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Articles

Affichage des articles du septembre, 2024

La ration d'asphalte est vitale *

* “La ration d'asphalte est vitale.”Jacques Réda  Jacques Réda décédé ce 30 septembre. C’est le hasard, le hasard.  Mais les dimanches sont difficiles. Tout ce qui me fait Tokyo-ville kiffer est lié au quotidien diurne de semaine. Tous mes havres ou presque qui répondent aux besoins de routines et créent le quotidien en marche de la ville active sont fermés le week-end, ou inscrits dans d’autres usages, événementiels ou festifs, preuve que les samedis et dimanches sont de l’ordre de l’anomalie. Le quotidien dans ses routines actives méprise l’événementiel et le festif. Les fêtes de quartier me hérissent qui rendent le quartier carnavalesque, irréel donc. Le week-end, la ville devient l’équivalent d’un AUT, aliment ultra-transformé, aussi glauque en bouche qu’une brioche à Kagurazaka. Même quand le contenant offre encore des échappatoires au tout transformé, c’est le paysage humain qui rappelle que le clonisme est de rigueur. Nous autres consommateurs sommes terriblement prévis...

Chronique de la vie consumériste

Photo : Immeuble très occupé à Hyakunincho. Tokyo - 27 septembre 2024 La jeune femme porte un chemisier fushia clair. Au comptoir, elle prend un lait à la fraise. Beau coordonné. Par contre, aucune boisson bleue pour s’associer à ma chemisette façon hawaïenne.      - trait d’humour superflu. Une perception fine de la disposition des produits en îlots dans le supermarché permet de faire des trouvailles. C’est comme connaître sa ville. On s’y déplace en expert.     -  Ailleurs, plus de 500 morts déjà. - cette pratique du grand écart, faire suivre un fait très local d’un fait d’actualité lointain et massif dans le paysage médiatique qui suinte même sans le trop le suivre a quelque chose de vain. Le pack de hébésu est maintenant à 200 yens. Les fruits on jauni. Fin de saison.      - On s’attend à des fruits verts. Les jaunes sont tout aussi bons. Remarque de connaisseur incontournable. Un sachet de haricots verts de Fukushima. L'origine sera soig...

Où écrire à Tokyo - Edition de septembre 2024

Peu de changements par rapport à la version précédente, aussi, conséquence de la priorité à l’ancrage qui est incompatible avec la dispersion et la futile recherche de nouvelles destinations beige-béton. On m’a demandé pourquoi Jimbocho est absent. Je suis allé à Jimbocho pas plus tard que la semaine dernière. J’ai ouvert la porte battante de Savour, hésité quelques secondes et suis sorti. Une première. La dernière fois, j’avais été surpris et irrité que la bande son soit devenu de la J-Pop ou assimilée à un niveau incompatible avec la conversation, même si une serveuse m’avait reconnu. Cela fait toujours plaisir d’être reconnu et de s’en faire valoir. Effectivement, la bande son est devenu incompatible avec la conversation. Pas de nostalgie, mais la perte de points d’ancrage en ville est pénible quand la nécessité d’en avoir est impérieuse.  Où écrire à Tokyo de septembre 2024 en version epub est disponible ici . Sur la couverture figure feu Dream Coffee, comme un temple grec disp...

Ecrire à Tokyo voyage

  Le livre Ecrire à Tokyo s’expose à Montréal. Des copies sont encore disponibles au départ de Paris.  Voir ici . 

