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Tokyo: Maigret prend le tram - Janvier 2020




Maigret était bougon, excédé. Janvier connaissait bien le Japon. Il avait traversé le carrefour de Shibuya vingt fois et en extase il y a bien longtemps, avant d’entrer dans le métier. Pour Maigret, c’était le premier voyage, le premier vol interminable de douze heures. Janvier connaissait encore mieux son patron que Shibuya, mais c'était la première fois qu'il le voyait sortir de ses gonds, de son air bonhomme des jours ordinaires aux Orfèvres. Maigret maugréait dans le silence de la ruelle sombre ou des silhouettes les dépassaient ou les croisaient comme en rasant les murs. Son mécontentement accumulé lors d’une journée trop remplie venait de déborder le vase de sa patience, une faïence très profonde et solide pourtant. Non, ça, Janvier n’avait jamais vu Maigret ainsi.

- Janvier, je suis à bout, sur les rotules mentales. Va encore que de retirer ses chaussures pour manger au restaurant, Vous m’aviez prévenu. Va encore de devoir plier et exposer mon corps plus vraiment souple devant tous ces gens souriant en permanence pour s’incruster dans ces hottes sous la table. J’aime bien leur nourriture vous savez, mais pas leur notion du confort. Je dois vous remercier d’ailleurs et de beaucoup de choses Janvier. De m’avoir appris l’usage des baguettes dans le 13ᵉ. Effectivement, quand on se débrouille avec celles en plastique, les en bois, c’est presque trop facile. Mais de m’avoir encensé sur leur usage! Mais franchement, ces exclamations et louanges tout ça pour manipuler deux bouts de bois, c’est d’un infantilisme!


Janvier écoutait et acquiésait. Il avait compris qu’il ne servirait à rien de l’interrompre avec de la japonologie de surface.


- Je crois m’en être pas trop mal tiré ce soir. Sauf avec ces nouilles à la fin. Revêches les nouilles à la baguette, en plus quand vous n’avez plus faim. Mais j’ai ma dose, comme on dit dans les ruelles sombres en banlieue.


Janvier ne put s’empêcher d’une répartie l’air goguenard.


- Voilà que vous faites votre Gabin patron!


Maigret lui jeta un regard bref mais fulgurant tout aussi inconnu à la préfecture. Janvier ravala son sourire en coin.


- Je plains la pauvre interprète Janvier. Elle devrait sortir de son pays plus souvent, s’installer en France ou en Belgique, cultiver son cosmopolitisme, ne pas se laisser mener par le bout du nez, par tous ces hommes plus paternalistes que moi. Mais bon. Devoir traduire toute la journée ces platitudes enjôlées sur la ville lumière, la mode, les parfums. Et moi de vanter le Louvre alors que je n’y vais jamais! Et puis, c’est quoi cette fixation sur le Mont Saint-Michel?
- C’est la routine patron. Des formules. Ça remplit l’air.
- Encore heureux que je n’ai personne à interroger ici, que je suis juste invité pour la sortie du livre. L’interprète en ferait une syncope, moi devant un suspect ici j’en ferai systématiquement un coupable. Mais bon, moi Janvier, je n’ai pas besoin de me remplir d’air. Au contraire. Ma baudruche est au bord de l’explosion. Je ne vais pas marcher non plus. Ce n’est pas que ces ruelles à cette heure-ci me semblent risquées. Elles me semblent surtout suinter la mélancolie.
- On peut marcher ensemble ailleurs patron. Je connais des quartiers bien animés même à cette heure. Il y a Shibuya.

Maigret n'entendit pas.

- Quelle heure est-il justement? Avec ce décalage je ne sais plus si c’est jour ou nuit. Je me demande si Madame Maigret dort.
- Il n’est que 20:15 patron. A cette heure, Madame Maigret a fait ses courses à Richard-Lenoir et elle prépare le déjeuner.
- Elle mange peu quand elle est seule. Elle se sera faite une omelette au lard sans doute.
- Qu’est-ce que vous voulez faire patron? On rentre à l’hôtel?
- Non. Je voudrais me vider la tête, pas entre quatre murs. L’hôtel c’est pour dormir. Plus tard. Avant cela, je voudrais d’abord me vider la vessie et prendre un café.
- Pour la vessie, pas de problème. Pour le café par contre il va falloir se dépêcher. Ça ferme tôt ici. Quant à la vidange crâniale, une heure et quelques, ce sera de trop?
- Non, ce sera parfait. Je m’en remets à vous. Je ne connais rien et je ne veux pas penser.

Janvier regarda sa montre puis son portable. Il tapa quelque chose sur l’écran. Il s’était abonné à un service d’assistance à distance le temps de leur séjour à Tokyo. Il appela le numéro et expliqua en français la situation et le besoin d’une idée, là, maintenant, pour vider la baudruche de son patron. Il raccrocha et dit à Maigret:

- On m’envoie dans 5 minutes une suggestion.
- C’est quoi?
- Un service qui offre des idées personnalisées.

