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Affichage des articles du août, 2023

Hyperbrèves de l’ordinaire

Photo empruntée. Sur la grève de 50 minutes de certains enseignants de l’Athénée Français à Tokyo, ceux-ci sont  _manipulés par le syndicat_, selon l’ordre. Tentative classique de bris d’élan de grève par accusation d’infantilisme. Lu dans des commentaires de soutien sur le sujet les regrets que les enseignants ne bénéficient d’aucune maille du filet lâche de protection sociale, alors que s’ils sont ici, c’est “par amour” du Japon. Ne vous laissez pas prendre dans les raies de l’apitoiement sur fond lacrymal de cet argument d’amour quand bien même sincère. On n’est pas tenu d’aimer. Sans y enseigner, j’étais sur le trottoir par soutien. Cette manifestation discrète sentait la peur, parce que la témérité.  Soft resistance : sera annihilée par strong repression.  Oui, la grève ne sert à rien en terme d’attente de résultats. Non, elle est indispensable. Le bras d’honneur de la révolte vaine est un acte culturel irréconciliable. C’est comme ça. Ils recruteront de toute façon de plus jeunes

Personnages principaux

On m’a fait savoir le 20 que l’établissement de la chaîne de salons de thé pâtisserie populaire Fujiya dans l’arrondissement Naka de Yokohama fermait le jour même pour cause de démolition de l’immeuble devenu vétuste et irrécupérable. C’était la déco plus que les gâteaux qui avaient un intérêt, mais la nostalgie des autres n’est pas ma tasse de thé. Quand on investit la réflexion dans les différences et oppositions de principes entre nostalgie - un filon exploité - et routines - une multitudes - les choses deviennent claires. La nostalgie d’enseigne, non merci. A Bronx l’autre jour, il a fallu que la serveuse tonique me demande comment va le travail, et que le patron, qui n’est pas le propriétaire comme je l’ai appris en lui demandant alors qu’il sortait de sa cuisine cagibi pour m’annoncer qu’il envisageait de quitter tout cela, puis s’être enquéri de Shizuoka, m’ont touché en plein coeur par leur solicitude chaude, avec quelques mots, peu d’échanges mais pétris d’affectuosité, me mon

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Les photos du texte ont disparu. Le 15 août passé, la rentrée débuta le 21. Quelles belles embarcations peintes multicolores avec cette patine marquée de la pâte vintage comme on n’en voit pas à Ikéa. Peinture mate qui figurerait bien comme déco d’un comptoir nommé Le bar de la plage. Une centaine de personnes sont tombées de l’embarcation à la mer. Heureusement, elle n’a pas coulée.  Sur la pente hier en fin de journée, un homme en costard cravate élégant la descend. Ressenti 41 degrés. Il paraît que la NHK diffuse des messages recommandant de ne pas sortir sous la canicule entre la retransmission en direct de la traditionnelle saison de compétition de baseball interlycéenne. (img) Je ne sais pas si la micro-nonfiction se doit de faire dans le bon mot, le clin d’oeil et l’ironie jusqu’au cynisme. Je crois que non. Il y a Y pour cela (anciennement X). Mais la micro-nonfiction, et la petite fiction pour qui cela chante, mérite d’être réabordée. On la réabordera. Il paraît que l’Universi

Gyozas monochromes

Gyozas monochromes K évoque le Shinjuku de son enfance, quand il n’y avait rien de particulier avant que le Keio Plaza Hotel soit édifié. Aller à Shinjuku signifiait aller au grand magasin Keio puis au 7e ou au 8e étage, aller manger un riz au curry dans le restaurant cantine qui était une véritable cantine publique dont on trouvait l’équivalent dans d’autres grands magasins. J’ai moi-même mangé dans ces restaurants avant qu’ils ne disparaissent pour être remplacés par des établissements gentrifiés et élever l’image de marque des grands magasins. Je me souviens qu’il s’agissait vraiment de cantines, que c’était bon sans plus et pas cher comme une cantine, que l’on rapportait son plateau à la plonge et que les bols et assiettes étaient en plastique. Pour retrouver quelque chose de cette ambiance, il faut déjeuner dans une cantine d’université.  Sur Shinjuku, il y a une étrange évolution très lente autour du restaurant Acacia, qui fait que cela - la texture des rues étroites - au moins

Micro-nonfictions tokyoïtes

Les photos du texte ont disparu. J’ai vraiment apprécié que M ait souligné avoir apprécié l’invitation à dîner à la maison de l’autre jour. Nous invitons mais ne sommes pas invités en retour. Comme cela est un fait acquis, on n’y pense plus. Sauf lors d’une rare occasion où quelqu’un de passage comme M le souligne.  Toute justification à la non-invitation chez soi est culturellement bien-fondée, qui ici a rapport à une perception différente du sacré de l’intérieur privé, de qui peut y pénétrer, et de l’absence de savoir accueillir sans en faire un plat, des contorsions,  et au final une expérience stressante de part et d’autre. Mais toute justification n’enlève rien au fait que voici une culture contemporaine où l’on n’invite pas chez soi.  Inviter est faire la cuisine qui est souvent le dernier bastion d’une pratique manuelle qui ne se situe pas dans l’apprentissage long et l’obsession d’atteindre une perfection inaccessible.  La livraison de pizza n’a pas lieu d’être mentionnée. J’ét