Dépayser

#### Ecrire à Tokyo - 23 septembre 2024 #### Soupeser voir Le vocabulaire n’est pas au point mais l’idée est de voir à dépayser, un texte, une formule, un protocole, et véritablement voir, c’est à dire observer, soupeser comme on le ferait d’un melon ou d’un poulet paré tenu dans la main au marché bien ailleurs qu’à Tokyo pour énoncer ce que cela donne au rayon des sensations. L’objet de dépaysement ou déplacement mental qui vient est la Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de Perec dont ce sera le cinquantenaire le 18 octobre. Pas le cinquantenaire de la parution, mais le cinquantenaire de l’écriture, ce qui fait de cet anniversaire quelque chose de vraiment exceptionnel. Qu’il y ait eu révision par l’auteur du texte suite au in situ ou pas - je n’en sais rien - mais c’est à partir du 18 octobre que Perec écrit, indiquant en entête jusqu’à l’heure, et il s’agit donc de souligner ce que l’on doit fêter - verbe affligeant, verbe pas heureux - avec cet anniversaire, c’est celui du p...

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Tokyo 18 septembre 2024 12:16 Tempête de ciel bleu 34  Ressentis 42 Ressentis à l’ombre 37 Humidité : 59% UV : 8 Qualité de l’air : 86 (acceptable but … ) WBGT 31,1 zone orangée, dangereuse Conscience sanitaire et sociale des risques liés à la chaleur : basse - queues communes en plein brasier Age : 65 ans Expérience : asthme  \>40ans (moins que Proust - jauge générique) Transition vers l’automne prouvée par : irritations - Le marchand de tofu a porte close pour cause de chaleur intenable. Hier, le marchand de riz et de sembei avait portes closes - une première, avec à l’intérieur un froid de glacière. La dame autrement stoïque avait décrété que trop c’est trop. - La dame de l’immeuble toujours souriante qui n’arrivera jamais à nous embobiner dans sa secte est venue nous offrir des mini-mochis et du riz glutineux cuit avec des tranches de chataîgnes un peu dures comme des pommes de terre pas assez cuites comme on les aime ici, le tout saupoudré de graines de sésame, ce qui ...

Humour et nervosité contre lundirritant

C’est lundirritant. La veille. L’AFS de Thomas Clerc : jubilatoire dans les rues du Xe et du XVIIIe à Paris qu’il mine par moments des sigles AFS - A Faire Sauter - et AFSU - A faire sauter d’urgence au sujet d’immeubles qui lui déplaisent. Je n’ai plus le souvenir - ni le livre disparu sur le Xe pour vérifier - avec le recul si AFS et AFSU ne touchent que des immeubles, et pas aussi des commerces. AFS et AFSU - traits d’humour - sentent son petit bourgeois qui titille le petit bourgeois lecteur, je crains. AFS la boulangerie (on a découvert les farines naturelles), la charcuterie et la fromagerie comme autrefois? Aucune police qui débarque pour incitation à destruction méthodique du laid. AFS, AFSU, c’est osé mais bienveillant. Dîtes-moi que je me trompe. Tient, 一発 : - Pas loin de la maison, une boutique de promotion d’une région du Japon, extrait de café, gin régional, sirop de gingembre, colas multiples, à l’identique des autres boutiques de promotion régionales avec extrait de café...

Verre d’eau de Tokyo : la recette de Lionel Dersot

Matériel : un grand verre Duralex ou rien Un hébésu du département de Miyazaki ou rien De l’eau du robinet de Tokyo doublement filtrée ou rien Recette Verser l’eau filtrée dans le verre jusqu’à trois centimètres en dessous du bord Couper le hébésu en deux. Presser chaque demi-sphère au-dessus du verre. Le hébésu a cette particularité d’être ferme en main mais de pouvoir être pressé une fois coupé entre le pouce et l’index sans aucun effort. Déguster tel quel. Recommandation : ne pas ajouter de glaçons ou rafraîchir l’eau ni le fruit à l’avance. La température ambiante est la meilleure pour apprécier. Eléments à développer dans le texte enjoleur annexe : Broder autour de l’enfance, de la famille, de la mère toujours dans la cuisine - ceci dès la première phrase - des traditions, de la transmission générationnelle, de la simplicité - ceci étalés sur les trois phrases suivantes. Conclure par un retour sur l’enfance.  Iconographie : une photo simple, minérale, beige béton, orthodoxe. S...

