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Babaguchi



C’est au carrefour Babaguchi que la rue Waseda se disloque, en quelque sorte. De Takadanobaba jusque là, ça monte, c’est vivant, tonique et agréable avec toutes les perpendiculaires. Je recommande de la parcourir dans les deux sens, de quoi y passer des heures avec des poses intermédiaires, et plus encore si l’on s’offre une toile au Waseda Shochiku, mais en d’autres saisons que la présente torride. On sent la topographie pentue, on devine le fond fluvial vers le bas. J’en pince à chaque fois pour le portail de la vieille communale, ce que le talus sur sa façade tout comme dans une rue de côté expose encore de la déclivité d’origine de la colline, comment une colline s’urbanise en terrasses, puis comment à force de terrasses et rabôtages, on finit par oublier que l’on marche sur une colline.
Comment expliquer alors le malaise dès lors que l’on poursuit vers Waseda? Ce n’est pas seulement la déperdition de la couverture commerciale au niveau de la rue. 
Avec un bémol. Toute la couverture par auvents continus des trottoirs, la forme pré-airconditionné de protection des passants les incitant à ralentir le pas et à visiter les échopes, a totalement disparu. C’est plus que jamais à l’individu de se fournir en ombre mobile. Avec la chaleur écrasante s’illustre ainsi un calcul de coût pas judicieux, sans compter le confort visuel et le charme qu’offrent les couvertures de trottoirs là où elles demeurent. Sous la canopée haute continue d’une rue marchande transformée en galerie, il fait sensiblement quelques degrés en moins.  
Comme le montrent les photos, il y a un énorme écart de hauteur du bâti. Cela vous donne comme des gencives aux dents éclatées, avec un ciel qui en impose, tout comme la ligne d’horizon. Cette impression de risquer d’y être aspirer est certainement la cause du malaise. 
Et ce, de part et d’autre. C’est bien dommage pour la suite, les libraires d’occasion, les pourtours en retrait de la grand rue, en particulier à main gauche quand on approche au niveau du carrefour de Babashitacho valent l’effort. Mais pour pénétrer dans le campus, rien ne vaut les lacis au niveau du carrefour de Nishi-Waseda. L’université et ses alentours sont un terrain d’application du micro-tourisme, ou plus précisemment du micro-ancrage. Il y a de quoi y passer la journée en pouvant changer d’angles dans des atmosphères très contrastées. 
L’ensemble Okuma Garden House, le jardin attenant et les alentours jusqu’au terminus du tram, mais aussi à l’opposé via la rue Sodai Nammon, et en poussant plus loin, jusqu’au parc Toyama, porte d’accès à Shin-Okubo, et les bus qui permettent en deux arrêts de réduire si nécessaire les distances constituent un ensemble territorial riche comme une pochette surprise.
Le resto U est fermé jusqu’à début octobre, et c’est bien dommage.