En préparation d’une intervention


Le 28 septembre prochain aura lieu en ligne, et à la maison sous la forme d’un apéritif dînatoire* pour happy few triés sur le volet, donc pas n’importe qui, la plèbe de l’amateurisme uniquement, la 50e session d’Ecrire à Tokyo. 


4, ans, 50 sessions, 1 livre. De quoi agrémenter les frontons et les portiques des universités d’été.


Pour cette session exceptionnelle, on a décidé d’autorité de consacrer un peu plus de deux heures de temps à des présentations de 20 minutes sur des sujets choisis librement, en rapport avec l’écriture, surtout amateure, sujets qui reflètent des réflexions et pistes hors des sentiers battus de l’édition noble.


A ce sujet, lire l’introduction du numéro 25 de la Nouvelle Revue d’Esthétique, auteur Alexandre Gefen, PUF, disponible gratuitement en ligne. 


La nouvelle introduction de ce qu’a été Ecrire à Tokyo atteint enfin, après presque 50 sessions au compteur, une maturité jamais achevée, mais bien plus aboutie qu’à ses débuts, ce qui est tout à fait normal. Il faut un temps fou pour comprendre et expliquer ce qu’on fait, ce qu’on vise. La Lune.


Cette introduction dite “dense et compacte” est reproduite ici.


Ecrirea.tokyo est une zone de dialogue et d’étude sur l’écriture littéraire avec Tokyo et le Japon en perspective sous la forme d’une réunion thématique mensuelle en ligne, initiée depuis Tokyo, avec des participants au Japon et hors du Japon. Il s’agit d’une dynamique amateure dans le sens où la plupart des participants ne publient pas à compte d’éditeur, ce qui ne change rien à la qualité des échanges et à la pointure des analyses hors des sentiers éditorials battus. Nous sommes observateurs des théories mais surtout des pratiques littéraires contemporaines dans une perspective allochtone ou pas, avec Tokyo et le Japon dans le rétroviseur, comme sujets ou éléments plus ou moins déterminants des écritures propres à chacun, qu’elles soient pratiques régulières, tatonnements ou envies en gestation. Qu’importe. L’objectif est d’engager à l’écriture. Ecrirea.tokyo s’adresse à des personnes qui écrivent ou envisagent d’y consacrer du temps et de la réflexion, et souhaitent partager des opinions et des questionnements. Notre objectif est d’explorer d’autres récits et approches narratives.


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Pas de doute, le vent et le ciel sont d’automne sur le toit de l’immeuble où je vais suspendre un drap de coton très lourd. Aucun risque de pluie. Juste le risque classique de l’oublier toute la nuit jusqu’au lendemain.

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Un bref instant, sensation comme si un tremblement de terre imminent.

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Etant candidat suppléant pour débiter une présentation à cette session, dans le cas de manque d’intervenants - tout cela pour signifier : roue de secours - j’ai décider de consacrer 20 trop courtes minutes à un amas informe de réflexions autour de l’écriture du quotidien, de l’ordinaire. D’autres énoncés existent.

 

Voici le début d’un premier jet bancal.


Chers concitoyens,


Je pratique l’écriture du quotidien exposée depuis 2007 sur un séchoir à ciel ouvert dit blog (terme auto-méprisant), détourné avec le mot Journal - Tokyo - Journal de résidence - avec plus ou moins de continuité. Pendant un temps long, je n’avais aucune idée que cette écriture entrait dans le cadre d’une catégorie à géométrie variable des études théoriques de littérature, l’ordinaire, le quotidien, avec la mobilité comme vecteur ou fond d’écran assez constant. Je n’avais aucune idée hormis la conscience du fait massif que n’étant pas à compte d’éditeur, je comptais et compte toujours pour du beurre. Les écritures de l’ordinaire sont un sujet d’analyses, de colloques, de publications de thèses, de livres, d’articles nombreux, apparemment très orientés francophonie, mais on va aborder très rapidement aussi plus loin quelques exceptions dans d’autres langues. Ces écritures de l’ordinaire, ou qui partent d’un point de vue ordinair, du quotidien, occupent un champ de plus en plus visible aujourd’hui dans le vaste rayon de la non-fiction. 