Le mail arriva avant même le délai promis, avec un itinéraire. Maigret patientait dans la rue alors que Janvier parcourait le message l’air approbateur.

- J’irais bien avec vous patron. C’est une superbe idée. Mais d’abord, allons gérer la vessie et prendre ce café. On nous envoie un taxi.
- Taxi?
- C’est tout près, cinq minutes.

Le taxi arriva à l’instant. Maigret vit avec satisfaction qu’il s’agissait d’un modèle comme ces taxis anglais, avec un châssis élevé, confortable pour y embarquer et en sortir. La circulation du soir dans ce quartier était éparse. Ils furent en moins de cinq minutes devant une échoppe dont le nom en alphabet était enfin lisible. Doutor. Maigret demanda les toilettes avec le mot anglais répété deux fois. On lui indiqua l’escalier en colimaçon. La communication était efficace. Il fallait encore déployer des efforts pour monter à l’étage, mais Maigret avec cessé de maugréer.

- Vous prendrez quoi patron?
Janvier le héla alors qu’il montait péniblement les marches, se tenant par la rampe.
- Un espresso, comme d’habitude Janvier.

Janvier commanda un espresso double et un café glacé pour lui. Quand Maigret revint, les boissons étaient sur une table de l’établissement quasiment vide à cette heure. Janvier s’était assis le dos à la fenêtre pour que Maigret puisse observer le boulevard où le transit humain était faible à cette heure.  De rares piétons traversaient un large carrefour.

- Comment il est cet espresso patron?
- Pas mal. Un peu bizarre mais pas mal. Si madame Maigret savait que je bois un café avant l’heure de dormir, j’en verrais des vertes et des pas mûres. Et vous Janvier. Ne me dites pas que c’est du café glacé!
- Si patron. C’est pas mal vous savez.

Maigret se pinça les lèvres, son geste familier signifiant pour qui était du cercle: “Pas pour moi non merci.”

- Et donc? Ensuite?, demanda Maigret.
- Il y a un terminus de tram à deux pas. Je vous y mets et vous faites toute la ligne. Il y en a pour une bonne heure. Départ à 21:07. Dans ce sens, vous serez pratiquement seul jusqu’au bout. Rien à faire. Juste décompresser. Pas de changement, pas de risque de se perdre. Je vous attendrai à l’autre bout. Notre hôtel est à deux minutes.

Les organisateurs du séjour avaient placé les deux comparses au Righa Royal Hotel à deux pas du campus de l’université de Waseda. Maigret s’était promené le matin même aux abords. Il avait vu un café ouvert près du rond-point calme derrière l’hôtel, faisant face à quelque chose qui ressemblait à une église mi-anglicane, mi-protestante. Il avait commandé un café, n’avait pas trouvé la serveuse aimable ni le café bon. Mais la terrasse ombragée était parfaite après cet interminable vol intercontinental.

Janvier et Maigret avaient quitté le Doutor alors qu’il s’apprêtait à fermer. Ils avaient traversé le boulevard au carrefour, Janvier l’œil sur Google Maps. Voyant un pont métallique au loin, Maigret s’était souvenu de la station Jaurès. Ils avaient tourné à gauche sur le trottoir opposé puis immédiatement tourné encore à droite. Une drôle de boule noire comme végétale était suspendue dans la pénombre à la devanture d’une boutique encore allumée à l’intérieur. Des bouteilles aux étiquettes étranges étaient alignées dans la vitrine. Sans doute un marchand de boissons. Le chemin se poursuivait, sombre. Ils passèrent sous un pont de fer avec des peintures colorées enfantines sur les murs. Au bout, la rue déserte se poursuivait vers une portion couverte d’un toit, mais Janvier tourna à gauche sur un petit terre-plein où un tram vide, hormis un conducteur, les attendait, comme s’il l’avait réservé. Maigret l’œil perdu dans la foultitude des signalétiques, des choses écrites, des pancartes et des panneaux put lire tout de même avec satisfaction sur une sorte de borne surélevée le nom de Minowabashi Station. Janvier conduisit Maigret jusqu’en tête du tram qui allait partir dans deux minutes. Il sortit de sa poche une carte en plastique et la donna à Maigret juste à l’entrée de l’habitacle au niveau du conducteur dans sa guérite ouverte.

- Vous touchez le plot lumineux là devant. Au terminus, rien à faire sinon que sortir du tram, au milieu.

Le chauffeur comme si comprenant l’échange de ces deux inconnus indiqua d’une main gantée de blanc ce rectangle enluminé de compostage.

- Je vous retrouve à l’autre bout patron. Si besoin, vous avez votre portable mais il n’y aura sans doute aucun besoin. Laissez-vous conduire.

