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Articles

Affichage des articles du avril, 2022

Le goudron retrouvé - extrait - août 2021

Quelque part dans les étagères de livres se trouve le Quiet Days in Clichy de Miller qui est cité comme un modèle dans une interview de Lawrence Osborne au sujet de son livre Bangkok Days. C’est donc de Quiet Days in Bangkok dont il s’agit, mais pas vraiment, pas trop. > “As I write, night is falling and people are going to dinner. It’s been a gray day, such as one often sees in Paris. Walking around the block to air my thoughts, I couldn’t help but think of the tremendous contrast between the two cities (New York and Paris). It is the same hour, the same sort of day, and yet even the word gray, which brought about the association, has little in common with that gris which, to the ears of a Frenchman, is capable of evoking a world of thought and feeling.” >  > Henry Miller 
 Mais au final, pas la moindre trace de Quiet Days dans les étagères à la maison, livre qui doit pourtant bien se trouver quelque part. Il y a bien Gertrude Stein qui dort avec Paris, France, Hemingway ave

Pieuvre et écriture impériale - extrait - avril 2022

Auvers-sur-Oise à Tamagawa. Il parlait peu. Généralement il exprimait ses idées par de petites phrases sentencieuses et dites d’une voix douce. Depuis la Révolution, époque à laquelle il attira les regards, le bonhomme bégayait d’une manière fatigante aussitôt qu’il avait à discourir longuement ou à soutenir une discussion. Ce bredouillement, l’incohérence de ses paroles, le flux de mots où il noyait sa pensée, son manque apparent de logique attribués à un défaut d’éducation étaient affectés et seront suffisamment expliqués par quelques événements de cette histoire. Eugénie Grandet - Balzac
 L’ex-premier ministre Shinzo Abe ne peut pas avoir écrit la tribune intitulée « L’heure est venue pour les Etats-Unis de faire clairement savoir qu’ils défendront Taïwan face à la Chine » parue dans Le Monde. Il ne peut pas l’avoir écrite, il ne peut pas avoir utilisé le terme _clairement_ はっきり, non pas seulement parce que comme tout homme de réseau et d’influence il a autre chose à faire que d’écr

Ecrirea.tokyo session #22

Ecrirea.tokyo session #22 samedi 30 avril. Voir Ecrirea.tokyo

Exfiltrer la libellule - extrait

Cette libellule noire qui s’était introduite dans l’appartement hier soir par mégarde à l’occasion d’une fenêtre ouverte juste quelques secondes nous aura accompagnés toute la soirée. D’abord inquiets qu’il ne s’agisse d’un insecte à dard, nous avons vite reconnu que ce n’était qu’une libellule, bruissante d’ailes délicates, en mode panique, virevoltant à grande vitesse dans le salon. Elle s’accrocha à divers points en hauteur. Elle aimait particulièrement le cadre d’un tableau posé sur une bibliothèque. Une libellule cultivée. Elle s’est posé un temps sur la plinthe du perron de la porte de la salle de bain, au risque de se faire écraser. Cherchait-elle un lieu d’ablutions? On se demandait comment l’attraper pour la libérer dehors, mais nous étions dépourvus d’outil. Cela faisait longtemps que le filet à papillons avait disparu, transmis sans doute à quelqu’un de plus jeune. Entre-temps, la libellule s’était entichée des rainures d’aération de la porte de la salle de bain pour y reste

Tokyo: Maigret prend le tram - Janvier 2020

Maigret était bougon, excédé. Janvier connaissait bien le Japon. Il avait traversé le carrefour de Shibuya vingt fois et en extase il y a bien longtemps, avant d’entrer dans le métier. Pour Maigret, c’était le premier voyage, le premier vol interminable de douze heures. Janvier connaissait encore mieux son patron que Shibuya, mais c'était la première fois qu'il le voyait sortir de ses gonds, de son air bonhomme des jours ordinaires aux Orfèvres. Maigret maugréait dans le silence de la ruelle sombre ou des silhouettes les dépassaient ou les croisaient comme en rasant les murs. Son mécontentement accumulé lors d’une journée trop remplie venait de déborder le vase de sa patience, une faïence très profonde et solide pourtant. Non, ça, Janvier n’avait jamais vu Maigret ainsi. - Janvier, je suis à bout, sur les rotules mentales. Va encore que de retirer ses chaussures pour manger au restaurant, Vous m’aviez prévenu. Va encore de devoir plier et exposer mon corps plus vraiment souple

Soit une boucle - extrait

Voici une collection de ce que je nommerai désormais des boucles, des boucles de Tokyo.  Prenons-en une au hasard pour comprendre de quoi il s’agit. Figurent sur ce schéma quatre noms de lieux qui constituent des territoires que j’apprécie particulièrement. Ils sont associés par des liens que je nommerai dorénavent _liens de désirs_. Ces liens associent des quartiers qui méritent à mon sens et selon mon expérience d’être vécu en succession lors d’une journée de déambulation et de plaisirs. Ce sont des liens de désirs, une forme de marquage d’incitation à cheminer de façon contigue d’un territoire désirable à un autre. Un lien de désir relie donc au moins deux territoires mais pas nécessairement proches. La longueur d’un lien n’a pas valeur d’exactitude en terme de distance et positionnement géographique même si généralement la verticale vers le haut de la page signifie la direction nord. Aborder Tokyo, mais aussi tout autre ville en évoquant des quartiers associés plutôt que des monôm

Café 89 - Extrait

(…) M défraîchi, pas rasé, la tête de qui n’a pas fermé l’oeil de la nuit, confère avec deux de sa génération.
 Quelques minutes plus tard, il vient me saluer et m’annonce qu’il quitte le Japon, le 27, retour au bercail à San Francisco. Ni Australie, ni plus de chaîne en or au cou. Il me tend un peu nerveusement une main très molle que je serre vigoureusement. Chic type.
 Nous nous souhaitons réciproquement bonne chance. Je ne doute pas de la sienne.
 Au Café 89, c’est bande son années 80, l’Ukraine aphone sur les écrans larges ça change du foot, le cirque des experts en balistique. Cela sent à la fois le pub anglais, le café bar non-stop de la Costa Brava et Pataya réunis sur une rue commerçante piétonne qui mènerait à la plage. Ceci est la version diurne. Son versant nocturne m’est inconnu.
 A aussi va quitter le Japon. Il vend le commerce après deux ans à peine d’exercice. Il a touché du doigt l’absence de qualité de vie, celle liée aux dimensions ici précaires ou inconnues du temp

Vers l’accessible étoile ~ Extrait - Février 2021

(…) Mais pour en revenir à l’ouvrage de Julien Bielka, j’insiste bien qu’il ne s’agit pas de ma part d’une critique à la LinkedIn - aka _emetique.com_ - mais d’un ressenti immédiat et joyeux, nourri de _gratitude_, qui est un terme qu’il m’a remis en mémoire et en usage. En aparté parce que seules les apartés et les coïncidences valent, quelque chose de rare s’est déroulé entre nous qui renvoie - coïncidence - à cette phrase attribuée au peintre Francis Bacon que j’avais cité tantôt: _If you can’t be rude to your friends, who can you be rude to?_ Imaginez une esclandre suivi d’un vide, d’une séparation, d’une bonne dizaine d’années. Et puis voilà que la question se pose certes aidée par un saké très correct: _au fait pourquoi on s’était engueulé?_ Amnésie de part et d’autre. Mais ce qui est important pour moi est ce qui suit, les circonstances louches d’une reprise de contact comme marchand d’abord sur des oeufs, puis la rencontre fortuite et typique dans un marchand de chaussures à U