En préparation d’une intervention

Le 28 septembre prochain aura lieu en ligne, et à la maison sous la forme d’un apéritif dînatoire* pour happy few triés sur le volet, donc pas n’importe qui, la plèbe de l’amateurisme uniquement, la 50e session d’Ecrire à Tokyo.  4, ans, 50 sessions, 1 livre. De quoi agrémenter les frontons et les portiques des universités d’été. Pour cette session exceptionnelle, on a décidé d’autorité de consacrer un peu plus de deux heures de temps à des présentations de 20 minutes sur des sujets choisis librement, en rapport avec l’écriture, surtout amateure, sujets qui reflètent des réflexions et pistes hors des sentiers battus de l’édition noble. A ce sujet, lire l’introduction du numéro 25 de la Nouvelle Revue d’Esthétique, auteur Alexandre Gefen, PUF, disponible gratuitement en ligne.  La nouvelle introduction de ce qu’a été Ecrire à Tokyo atteint enfin, après presque 50 sessions au compteur, une maturité jamais achevée, mais bien plus aboutie qu’à ses débuts, ce qui est tout à fait no...

Patagons

 - Dans le métro, le nombre de sujets mâles souvent jeunes avec dans le dos le sigle Patagonia affiché en grand laisse penser que les visiteurs de Patagonie reviennent enfin en nombres. Il était temps. Ça manquait.  - Avant le covid, on entrait et on était invariablement servi sans le demander d’une tasse de thé chaud ou froid selon la saison, en attendant l’emballage. Cela sentait la cannelle. Après le covid, seule l’odeur de la cannelle demeure. Sans avoir connu l’avant, on ne peut imaginer le décalage d’avec l’après.  - Toute affirmation élégiaque et déjà périmée - comme sujet - d’un retour à la normale ne mérite qu’une claque, une gifle.  - Les rues sont engrossies des charmes à venir quand la température sera enfin clémente. La tentation des plats, des angles, des pentes à degrés divers au sommet de Kagurazaka mène au bord de l’exultation.  - On voit des agrumes verts camouflés dans les feuillages de teinte identique. Peut-on transformer les agrumes urbains...

La ville Tokyo, pourvoyeuse de protocoles d'écritures?

Quand la ville est précise, nomenclaturée, avec un système et une fonction fondamentale qui soutiennent la mobilité, elle s’auto-décrit, avec des phrases ventrues de noms de rues, ou bien des carrefours entre deux rues nommées ou numérotées. La rue ainsi est fortement rue, même à la lecture, même sans y être allé. Quand je te dis rue Waseda, ça te dit quoi? Ça trace quoi dans l’esprit cartographique hormis des points, des secteurs, ou rien? Supplément du week-end : la recette de la rue Waseda par Marcel, qui l’a détient de sa mère. Recette familiale.  Si l'on part du principe que les noms de rues ne sont pas seulement un élément du parfum urbain mémoriel, évocateur, mais élément d'un système systématisant le descriptif, la question transposée à Tokyo n'est plus de se lamenter sur l'absence d'un tel système pour nommer, mais d'envisager d'autres protocoles d'énonciation. Est-ce pauvre ici? Oui, absolument, comme quand un visiteur vous demande si Shinjuku ...

Que deviendra la communauté de gens esseulés du bloc 33?

Ensuite, second petit-déjeuner après le premier à 4:45, à Meruhen, le café amiral du bloc 33 de l’ensemble hlm Toyama, où l’on ne voit ni touristes, ni envoyés très spéciaux, ni à résidences. Cela fait sérieusement longtemps. Sur le terre-plein devant le supermarché des pauvres et âgés - celui pour les aisés se trouve caricaturalement juste en face et ferme à minuit, soit une heure plus tard que celui des pauvres et âgés - peu de survivants assis sur ce qui permet limite limite de poser une fesse. Des hommes seulement aujourd’hui, épuisés à 9:35. Quid du taux de mortalité conséquant à la chaleur sur le vaste territoire hlm Toyama? Mais c’est de vie dont il s’agit. A la terrasse proche du café, un café terrasse sise dans un ensemble de hlm, on joue à guichés fermés. Les tables sont pleines d’une jeunesse de 75 et plus. Deux jeunes femmes semblent les servir, en tout cas s’occuper, chôyer ces personnes âgées. Très étrangement, une en particulier en pantalon noir et haut qui ne tombe pas ...

