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Café 89 - Extrait



(…)
M défraîchi, pas rasé, la tête de qui n’a pas fermé l’oeil de la nuit, confère avec deux de sa génération.

Quelques minutes plus tard, il vient me saluer et m’annonce qu’il quitte le Japon, le 27, retour au bercail à San Francisco. Ni Australie, ni plus de chaîne en or au cou. Il me tend un peu nerveusement une main très molle que je serre vigoureusement. Chic type.


Nous nous souhaitons réciproquement bonne chance. Je ne doute pas de la sienne.


Au Café 89, c’est bande son années 80, l’Ukraine aphone sur les écrans larges ça change du foot, le cirque des experts en balistique. Cela sent à la fois le pub anglais, le café bar non-stop de la Costa Brava et Pataya réunis sur une rue commerçante piétonne qui mènerait à la plage. Ceci est la version diurne. Son versant nocturne m’est inconnu.


A aussi va quitter le Japon. Il vend le commerce après deux ans à peine d’exercice. Il a touché du doigt l’absence de qualité de vie, celle liée aux dimensions ici précaires ou inconnues du temps libre et de la communication.


Tout le réseau est au courant de leur décision. K aussi qui avec sa franchise calme me dit sans ironie que ne pas pouvoir passer du temps avec ses enfants est un problème incompréhensible ici. Donc pas un problème. Le petit restaurant chinois proche est tout le temps ouvert. Il a demandé au patron avec qui il est familier pourquoi il ne prend pas ne serait-ce qu’un jour de congé dans la semaine. Parce que les gens viennent manger ici, lui a-t-il répond. 


Imaginer d’autres modes de vie, imaginer marcher sur la Lune. On fait cela enfant sans problème, marcher sur la Lune.

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