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Articles

Affichage des articles du mars, 2022

Littérature allochtone - Extrait

(…) Voici un terme à tenir dans la main, à palper, soupeser, caresser, frotter, humer même, lécher comme on goûte un galet, un terme à observer sous toutes ses faces, la main tendue vers le ciel avec le soleil aveuglant, sous une lampe douce le soir. Comment ce terme est-il apparu? J’étais parti encore une fois sur une recherche dont je ne me souviens déjà plus de l’amorce, quelque chose de l’ordre de  la littérature d’expression française au Japon . Coup sur coup sont apparues diverses choses intéressantes, mais  allochtone  est en fait venu en dernier après avoir modifié le tir de la requête pour taper  littérature migratoire . Ce qualificatif ne m’est pas venu à l’esprit pour autant mais est apparu en cours de recherche, à un moment de survol rapide des résutats. Parmi les traces, il faut retenir : La  fiche d’information  du 12 juillet 2019 sur Fabula au sujet d’un appel à contribution pour une revue intitulée Alternative francophone avec un numéro consacré au  Néojaponisme et reno

Apologie de la ligne droite à hauteur d’Arakawa-Nichome -Extrait - Août 2021

Je voudrais ici vous faire part de la beauté apaisante de cette portion de ligne droite du tram de la ligne Toden-Arakawa entre les stations [Arakawa-Nanachome] et [Arakawa-Nichome]. Pour goûter cette sérénité piquée d’étrangeté, vous vous tiendrez sur le quai de la seconde station en toute saison, dans le sens des rames en direction du terminus proche Minowabashi. De là s’exposent plusieurs caractéristiques de la disposition des éléments narratifs de l’espace, la première étant l’invisibilité au loin de la station Arakawa-Nanachome qui se trouve juste avant cette brusque courbe du tracé, quand les voies contiguës bifurquent soudain de leur élan vers l’est pour tomber littéralement plein sud. De même, la station suivante - Arakawa-Kuyakushomae - est tout aussi invisible du fait d’une seconde courbe. La seconde caractéristique puisque vous l’attendiez est qu’entre ces deux courbes se trouve une portion parfaitement rectiligne du réseau avec pour conséquence un délicieux effet cinétique

Cet air de rien - Extrait

Dans la rue sombre l‘autre soir à la fraiche, nous sommes reconnus. Une voix féminine, joyeuse, nous interpelle. D’abord, nous ne la reconnaissons pas. La personne s’approche de nous à pas pressés, et puis à une quinzaine de mètres et malgré le masque, nous reconnaissons M, la maîtresse. Elle n’a pas changé, elle est joviale, heureuse de nous voir et le clame. Elle a tout juste pris un tout petit peu de rondeurs et aussi beaucoup d’assurance comme elle avait la vingtaine il y a une bonne vingtaine, et qu’elle en a donc une bonne vingtaine de plus. On s’enquiert réciproquement des nouvelles de la progéniture. Je trouve sa réponse remarquable au sujet de ses deux plus grands qui sont nous apprend-elle dans les affres d’examens d’entrée au lycée pour un, à l’université pour l‘autre.  > J’ai maintenant le souvenir de les avoir croisés au carrefour pas loin en journée et d’avoir échanger aussi dans cette même ambiance de bonheur simple de se rencontrer par hasard. Je me souviens que ses

Le sens de la frontière - Extrait

(…) Ce fut spontané que d’être invités sur la messagerie à passer prendre un verre le lendemain, ce à quoi je répondais qu’on pouvait y être maintenant, dans un quart d’heure, comme on sirotait un café à une encâblure de là. Mais à l’arrivée, le comptoir compartiment de troisième classe était plein à ras bord et visiblement pas prêt de décanter. Je passe au présent de l’indicatif, mais la situation nouvelle, une première, demanda de ne pas lâcher l’occasion et de chercher donc une autre solution de boissons dans le quartier. Il y a E qui apparaît sur l’écran faisant des signes de sémaphore. Elle revient de la gym. Elle et moi sont sur la même longueur d’onde, celle des femmes au foyer. Plus tard confortablement assis, on parlera de tofu, celui qu’elle préfère et où elle l’achète. Mais en attendant se met en place une scène improvisée et heureuse quand S entre dans la partie pour suggérer quelques débits de boissons dans le coin. On passe d’abord à la cantine de soba à deux pas pour ap

Les écritures qui viennent - Extrait

J’ai trouvé l’énoncé de l’auteure Minh Tran Huy sur l’impact de la lecture de Haruki Murakami remarquable de clarté. Cela figure dans l’arme de propagande dénommée Journal du Japon : « Comme Hajime et Shimamoto-san, je savais ce que c’était que d’être à la poursuite d’une terre rêvée, d’un monde où l’on se sentirait enfin chez soi, éprouvant la même plénitude que dans l’enfance ou l’amour. Ne pas ou ne plus avoir de sentiment d’appartenance, errer dans un univers flottant, aux frontières poreuses, m’était chose familière, et je n’imaginais pas tenter de (re)trouver une forme d’unité et de permanence en me rendant, par exemple, dans le pays où mes parents étaient nés. Ma patrie véritable n’était pas celle de leur souvenir, ou de l’illusoire représentation que je pouvais m’en faire. Ma patrie, je l’arpentais chaque fois que j’ouvrais un roman de Murakami. Je n’en avais pas hérité ; je l’avais choisie et elle avait ceci d’extraordinaire que je pouvais réaffirmer le choix de m’y enraciner