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号外

####La nostalgie augmentée C’est d’une nostalgie augmentée dont il s’est agi dès le début. My First Sunday in Paris quand Miller écrit en marche son périple élégiaque d’une journée complète de déambulation à Paris. Une journée est complète dès lors que ses bouts, matin et soir avancé, sont expressément mentionnés de par leurs densité et textures singulières respectives. La nuit est hors sujet, autre sujet, autre univers. Ce n’est pas grandiose comme texte, juste excellent. Lafcadio Hearn aussi écrit sur sa première journée à Tokyo, mais sans doute bien après l’action que Miller à Paris. Il faudrait réunir des textes ainsi de toutes les époques, recueil intitulé My first Day in the City. Miller pose le regard de l’étranger à Paris, ma condition inconsciente à l’époque de la première lecture pour poser un regard éloigné sur la ville qui ne soit pas seulement un regard nostalgique. Je n’écris pas “ma” ville, malaise du possessif. ####号外 Défaire voir - Littérature et politique de Sandra Lu

L’orange sanguine

Ne pas réduire l’orange sanguine à un fruit, non, on ne doit pas. La texture du fruit, le toucher, comme du cuir, la densité lourde d’un spécimen tourné au creux de la main, au bout des doigts, la couleur, le ton, les reflets, pure Italie rêvée, via Ehimé. Le seul fruit choisi sur l’étal pour sa couleur, le plus rouge foncé, le plus oranger rouge qui soit,  le plus contrasté au bord de l’explosion de lave, le seul fruit qui mérite une nature morte avec les fraises sombres, qui ne devrait pas flétrir, déssiquer, pourrir non, toujours en exposition sur le rebord du comptoir, écorce poudrée de carmin à la violence Médicis, qui mérite seule la dague comme instrument d’intrigue, qui que couper le fruit en deux est un crime sanglant, un accident de cuisine, l’orange sanguine ne mérite pas le pressage mais le bois, le cadre de tableau, l’exposition en contre-jour, l’immuabilité. On ne touche pas, on ne devrait pas toucher à l’orange sanguine.

Qui est le numéro 3?

N’en peut plus mais. Au point qu’une commande de toast se voit attribuer un numéro, dans le meilleur des cas. On m’annonce navré, avec cette expression de douleur théâtrale générique surjouée et ce sans aucun apprentissage, que les commandes sont stoppées dans l’immédiat. Ce qui n’est pas une déception, étant donné que ce qui compte n’est pas un toast, même un dernier, mais d’y être. Même le café est tiède ces derniers jours, mais tout est pardonné.  Et puis plus tard a lieu une scènette jamais vue jusqu’alors, de l’ordre de l’improvisation totale, quand une dame du staff demande à la volée portant d’une main une assiette de toast aux oeufs: “Qui est le numéro trois?”. Elle regarde inquiète autour d’elle, retourne au comptoir, repart en chasse et demande ainsi plusieurs fois le numéro trois qui ne réagit pas. Dans l’établissement soudain comme plus étroit en conséquence de cette annonce générale, se crée soudain une sorte d’intimité communale exceptionnelle, personne n’ignorant l’appel

La rupture d’un lien

Photo empruntée. Inutile d’en rajouter par soi-même.  Lu dans les commentaires récents au sujet de Dream Coffee sur Google Maps. Poésie Dream Coffeeは素敵だ。 お別れするのは惜しい。 夢のような喫茶店が 本当に夢のなかへ消えてしまう。 珈琲が美味しい。 レアチーズケーキが美味しい。 卵トーストが美味しい。 店員さん全ての優しさが美味しい。 ありがとうございました。 Nostalgie 大好きで、何回通ったことかという場所。離れている間に閉店してしまうと知りました。 自分にとって唯一無二の空間だった。街の思い出や街への思い入れはこうした小さなお店によって形づくられているのだと知る。池袋に戻る理由のひとつがなくなってしまった。 ####Ouf ouf! Bien sûr que l’écriture universitaire c’est ouf ouf. C’est à usage interne. Ça n’a aucune autre intention. Mais ça ouvre des pistes pour les non-universitaires. Ou dit autrement, ça expose des pistes ouvertes depuis bien longtemps alors que soi on rame à Dream Coffee à mettre la géopoétique des lieux en mots littéraires. Tu comprends? You see what I mean? De clavier? Ce dernier commentaire est particulièrement en phase avec la lecture en cours de La Ville et le Sablier - Sentir les temps urbains, auteure Nathalie Audas, 2015. Livre trouvé au détour d’un hasard très ciblé qui s’avère faire m

Un petit livre nippon extravagant

Photo empruntée ailleurs ####Chronique d’une fermeture annoncée (feuilleton) A Dream Coffee à 13h et passées de quelques minutes - il y a anormalement du monde - l’anormale, c’est l’anti-quotidien - mon truc, c’est le quotidien - le patron porte un béret de velours côtelé beige - jamais vu ainsi coiffé d’une faluche - il panache - il est loquace, parce que sollicité - tout comme le staff - la nouvelle s’est répandue - comme une trainée de poudre, une bourrasque de printemps - mais sur la devanture - aucune annonce que  - samedi 2 mars est la dernière journée - je n’irai pas samedi 2 mars - pas seulement parce que - comme le dit un membre du staff - à un habitué qui - s’enquiert et remercie de tout ce long temps - de service - que oui, samedi est la der des ders et - qu’il y aura beaucoup de monde - et donc, qu’un lieu qui dessert le quotidien - comme on dirait d’un train de campagne, une micheline - devant lequel se forme une longue queue d’attente - sort de l’ordinaire - devient événe