Maigret hocha la tête, posa la carte de plastique sur le plot lumineux qui répondit par un blip. Il l'a fourra dans la poche gauche de son pantalon, puis marcha vers le fond du tram. Hésitant un instant sur laquelle des places des deux banquettes opposées en feutre pourpre s’assoir, il choisit finalement le bout ultime. Il retira son chapeau, son imperméable, le plia soigneusement comme à son habitude pour le placer sur son avant-bras gauche, puis finalement sur les genous. Il plaça le chapeau par dessus. Il était assez fourbu et eut le temps de voir Janvier qui lui faisait un signe amical dehors sur le quai avant de s’éloigner rapidement.

Il y eut des sons, une double note de cloche, des bruits de démarrage imminent, des messages sonores incompréhensibles tout le long. Maigret regardait dehors mais on ne voyait pas grand chose dans ce quartier bien sombre la nuit, hormis des lumières diffusant de petites maisons à un ou deux étages ou soudain de vastes immeubles résidentiels.

Il s’intéressa un temps aux affiches publicitaires en hauteur de l’habitacle, essayant de deviner presque en vain ce qu’elles tentaient de vendre. Il ne sut pas que cette jeune fille sur papier quadrichromique qui le regardait, pas un top-modèle, servait de faire-valoir à une industrie de l’épilation avec des systèmes de tarifications crapuleuses. Sur une autre, un homme jovial, hilare même tenait dans sa main un verre de bière. Une autre à côté était remplie d’une écriture inconnue, pas une seule lettre en alphabet. On y voyait sur le bord gauche un homme l’air docte en blouse blanche et une illustration étrange avec des pointes noires un peu recourbées. Avec la fatigue, il ne saisit pas qu’il s’agissait d’une publicité pour une clinique d’implants capillaires. Dans d’autres circonstances, il aurait compris. Celle à côté lui échappa complètement. On y voyait une dame avec à son côté une jeune fille, toutes les deux debout en trois-quart profil, les mains jointes, le dos un peu penché devant quelque chose qui s’apparentait à une sorte d’armoire richement ornées de fins placages dorés. Il ne sut pas, et c’est tant mieux, qu’il s’agissait d’une publicité pour des concessions de cimetières.

Maigret se lassa d’observer tandis que le tram dandinait et s’arrêtait souvent à de nombreuses stations toujours presque vides. Il trouva étrange la voix douceureuse du conducteur qui annonçait quelque chose à proximité d’une nouvelle station, puis encore juste au départ de celle-ci. Il compta à un moment cinq autres voyageurs silencieux, tous le nez sur leurs écrans. A mi-parcours, ils ne furent plus que deux, et ce jusqu’à la fin, l’un assis vers la tête du tram, lui en queue. Son téléphone vibra. Il le sortit retenant un soupir de petite contrariété comme à chaque fois qu’il recevait un message. Il vit que Madame Maigret lui avait envoyé un mail. Madame Maigret n’avait jamais voulu rien savoir des messageries. Elle n’utilisait que le courriel, mais elle avait appris à prendre des photos et à les poster en attachement. Elle se contentait de photographier des plats cuisinés, les siens, ou les visages rieurs de leurs nombreux petits-enfants. Cela lui suffisait. Janvier avait expliqué longuement Whatsapp à Maigret, et cela lui suffisait aussi. Maigret lança l’application courrier, ouvrit le courriel de son épouse et le lut.

“Monsieur Maigret mon mari. J’espère que tout va bien au Japon. Martine a dîné à la maison avant-hier soir alors que tu volais dans les cieux. J’ai fait une blanquette de veau. Regardes en attachement. “

Maigret cliqua sur la photo et reconnut la fameuse blanquette de Madame son épouse, au sujet de laquelle Janvier aussi, qui ne l’avait goûtée qu’une seule fois, en faisait depuis des années des louanges à toute occasion avec comme une larme à l'œil. Maigret n’eut pas de larme à l’oeil, mais se dit que ce qu’il avait mangé ce soir était bien différent de la blanquette de veau. Non, il n’eut pas une seule larme à l’œil, mais comme un petit pincement quelque part à la poitrine, un symptôme qu’il mit au compte de la fatigue.

Il bailla.

Les messages sonores incompréhensibles se répétaient, emplissant le tram de l’ambiance douce créée par cette voix féminine tout de même étrange, un peu trop dans les aigus. Le tram tanguait mollement. Il bailla encore, s’étonna un peu du silence absolu des autres passagers aussi très économes de mouvements. Il se rappela du livre dans la poche de son imperméable, celui que la patronne du café quotidien près des quais lui avait donné, sachant qu’il partait pour un long voyage. La patronne du café Mimi le choyait depuis tant d’années.