Je ne connaissais pas Jacques Réda, apparu sur l’écran radar assez tôt, ni Annie Ernaux bien plus tard, et bien plus récemment, Nathalie Quintane, Christian Hanna, Eric Chauvet, parmi ceux qui me marquent ou m’ont marqué. Quelqu’un m’avait signalé Rolin, je ne sais plus lequel d’une fratrie, comme ayant des similitudes avec ma production. J’étais allé voir, lire quelques pages avant de m’enfuir. Ah non! Pas ça, pas cet aplomb d’auteur placé.


Normalement, une présentation sur ce sujet exposée par un amateur devrait citer en référence non pas des auteurs publiés, mais en priorité des auteurs amateurs visibles sur le grand séchoir à ciel ouvert du web. Avant l’exode vers les réseaux sociaux qui ont complètement modifié/décimé les auteurs et les lecteurs, il était possible de citer des “concurrents” dans cette manie d’écrire façon journal pas vraiment intime avec Tokyo et le Japon en perspective, dans la plupart des cas, produits de résidents pas encore pollués par le spectacle de soi et l’hédonisme marchand. 


Ce n’est pas seulement la conséquence de m’être frotté depuis à la lecture soutenue de ces thèses, articles et livres qui fait que je me dois de citer des écrivains publiés, et souvent - c’est important de le noter - chez des petits éditeurs, ceci sans baise-main ni aucun signe de larbinage, mais d’appréciation souvent. Mais le fait est que je serais très à mal de me référer à quelqu’un d’amateur sur le séchoir qui persiste dans l’acte de se mouiller d’écriture non-publiée ailleurs dans l’édition avec Tokyo et ou le Japon dans le rétroviseur. Soit-dit entre nous, c’est rageant. Il y a bien … non, inutile de citer des noms. Peu étaient dans l’écriture - le blog n’étant pas l’écriture. Ceci est ce qu’il faut souligner. Je répète, peu étaient investis dans l’écriture. 


L’ordinaire étant pourtant un lieu commun à tout un chacun en capacité d’écrire, il suffirait en principe de se baisser pour faire des phrases. Mais c’est plus compliqué, sauf qu’en conséquence de quoi, seuls les AuteursetAutrices publiés entre deux couvertures ont voix au chapitre. Conjuguez compter pour du beurre au présent de l’indicatif. Aucune jalousie - il faut toujours contredire les méprisants - un peu de mépris pour certain-es, d’exaspération pour d’autres, tempérée depuis grâce à 50 sessions d’Ecrire à Tokyo qui auront permis de désosser et dégonfler le mammouth, reverse ingéniériser le système avec cette PassionSiFrançaisePourLeJapon au coeur du réacteur, pour exposer ses rouages et désactiver les affects qui fonctionnaient surtout sur l’incompréhension de “comment ça marche et pour qui”. 


On a compris. 

On n’est pas impressionné.


Autre fait à souligner, hormis Nicolas Bouvier dans ses journaux au Japon, aucun des auteurs cités en boucle dans les textes universitaires que je vais citer, à commencer par Perec,  n’a à voir avec le Japon, sauf dans de rares cas, parce qu’ils ont passé du temps dans le Kyoto excentré, à la villa. Mais ce fait est exceptionnel pour les auteurs qui résonnent avec ce que je fais.


Et le lien avec Tokyo et le Japon? 


Il s’agit dans cette poursuite de curiosité intellectuelle hors champ de l’académisme de voir quoi où et comment et si ce qui se crée peut ou pas informer des narrations possibles avec Tokyo et le Japon en fond d’écran.

On ne perdra pas de vue pour autant que l’on n’est pas tenu d’écrire dans la perspective du Japon parce qu’on y est.

(…) A suivre le 28 septembre

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Il est temps de retourner au sommet de l’immeuble récupérer dans la pénombre le drap qui a maintenant séché à coup sûr. 

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* Expression acquise pour la première fois lors d’un passage à Paris en 2022 je crois, premier vol intercontinental depuis le virus.

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