Projet en cours : menus de la maison

  Une chroniqueuse culinaire publiée sur The Guardian intitule sa série A Kitchen in Rome. L’appel de l’Italie pour un lectorat d’abord anglophone, d’abord britanique, est irrésistible. Manger maison, chez soi, à Rome. Dolce Vita. Comme dans un film. Le projet en cours ici, encore très sommaire, mentionné dans l’onglet Expériences et projets, a pour sujet les menus de la maison. Il s’agit d’une liste chronologique de menus consommés à la maison, une expérience d’écriture blanche associée à la nourriture familiale, une forme d’expression anti-hédoniste du discours gastronomique. Pas de recettes, de mimiques, de vantardises, de barbe poivre et sel, d’aveux antienne contemporaine “qu’après une carrière dans la finance, j’ai eu une révélation pour la restauration” (des investisseurs sont sur les lieux), ni de sous-entendus sexistes et paternalistes, de promotion monétisée, de pâmoison (ou alors accidentelle). Juste les faits du manger maison dans un foyer où la cuisine est essentiellement

Alors que Dream Coffee disparaît

Trois ouvrages récemment dans le rétroviseur alors que Dream Coffee disparaît le 2 mars prochain. Café Society chez Palgrave MacMillan, un recueil de textes universitaires, avec en particulier ce texte intitulé Design for Solitude, auteur Erling Dokk Holm. Aussi dans un style grand public, La vie de bistrot de Pierre Boisard, ouvrage idéalisateur par moment mais pas trop. Seconde lecture. Le chapitre sur l’origine du mot bistro a fonction de remplissage quand c’est l’interaction avec le patron, le rapport de ses dires et expériences qui fait l’intérêt du bouquin.L’établissement dont il est question à Paris est définitivement fermé aussi.  Pour l’hyper-idéalisation, les livres de Robert Giraud sont dans mon experience de lecteur imbattables de poignance, mais heureusement pas dans le mode lamentation du bon vieux temps d’où vous sortez rincé.  A bien y penser d’ailleurs, la dimension nostalgie larmoyante, souvent irritée à raison, de la disparition de ces éléments du quotidien urbains q

Où écrire à Tokyo - La nouvelle version à télédécharger

  S’ancrer à destination, à Tokyo, et y écrire. Il s’agit de la version du 23 février 2024 révisée en conséquence de l’annonce de la fermeture imminente de Dream Coffee à Ikébukuro, l’établissement qui figure en tête incontournable et incomparable des destinations énoncées dans ce guide. Lire le début d’une analyse de la signification de cette disparition dans cette nouvelle version.  Le lien vers la version Epub de l’actuel fascicule .

Autorité, expertise et aplomb

En voilà une illustration qui précède bien le texte de quelques longueurs de jours, texte qui alors n’avait pas été du tout envisagé de la sorte. Comme quoi hein… C’est avec autorité, expertise et aplomb que : Les bouquinistes seront déplacés pendant les Jeux de Paris. C’est avec autorité, expertise et aplomb que : Les bouquinistes ne seront pas déplacés pendant les Jeux de Paris. C’est avec autorité, expertise et aplomb que : L’administrateur de l’Institut français de Kyoto est nommé lauréat 2024 de la Villa Kujoyama à Kyoto. C’est avec autorité, expertise et aplomb que :  - L’intéressé ne “souhaite rien ajouter à la réponse de l'Institut français » et nous conseille de nous « intéresser à des sujets plus littéraires ». Source C’est avec autorité, expertise et aplomb que : - Nous oukasons (verbe oukaser ou oukazer selon le dialecte) que la littérature n’est pas un domaine de replis - comme on dit de la cour de récré où s’amusent les enfants -  pour ceux qui n’ont ni autorité, ni e

Dimensions Tokyo

####Si j’étais Ryoko Moi si j’étais Ryoko Sekiguchi, la Première Dame japonaise de Paris, j’aurais dit cela à Jean-Philippe Cazier qui m’encense - mais est-ce le cas? - sur Diacritik avec son écrit canonisant boursouflé au sujet du dernier opus L’Appel des Odeurs - pas lu encore.  - Salut Jean-Philippe. C’est sympa mais tu pourrais pas réduire la voilure à un tiers, et puis citer plus le texte pour bien montrer que tu l’as lu - ce n’est pas un volume de 800 pages à 560 g pièce? - Et puis, calme toi, prends une bouffée d’éther. - Tu pourrais t’inspirer d’une chronique culinaire de Jay Rayner quand il est satisfait, qui s’achève par le message clair et net : allez-y manger!  - Tu vois, une recension brève genre articles de quotidien de la presse où la citation est extraite de la quatrième de couverture, ou de la page six au plus loin, mais finissant avec l’impératif : lisez-le! - Parce que, l’objectif (à condition de ne pas trop réfléchir plus loin certes), c’est d’être lu non? Parce que