Dimensions Tokyo





####Si j’étais Ryoko


Moi si j’étais Ryoko Sekiguchi, la Première Dame japonaise de Paris, j’aurais dit cela à Jean-Philippe Cazier qui m’encense - mais est-ce le cas? - sur Diacritik avec son écrit canonisant boursouflé au sujet du dernier opus L’Appel des Odeurs - pas lu encore. 


- Salut Jean-Philippe. C’est sympa mais tu pourrais pas réduire la voilure à un tiers, et puis citer plus le texte pour bien montrer que tu l’as lu - ce n’est pas un volume de 800 pages à 560 g pièce?

- Et puis, calme toi, prends une bouffée d’éther.

- Tu pourrais t’inspirer d’une chronique culinaire de Jay Rayner quand il est satisfait, qui s’achève par le message clair et net : allez-y manger! 

- Tu vois, une recension brève genre articles de quotidien de la presse où la citation est extraite de la quatrième de couverture, ou de la page six au plus loin, mais finissant avec l’impératif : lisez-le!

- Parce que, l’objectif (à condition de ne pas trop réfléchir plus loin certes), c’est d’être lu non?


Parce que somme toute, si canonisant lénifiant, l’objectif est d’initier l’envie de lire, même chez moi qui suis rétif à l’auteure, sa canonisation de prêtresse de l’Objet Japon fétiche, bien que dans ce volume-ci, il semble que ce ne soit pas particulièrement le cas. Tu sais Jean-Philippe, juste donner l’envie de lire. C’est pourtant pas compliqué. 


####Lire cul-sec


Comme tu pourrais lire, ou murmurer non-stop comme je l’ai fait tout à l’heure les premières pages offertes de Sisyphe, auteur Donatien Leroy, aux Editions Incultes (encore), sur lequel je suis tombé par hasard en cliquant A paraître. Chronique du quotidien en boucle sans frein comme une démangeaison, en tout cas de la page 7 à la page 21. Ecriture comme d’une traite imposant la lecture d’une traite, et ce malgré les particules PM2,5 et les bronches agressées par le printemps qui frappe. Nulle part est-il écrit : prière de lire cul sec. Ce ne serait pas perçu comme une agression si tel était le cas. La suite m’intrigue. Je ne mets pas de lien. Vous trouverez.


####Spatiogramme


Tiens, ça m’a l’air d’une perle encore et applicable à ici : Saisir l’affectif urbain. Proposition originale par la cartographie de réactivation des discours, auteurs Nathalie Audas, Denis Martouzet. Il y a même la thèse en ligne de Nathalie Audas, et un livre intitulé La ville et le sablier aux Presses universitaires François Rabelais, probablement une extension-adaptation-réduction de la thèse. Un sacré nom d’université, bien plus évocateur que l’Université de Tokyo. 

Cette cartographie dont quelques exemples figurent dans l’article court et que j’empreinte ici éhonté pour une illustration est d’autant plus parlante qu’il s’agit mais en bien plus sophistiqué et scientifique d’un usage de la “carte mentale”. 

Tu sais, celle qui permet de s’extirper un temps si même court, si même un tout petit peu de la mappemonde Google, c’est à dire et avant tout de se dépiauter du tout consumérisme. Tâter un peu pour soi ce qu’est une organisation de l’espace à soi, celui qui à affaire justement à l’affectif urbain. 


Cette carte donc au format-concept joyeusement nommé spatiogramme à s’envoyer en l’air est une visualisation des données obtenues par interviews multiples du sujet, carte concoctée par les chercheurs. Le sujet est en quelque sorte passif comme il n’en constate que le résultat, qui peut être affiné par observation-commentaire en commun ultérieurement. 



Je cite :


La réception de la carte au départ de la phase de réactivation a lieu en deux temps :


\- Tout d’abord une reconnaissance quasi-immédiate de soi, bien que la carte soit relativement complexe à décrypter : "oui c’est bien moi" ou, de façon plus précise, « oui cette carte représente bien ma vie ». Elle opère donc comme un miroir pour celui qui s’y regarde, mais c’est un miroir personnel : une seule personne peut s’y voir.


\- Simultanément, en tout cas très rapidement, le second pôle de la réaction peut se résumer par "non ce n’est pas tout à fait moi, ma vie n’est pas tout à fait celle-là", ce qui est causé par le fait que la carte est de "mauvaise qualité".


Une carte qui fait dire : “oui, c’est bien moi”, multidimensionnelle dans le territoire-temps, où une seule personne peut s’y voir. Ça parle. 


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