Tu sais

Cet échange m’est très agréable tu sais. Je partage un peu de ton quotidien à distance. Tu me signales ce restaurant coréen à Lyon que j’avais repéré à Tokyo sur la mappemonde et suspecté d’être à ton goût, et se révélant en direct effectivement excellent. Et les gens sont sympas écris-tu. J’ai parcouru les commentaires élogieux. La mention sympa est quasimment systématique. Elle est rare ici comme tu le sais, friendly, katakana, terme étranger. J’en ai profité pour cliquer à l’ouest près de Fourvière autour de la gare Lyon Saint-Paul où le fait d’y avoir passé deux nuits à proximité ensemble a rendu le territoire autour de la placette comme si familier, un air de déjà vu, ailleurs. Tu vois comment ont peu mêler dans une même phrase des lieux si éloignés, géographiquement. Les airs de déjà vus ailleurs se percutent sans violence comme au billard. Pas de souvenirs de touches de sympathie pour autant. La boulangerie moderne sur la placette qui ne fait que cuire des produits industriels génériques comme ailleurs, comme ici qui est tout aussi ailleurs, n’était pas mémorable, sauf que l’on y était. C’était un peu sale, il y avait des pigeons, G est passé nous voir, il faisait encore un fond de canicule tardive. Tu m’as signalé un kebab à Kamakura. Je n’irai pas à Kamakura pour un kébab, ancienne capitale impériale, mais j’ai noté qu’un kébab peut être une référence, un point caractérisant le nom de la destination. Kamakura, kébab, ancienne Kapitale impériale, dans l’ordre. H va y ouvrir une cantine asiatique. Kamakura, kébab, bols de nouilles ou riz sautés, Kapitale impériale, ancienne. Je n’irai pas à Kamakura pour les nouilles, mais pour la saluer, oui. C’est moi qui t’ai signalé ce restaurant coréen à Lyon bien plus abordable, et pas que financièrement, qu’un bouchon qui hélas n’a pas velléité à transmettre des traditions mais à limiter l’intéraction marchande à la bourgeoisie, gentrification culinaire, juqu’à ce que la bourgeoisie s’entiche un jour de plats coréens servis sur une nappe à carreaux, de la même facture que les nappes à carreaux du restaurant de poche d’Okinawa à Minowabashi, ou celui à Higashi-Shinjuku bordant le territoire massif d’HLM anciens. Tu vois? Maintenant, ce sont les éléments des décors qui résonnent d’échos à la vitesse de l’association mémorielle, presque la vitesse de la lumière. J’ai bien retenu maintenant que l’on dit en français hostel pour ce que l’on nomme ici guesthouse. Le vocabulaire aussi est hors-sol. 

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