Eléments d’une taxonomie avancée de la rue japonaise

####Vacuité saisonnière Deux moments majeurs dans la décélération urbaine ici, le Nouvel An, qui débute le 28 décembre et courre au moins jusqu’au 7 janvier, et puis maintenant, cette période de vacances ultracourtes, ralentissement moins drastique que la nouvelle année, mais rendu virulent par la chaleur quotidienne. Tokyo dans les deux cas est vide de sens, et l’envie d’arpenter en berne. C’est l’occasion d’affiner un peu cette taxonomie graphique de la rue japonaise. Il faut exploser l’illustration plus haut pour en voir les détails. - Quelques ajouts et corrections de commerces dont certains se chevauchent. Quelle différence entre une droguerie et un marchand de “choses métalliques”?  - J’ai retiré les tsukemonos et autre tsukudanis de la catégorie des produits secs qu’ils ne sont pas. C’est de l’humide confit d’un côté, et de l’humide salé de l’autre. Mais il ne s’agit pas non plus de trop couper les cheveux en quatre. - Aucune rue n’existe qui réunit le tout cité, encore plus co

も de pouvoir

M est de sortie juste à côté pour s’en tirer une. Il s’en tire une toutes les dix minutes. Il a laissé sur la table le paquet de cigarettes qui figure le message de mise en garde sur les risques du tabac pour les enfants et les tous petits enfants. La particule も - mo - seule concédée par l’industrie renvoie aux risques ne concernant pas les usagés, qui ne sont mentionnées eux que par mo. も de pouvoir.  ####Retracer le chemin De mémoire de Tokyo. Un creux soudain à proximité de la boulangerie Poème. Archéo-gastronomie. La table et les chaises posées de côté dans le couloir qui traverse le petit immeuble sont mis à disposition de quiconque. L’air qui s’engouffre là est de la couleur de la saison, chaud et humide. Le hamburger est honnête, pas d’un autre âge mais d’une autre dimension, celle de l’ultra-mou. Le boulanger qui a certainement ses 70 ans est un honnête homme. Ses produits sont honnêtes, résolument d’un autre âge. Le hamburger fait à peine 300 yens. Une dame encore plus âgée s

Menu de la maison - une expérience

Pour édulcorer encore plus ce qui suit, l’illustration n’a strictement rien à voir avec le propos. Et réciproquement. Chez dehors, devant proche là-bas, venir partir à Cuba en Provence. Menus de la maison est un exercice expérimental d’écriture autre sur la cuisine et la nourriture. Il y est question de cuisine du quotidien confectionnée pour l’essentiel à la maison. Les mets et plats achetés dehors sont rares dans cette maison, jamais livrés, et quand du dehors, assez répétitifs, qui concernent ces recettes difficiles à réussir chez soi ou tout simplement chronophages. Je citerais par exemple les fritures panées types croquettes bien meilleures du dehors à condition d’être très sélectif tant l’ampleur de qualité pour un même menchi-katsu varie d’une boucherie à l’autre. A noter que menchi-katsu n’est pas du yiddish. Un autre, volatile celui-ci, qui apparait assez souvent est le fameux poulet indien ou biryani de National Mart à Shin-Okubo qui simplifie la confection d’un repas du soi

Pâtisserie impériale (extrait)

A l’EPHAD 2. Et ensuite, on va au petit restaurant italien où l’on avait abandonné l’idée de réserver quelques jours auparavant parce qu’à l’autre bout du fil c’est très obtus raide du col et pas vendeur pour un sous, alors que sur place tout est différent et très aimable, à croire que ce sont d’autres gens dont il s’agit. Alors le jour J à l’heure H, on risque sa chance. On a de la chance justement comme on y trouve exactement deux places, au comptoir, ce qui nous est annoncé comme si souvent au sujet des places aux comptoirs des restaurants de petit calibre pas japonais avec ce petit air de malaise comme si de crainte de recevoir un avis de refus de notre part, comme s’il s’agissait de signaler que les places sont situées à côté des toilettes ou de la porte à deux battants qui battent en permanence de la cuisine qui ici n’en a pas. Il y a un mystérieux malaise associé aux comptoirs, où persistent ici les séparations de plastique translucide dont l’objet n’est plus du tout sanitaire m

Babaguchi

C’est au carrefour Babaguchi que la rue Waseda se disloque, en quelque sorte. De Takadanobaba jusque là, ça monte, c’est vivant, tonique et agréable avec toutes les perpendiculaires. Je recommande de la parcourir dans les deux sens, de quoi y passer des heures avec des poses intermédiaires, et plus encore si l’on s’offre une toile au Waseda Shochiku, mais en d’autres saisons que la présente torride. On sent la topographie pentue, on devine le fond fluvial vers le bas. J’en pince à chaque fois pour le portail de la vieille communale, ce que le talus sur sa façade tout comme dans une rue de côté expose encore de la déclivité d’origine de la colline, comment une colline s’urbanise en terrasses, puis comment à force de terrasses et rabôtages, on finit par oublier que l’on marche sur une colline. Comment expliquer alors le malaise dès lors que l’on poursuit vers Waseda? Ce n’est pas seulement la déperdition de la couverture commerciale au niveau de la rue.  Avec un bémol. Toute la couvertur