- Tenez commissaire. Lisez cela dans l’avion. Ça ne mange pas de pain et c’est imprimé gros. Vu l’état où il est, il ne s’appelle pas _reviens_. Vous le donnerez à quelqu’un là-bas. Mais je me demande qui pourra le lire, dit-elle d’un air songeur.

Elle tendit par-dessus le comptoir le livre jauni dont la couverture ne tenait plus à la tranche que par un fil et un miracle. Le titre était _Maigret voyage_, ce qui fit sourire Maigret. C’était ce livre qu’il avait lu partiellement dans l’avion avant de s’endormir. Il avait envisagé de le donner à une hôtesse de bord à l’arrivée, don qu’il avait oublié de concrétiser, ce qui expliquait sa présence comme si au quai il y avait à peine encore 24 ou 48 heures, dans la poche du même imperméable. Il le sortit de cette poche. La couverture maintenant détachée lui avait servi de marque page. Il posa le livre et la couverture à côté de lui et observa cet agencement spontané. Il décida d’en prendre la photo et de l’envoyer à Madame Maigret. Un livre sans couverture contre une blanquette de veau. Il prit la photo, rangea le portable dans la pochette de sa chemise, dénoua maintenant complètement sa cravate, la retira puis la plia soigneusement pour l’enfourner dans la poche opposée à celle du portefeuille de son veston. Il reprit le livre en main, l’ouvrit au hasard et lut quelques lignes:

_- Que savez-vous d’autre?_
_- Il était très lié, presque depuis toujours, avec le colonel. C’était à la fois son confident, son secrétaire, son homme d’affaires... En dehors de ses femmes légitimes, le colonel a toujours eu des aventures plus ou moins brèves, plus souvent brèves, voire d’une nuit ou d’une heure..._

Maigret ferma le livre. Cela faisait une heure au moins qu’il voyageait dans le tram. Le temps lui paraissait court. Il s’était sans doute assoupi plusieurs fois. Le tram avait fait son effet. Il se sentait plus léger, avec tout juste une envie de dormir, et un petit creux au ventre malgré les agapes du dîner. Il n’aurait pas dit non à une petite assiette, vraiment toute petite, de blanquette réchauffée, encore meilleure. Un bip le surprit. C’était Janvier qui le contactait sur Whatsapp avec la simple mention: “Dans 5 minutes”.

Le terminus de Waseda approchait. Maigret se demanda quoi faire du livre qu’il ne finirait pas de toute façon, et qui encombrait sa poche, quand bien même il avait oublié sa présence depuis l'aéroport jusqu’à ce qu’il plia l’imperméable pour s’assoir dans le tram. Celui-ci abordait la dernière ligne droite. Maigret décida d’un seul coup de l’oublier dans le wagon, de le laisser intentionnellement sur le siège, comme il l’avait disposé tout à l’heure pour la photo, le livre avec la couverture détachée. 

Un dernier tangage et Maigret comprit qu’il s’agissait du terminus, déduction confirmée par le visage de Janvier qui l’attendait sur le quai et qui apparut par la vitre. Maigret se leva avec un peu de difficulté, mais le cœur presque léger. Il remit en forme son veston en le tirant par les bords de chaque côté de son embonpoint. Il posa son chapeau sur la tête, plia encore soigneusement l’imperméable qu’il posa au creux de son bras gauche. Il jeta un dernier coup d’œil sur le livre et la couverture posés sur la banquette, puis se dirigea vers la sortie. Le conducteur le salua d’une expression verbale et d’un penché dorsal. Marcher faisait du bien, ce qu’il fit au côté de Janvier qui lui demanda simplement:

- Ça va mieux patron?
- Beaucoup mieux. Une très bonne idée. Je n’y aurais jamais pensé, ni à Bruxelles, ni à Lisbonne.

Alors qu’ils s’éloignaient de la station, s’apprêtant à traverser l’avenue, une voix derrière eux les héla.

- Sumimasen! Okyakusama!

Ils se tournèrent pour voir le conducteur du tram venir à eux en courant, leur faisant signe d’une main levée, tenant de l’autre plus élevée encore le livre.

- Owasuremono! Dit le conducteur tout en tendant à Maigret le livre avec la couverture insérée à l’intérieur, et retirant sa casquette pour une ultime salutation.

Maigret balbutia le seul mot que Janvier lui avait fait répéter, _arigato_. Le feu venait de passer au vert pour les piétons. Janvier l’invita à le suivre jusqu’à l’hôtel proche dont on pouvait voir la silhouette massive. Maigret se dit que décidément, il ne pourrait pas se débarrasser du livre.

Tout en marchant vers l’hôtel, Janvier demanda à Maigret:

- Vous lisez quoi?
Maigret répondit:
- Oh, rien d’intéressant.

Janvier n’insista pas. C’était un mois de mai à Tokyo. Il faisait bon. Des fleurs embaumaient des arbres.