Autorité, expertise et aplomb
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En voilà une illustration qui précède bien le texte de quelques longueurs de jours, texte qui alors n’avait pas été du tout envisagé de la sorte. Comme quoi hein… |
C’est avec autorité, expertise et aplomb que :
Les bouquinistes seront déplacés pendant les Jeux de Paris.
C’est avec autorité, expertise et aplomb que :
Les bouquinistes ne seront pas déplacés pendant les Jeux de Paris.
C’est avec autorité, expertise et aplomb que :
L’administrateur de l’Institut français de Kyoto est nommé lauréat 2024 de la Villa Kujoyama à Kyoto.
C’est avec autorité, expertise et aplomb que :
- L’intéressé ne “souhaite rien ajouter à la réponse de l'Institut français » et nous conseille de nous « intéresser à des sujets plus littéraires ».
C’est avec autorité, expertise et aplomb que :
- Nous oukasons (verbe oukaser ou oukazer selon le dialecte) que la littérature n’est pas un domaine de replis - comme on dit de la cour de récré où s’amusent les enfants - pour ceux qui n’ont ni autorité, ni expertise, ni aplomb.
Rappel - Sandra Lucbert :
Dès lors qu’on fait un texte avec une direction contre-hégémonique, on sort de la mise en sens courante : et ça semble brutal. Pourquoi ? Parce que la conflictualité et la violence sont par définition ce que les idées reçues effacent, les transformant en ordre des choses – la ligne hégémonique est une ligne de fond, une ligne de basse, omniprésente mais imperceptible comme telle. Par conséquent, tout livre à direction contre- hégémonique s’expose à être considéré comme violent et partial : parce qu’il expose la violence d’ordinaire déniée.
L’humour est de ce point de vue et sans doute un texte anti-hégémonique qui n’ose pas se lancer.
Un pas de côté de la vacuole de la plainte.
Sortons donc de cette vacuole de la plainte. Imaginons une utopique résidence d’écrivains à Tokyo sous l’égide d’Ecrirea.tokyo. Kyoto fera aussi l’affaire.
Budget et soutien financier : zéro, ce qui libère l’imagination, qui n’est pas une cour de récré.
- Au bénéfice de qui : d’écrivains non publiés, en partie allochtones, ou publiés chez des petits éditeurs totalement indépendants.
- Qui fournit quoi : ni logis ni couvert, mais des rencontres et le soutien de participants d’Ecrirea.tokyo, à Tokyo même et à distance. A charge aux heureux lauréat(e)s d’en faire usage et d’entrer en contact.
- Les participants qui prennent sur leur temps sauront définir chacun ce qu’ils entendent par soutien.
- Les heureux lauréat(e)s auront aussi à charge d’apporter quelque chose, la définition de la chose étant laissée à leur réflexion, qui sera insérée dans le dossier de demande d’inscription.
- L’association des (rares) commerçants de la galerie marchande Joyfull à Minowa n’ayant pas compris l’intérêt de transformer quelques espaces en étage des maisonnettes souvent vides en chambres précaires - genre éloge de l’ombre, du tatami pas frais et de l’absence d’isolation thermique - et AirBnb n’ayant pas été sollicité, les heureux lauréat(e)s se débrouilleront pour leur logement mais la condition sera qu’ils le trouvent dans le territoire de Minimi-Senju, ou à la rigueur à Kitasenju.
- Les maisonnettes, dans leurs versions précédentes, ayant été des bordels autrefois, sorte d’annexe plus abordable que Yoshiwara pas très loin, le terrain y est propice à l’imaginaire, nous pensons.
- Les modèles de résidences d’écriture - à opposer à écrivains - sont en pleine efflorescence dans les revues littéraires anglophones que je reçois à Tokyo en prévision de l’été - celles avec des litanies d’auteurs et autrices annoncées comme tuteurs, le facteur d’appel n’étant pas ces noms de plumes pour autant mais le lieu géographique annoncé :
Ecrivez à Paris, à New York, en Toscane.
Dolce Vita. Piazza di Spagna. le kiosque du Jardin du Luxembourg.
La plupart de ces offres sont extrêmement coûteuses mais ne concernent que des candidats à la flatterie et au porte-monnaie proportionnés. Why not. La résidence d’écriture d’Ecrirea.tokyo est elle d’une autre trempe.
- Comment se fait-il que les universités japonaises ne cherchent pas à se faire du blé avec des séminaires d’été? Parce qu’il n’y a pas d’intervenants compétants m’a-t-on dit. Parce que l’idée ne leur est jamais venue à l’esprit m’a-t-on dit. Parce que c’est ainsi, ne m’a-t-on pas dit.
- Pas vu dans ces annonces anglophones : Ecrivez à Tokyo, ni Ecrivez à Kyoto. Pas un cadeau en été.
- Agnes B. dans sa boutique de Gion pourrait en faire un lieu de résidence artistique huppé à plûmes de paon. Je pense. Déambuler seul tard le soir dans Gion est un plaisir indéniable.
- Pendant qu’ils (les autorités) y sont, prière d’organiser un séjour d’écriture à Demachiyanagi qui opère une évolution clairement bourgeoise 7e arrondissement entre la boutique à 100 yens, la librairie cinémathèque gentiment bohème Cava, le marchand de fruits Inoue à profusion, Fujiya, celui si bien fourni aussi de produits secs, et Delta Photography avec le coeur sur la surface du café et la terrasse chicos.
- Une terrasse dans une galerie marchande au Japon est effectivement une rareté parmi les raretés. Y a-t-il lieu plus approprié, plus centré urbain mais pas trop comme il s’agit de Kyoto-Nord pour y ouvrir une succursale de résidence d’eecriture? Réponse : non.
- Que manque-t-il en terrasse? Un col de chemise ouvert avec une chaîne en or bien en vue.
- Sur les contributions attendues des heureux lauréat(e)s et que l’on ne doit pas éviter figure le volet consommation. Ils seront priés de préférer les petits commerces locaux qui n’ont aucun avenir sinon que le présent, à Demachiyanagi comme à Joyfull.
- Ils écriront sur ce sujet et présenteront leurs devoirs de classes dans des lieux in situ.
- Ils écriront un journal de bord quotidien et public.
- Ils n’oublieront pas de changer de chaussons dans les toilettes et de fermer la lumière en sortant.
- Ils ne boirons pas d’eau.