’on considère la température ressentie, la chute était plutôt de l’ordre de 20 degrés. Doucement, les rapports estimatifs sur le nombre de décès surnuméraires conséquents aux chaleurs commencent à apparaître. Un était déjà paru en Angleterre en plein mois de juillet mais on n’allait pas gâcher la fête au-delà d’un entrefilet. Ces rapports sont toujours enrobés d’une mise en garde mise en touche que les chiffres sont hypothétiques comme certains cas ne peuvent être clairement attribués à la chaleur qui demanderont plus d’investigations. Mais heureusement que l’automne arrive, bientôt l’hiver et bientôt le printemps. Aucune application à usage de béotien ne permet par exemple de corréler les relevés météorologiques passés et prévisionnels avec des symptômes pour tenter par soi-même de produire des tendances et estimations simples qui pourraient servir d’indices et d’orientations afin de moduler ses comportements dans l’objectif même à minima de se protéger. Il faudrait pour cela quelques connaissances en programmation, en statistiques pour développer un outil de type diarisme médical intelligent.


Lire à Tokyo Quitter Berlin – Journal de jeunesse de Gershom Scholem, c’est se plonger dans une écriture diariste qui rend jaloux. Il n’est pas question de marche en ville qui est peu présente. L’aporie en éclats d’enthousiasme et d’avis péremptoires exaltés de Scholem, la pluie de références d’ouvrages inconnus créent souvent un halo d’incompréhension qui aiguise l’envie de poursuivre non pas dans l’espoir d’y voir plus clair plus loin, mais parce que le flot de paroles transcrites et d’éclats diffractés de pensées diverses, mais aussi de rencontres qui sont pour soi des coïncidences ancrées dans le présent malgré la distance dans le temps, rend l’exercice de la lecture jouissif avec un brin d’ébriété. Il y a un quelque chose de mystérieux à voir sans comprendre que l’on peut lire sans tout saisir et ne pas s’ennuyer.


23 juillet 1915

Avant-hier, mercredi après-midi, j’étais chez Benjamin. Chambre très convenable. Un assez grand nombre de livres.


24 juillet 1915

Benjamin venu cet après-midi. Nous nous sommes considérablement rapprochés. (…) Ensuite longue discussion sur Kant. Il s’est montré très honnête et m’a avoué qu’il n’avait jamais réussi à dépasser la déduction transcendantale, qu’il n’avait pas comprise.


Je pense qu’une opportunité majeure a été perdue de faire mieux quand la maman de S est décédée et que personne, y compris soi-même, n’a levé le doigt, sinon que de reproche – je plaide l’innocence pour les reproches – de réunir les fonds nécessaires que S n’avait pas pour se payer un billet d’avion. L’empathie, c’est dans les actes, pas dans les paroles.

A T qui ne liras pas, je suis bien allé au rade de l’autre fois qui ouvrait trop tard à 18h. Bon, on sait que c’est figé dans l’espace temps ancien au moins de l’âge du patron. C’est tout à fait comme escompté, le saké très abordable, un plein verre ichigo à raz bord à 400 yens mais pas d’idée claire de l’origine. Pour de l’eau minérale, il faut sortir en acheter au distributeur. Trop de saké d’un coup, au point que j’ai même envisagé de jeter subrepticement dans un recoin le fond de mon verre. Un endroit de solitude pour certains, et d’habitudes pour d’autres, on sait, on sait, mais pas de solitude sereine, pas ce vibratoire là qui permet d’être en paix avec soi-même. Tu es tenté par l’échappatoire de zieuter ton écran comme la plupart. Ça c’est mauvais. Les clients sont des salarymen du coin, donc ils sentent la moquette de bureau, ce qui m’est imbuvable, et cela ne date pas d’hier. On retournera à deux pour voir mais trente minutes. Je renverserai subrepticement la moitié de mon verre dans un recoin. Ensuite on ira ailleurs. 

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