Ceci n’est pas un café

 

Chercher en écrivant

Impromptu vers le lac Shinobazu, et surprise d’avoir oublié par manque de fréquentation dans cet angle là à quel point l’étendue d’eau est proche du grondement de l’avenue et de Mihashi par encore ouvert où on m’a envoyé en mission d’achat de desserts toujours aussi tristes quand consommés à la maison, desserts qui comme nombres de mets locaux perdent tout charme dès que hors de la boutique.  Dans la rue étroite qui mène à l’étang se trouvent toujours les salles de cinéma porno. Des enfants passent avec les parents. Il se déroule tout prêt une fête avec des activités dédiées aux petits. L’étang est une jungle. On peut y disparaître à un mètre de la rive.  ####Contre Au sujet de Contre la littérature politique à La Fabrique que je lirais bien tantôt dans le tram à Osaka quand l’occasion se présentera, j’ai écouté une émission radio qui a réuni Nathalie Quintane et Justine Huppe, l’autrice de La littérature embarquée dans le tram d’Osaka aux éditions Amsterdam (louées soient les...

TELP transposé à Tokyo

Pérec Le 96 va à la gare Montparnasse Le 84 va à la Porte de Champerret Le 70 va Place du Dr-Hayem, Maison de l’O.R.T.F. Le 86 va à Saint-Germain-des-Prés Répec (une micro-uchronie) Le 96 va de Gotanda à Roppongi Hills*  Le 84  va de Nishi-Hachioji à Shiroyamaté** Le 69 va d’Otakibashi-Shakomaé*** au parc de Ueno Le 86 va de la station Méguro à la station Shimbashi Notes de bas de page : Je substitue à l’énoncé de la destination des bus la mention de-à, réglant ainsi son compte à l’insoluble question d’un point d’observation qui sied à Tokyo.  * Un de ces horribles endroits de Tokyo à fuir avec un masque du Cri sur le visage, un masque creusé dans le bois comme au Kabuki, , The Horror! The Horror! TH!TH!, qui ne se discute pas.  ** Ligne située dans le Far West de Tokyo où l’on a récemment aperçu des ours. *** Pas de bus 70 à Tokyo. Solution : réduire la voilure d’une unité. 70 -1 = 69. Shakomae 車庫前 signifie devant le dépôt de bus. Cela sent son garage, terre-plein d...

Souffle

 La radio a cet avantage d’exposer le souffle quand l’image animée fait couramment le vide. Dans la visite de la bibliothèque d’Annie Le Brun trois semaines avant son décès, sa respiration est clairement laborieuse en regard par exemple de son interview sur Lundi Matin.  Inutile d’avoir fait médecine. Y qui a fait médecine me signale immédiatement en longue distance que ma respiration est aussi laborieuse. Sur les mêmes ondes, une émission autour de la colère façon page de philosophie pour supplément week-end de quotidien - Colère, la recette japonisée carbonisée d’Amélie Notoire - expose une présentatrice qui a le don de ne pas se taire, couper ses invitées qui sont les personnes compétentes. Au moins avec la série sur les bibliothèques, la présentatrice sait être muette.  Tu n’écris pas? Tu n’as pas le temps? Pas même une minute? Ou pas même l’envie? Tu ne lis pas? Tu n’as pas le temps? Pas même une minute? Ou pas même l’envie? Sans doute la fatigue à la fin de l’ouvrag...