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Tokyo
18 septembre 2024
12:16
Tempête de ciel bleu
34
Ressentis 42
Ressentis à l’ombre 37
Humidité : 59%
UV : 8
Qualité de l’air : 86 (acceptable but … )
WBGT 31,1 zone orangée, dangereuse
Conscience sanitaire et sociale des risques liés à la chaleur : basse - queues communes en plein brasier
Age : 65 ans
Expérience : asthme \>40ans (moins que Proust - jauge générique)
Transition vers l’automne prouvée par : irritations
- Le marchand de tofu a porte close pour cause de chaleur intenable.
Hier, le marchand de riz et de sembei avait portes closes - une première, avec à l’intérieur un froid de glacière. La dame autrement stoïque avait décrété que trop c’est trop.
- La dame de l’immeuble toujours souriante qui n’arrivera jamais à nous embobiner dans sa secte est venue nous offrir des mini-mochis et du riz glutineux cuit avec des tranches de chataîgnes un peu dures comme des pommes de terre pas assez cuites comme on les aime ici, le tout saupoudré de graines de sésame, ce qui s’est accommodé parfaitement avec le goya champuru qui était prêt pour le service. Elle a dit que ça sent bon devant la porte. C’est comme si c’était avant-hier il y a un an que je l’avais retrouvé sur le rooftop là où s’étend le linge avec d’autres habitants de l’immeuble à observer la lune aussi suspendue comme un linge dans le ciel, bien en vue, par tradition d’observer la lune, un peu comme dans Rencontre du Troisième Type, mais pas en bord de route. Il s’était donc passé un an. On a tenté de lui offrir en retour comme il se doit quelque chose, des portions d’une salade de fruits de saison pour entrée, prunes variées du moment, melon, tomates, fromage turc, sel, huile d’olive, jus de sudachi, poivre noir, mais elle avait disparu.
- K fermera boutique samedi pour aller en aller-retour à Karuizawa faire un barbecue, malgré la pluie annoncée. Hmmmm.
- On a parlé Chateaubriand, mais je n’ai déjà aucun souvenir de ce qui a fait venir Chateaubriand en calèche dans la discussion. Le food, c’est l’évitement suprême, de tout, avec le produit sujet et objet de name dropping. On peut lâcher Chateaubriand comme ça, comme plus tard au milieu de nulle part on me demandera ce qu’il en est du gâteau au fromage basque au Japon.
Toujours pas compris qu’avec la qualité infra du lait et du beurre ici, la seule chose possible est de monter en graine de storytelling le goût délicat de l’absence de goût?
- On ne sort pas
- De l’emprise
- De l’anecdote
- Alimentaire
- Narcissique
J’ai eu droit à Chateaubriand. Pas le grand dadet en redingote, non, pas un graffeur style Delacroix - voir plus loin. D’ailleurs, ça m’a laissé pantois - qui sonne comme Pontoise au féminin, d’apprendre qu’il s’agit d’une pièce de boeuf, comme le filet, mais avec du goût.
Pour s’éviter comme sujets de doutes, parlons boucherie.
- La punkitude de Dumas, son côté extrêment abouti DIY, la collaboration dans chaque moment de mission de spécialistes, dans sa vie, dans ses livres (Edmont nihiliste solitaire exclus) - Mission Impossible - le graffeur Delacroix en redingote qui te tire un tableau au fusain sur le mur en peu de traits, les journaux comme soapbox fanzines pour dire ce qu’on en pense : Proudhon, tête de con, etc., les Trois Mousquetaires, une bande de jeunes attardés, 20 ans avant. Ceci n’est pas de l’ordre de la nostalgie mais de la découverte toujours plus lucide de connivences littéraires, de lectures, qui engagent vers plus de lectures dans des domaines et des formes plus étendus.
- Je vais acquérir Squat & Pirates cité dans Lundi Matin de la sorte :
“Publié par une maison d’édition créée pour l’occasion, « Seitan Con Bravas », Squats & Pirates, c’est 420 pages sans code-barre, ni ISBN, ni diffuseur-distributeur, ni réels noms d’auteurs. Le livre se commande par mail, directement à l’éditeur, à moins de tomber dessus dans l’un des lieux ayant eu la bonne idée d’en stocker quelques exemplaires. Cet automne, son éditeur sillonnera la France pour le présenter et en discuter ; n’hésitez pas à le contacter pour organiser une rencontre dans votre librairie, infoshop, squat, local associatif, laverie automatique ou planque préférée : seitanconbravas@riseup.net”
J’ai immédiatement envoyé un mail à cette adresse. S’en est suivi un bref et extrêmement aimable, non, sympathique échange avec une personne au sujet de laquelle je ne sais rien, et c’est réciproque.
Salut
Donne moi ton adresse au Japón et je t envoie le livre en livre et
brochure
Aucun probleme
Tu veux mon rib ou PayPal?
Je n aurai jamais pensé un livre au Japón. Merci BCP
L’affaire devrait être réglée bientôt, mais cette disponibilité - aucun problème - cette absence de protocole - que je retrouve d’ailleurs avec Le monde à l’envers pour un ouvrage sur la scène punk de Grenoble. Presque le même ton, la brièveté des réponses et l’explication de comment faire pour régler l’affaire, sans déco ni mignardises.
Je n’aurai jamais pensé un livre au Japón - avec cet accent sur le o qui laisse songeur espagnol. Et puis la délicatesse de l’énoncé de la surprise, à cette requête émanant du Japon, qui va à l’encontre du pensable, qui indique ainsi des pistes sur ce à quoi il faut penser et agir, au delà des distances. Ce qui m’intéresse, c’est le côté dumasien de l’affaire, le DIY, les solidarités évoquées, ce quelque chose de commun.
Lire sur la punkitude, la joie de lire Berlin Calling par exemple, qui n’a rien pour soi à voir avec la musique mais tout avec Les trois mousquetaires,
la cavalcade.
Revue culinaire. La moutarde est revenue. Elle n’est plus pareil. Aspect de flan, consistence de yaourt. Les produits traditionnelles reviennent avec production perfectionnée de tromperie. Dijon, tête de con.
A Biakudan, c’est aussi échanges culinaires en permanence, mais soudain, quand je mentionne des geishas de Kagurazaka, K me dit que dans l’immeuble d’à côté se trouve une “maison de production” de geishas. Décidement de coïncidence.
Je tique sur cette “maison de production”. On dit vraiment cela?
Elle sussure 置屋.
Parfois l’une d’elle vient prendre un café toute de blanc fardée.
Parfois l’une d’elle vient prendre un café
Toute de blanc fardée.
La session de rattrapage
La pression de matraquage