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Représentation de la foule sur le pont Ryogoku

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Comment écrire sur ces trivialités alors qu’à Gaza? Massacres, massacres, massacres.   Il y a foule sur le pont Ryogoku.  Rien de nouveau. Comment les artistes ont-ils représenté cette foule est d’intérêt. On passe de l’assez précis à l’imprécis grumeleux.  Sur l’une des estampes de l’excellente exposition en cours au petit musée du Sel et du Tabac - odeur d’impôt - consacrée aux représentations des lieux touristiques le long de la Sumida, le pont Ryogoku fait immédiatement penser au Ponte Vecchio de Florence à la différence près que tout le monde circule sur le tablier le regard droit devant soi, alors qu’en Italie et ailleurs, les marcheurs sont statiques et créent des bouchons humains pour reproduire les indispensables performances de mise en spectacle convenu de soi. L’homogénéité vestimentaire et d’allure des touristes occidentaux en premier est une étrangeté sans nom, et c’est sans parler du sens de l’interpellation que cette vue de cette présence humaine globalisée...

À minima

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Le LLM produit des cartes minimalistes, truffées encore d'aberrations et d'erreurs, mais cela passera.  La carte minimaliste, schématique, qui ignore la courbe,  est d'une certaine manière un retour au temps où toutes les destinations commerciales ou presque indiquaient sous cette forme leur localisation dans un espace résumé.  On en trouvait aussi sur des cartes de visite. On en trouve encore. C'est une approche anti-Google Maps et consorts, mais aussi une interface avec l'environnement qui demande une autre lecture, un autre effort pour faire correspondre l'espace avec la carte.

Tracer des parallèles impensées

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  Requiem pour un immeuble. On dit merci et adieu. Dans une interview d’Eric Hazan disparu l’an passé au sujet de Balzac Paris, il cite les Lorettes, certaines artistes de scène, comme des femmes qui apportaient bienveillance aux usagers . Dans une interview, Liza Dalby, l’auteure de Geisha des années 80, souligne que ce que les Geishas performent à la perfection, c’est l’empathie. Titre d’un ouvrage halluciné : Lorettes et Geishas, costumes, pratiques et rôles dans la société patriarcale . A noter que le guide Où écrire à Tokyo figure désormais et en attendant mieux en ligne via l’onglet sur la top page d’ici et directement via ce lien .  Dans une dynamique parallèle découverte récemment et bien tard, Anne Savelli et comparses élaborent depuis un temps long sur les lieux d’écritures, et de lectures. C’est là que Berlin réapparaît qui n’est pas un hasard, où ils ont bien de la chance de pouvoir ainsi se poser dans tant et tant d’endroits.

Une farouche volonté de performer l’ancrage

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S’il est un trait assez commun parmi les rares écrivants visibles en tout cas allochtones au Japon ou associés,c’est l’évitement de l’autre rare écrivant visible en tout cas allochtone au Japon ou associé. Qui a-t-il de plus intéressant hormis les autres qui écrivent aussi sur eux? Pour faire d’eux un pluriel, ça n’est pourtant pas compliqué. Mais déjà dans le texte sur la métropole de Georg Simmel (1903), l’individu est situé à fond dans sa dimension de monome massif. Quelques minutes à visionner The Crowd de King Vidor. Les vues de New York en marche sont époustouflantes. Disparition d’un colloque sur l’autobiogéographie . Un bel intitulé. Peu de traces déjà. Qui n’est pas des cénacles a maintenant deux choix : ignorer, ou piller. Pillons. Combien sont ou ont été dans la pratique de l’autobiogéographie sans pouvoir ainsi la nommer? Dans l’écriture amateure, cela doit se compter en divisions multiples. Langage militaire. Et donc existe des savoir-écrire considérables. Passer à l’âge s...

Performativité non-spectaculaire de l’élève d’école élémentaire sur le quai des Shinkansen de la gare de Kyoto

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A Wakayama. Photo sans rapport aucun avec le texte, sauf pour l’auteur. Reflet d’une vitrine d’un marchand de kimono dans une ville vide. Se trouvaient peut-être autrefois du temps de la ville vivante quelques geishas. Lieu : les quais 11-12 de la gare de Kyoto, celle des trains à grande vitesse. Heure : 16h passées de peu avant départ à 16h16. Ce qu’il y a de remarquable : un petit seul en tenue d’écolier chapeau jaune joue à maîtriser l’espace et le temps, deux dimensions du cache cache. Il pénètre par la porte du wagon 7 de la rame lente en attente sur le quai 11 pour ressortir illico par celle du 6. Il est profondément dans ses pensées comme on l’est à 9-10 ans, la pensée je-jeu à ras-bord du transgressif ici très auto-contrôlé. Le même en complet cravate serait pris pour un fou. Lui n’est pas remarquable parce que sa performance n’est pas située dans le spectacle. Il n’appelle pas les regards. Il ne s’expose pas. Il est juste exposé.  Il y a donc des enfants qui vont à l’école...

Misono, prière d'insérer

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  A lire ici.

Le lien lieu-lien

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Créer un lien, créer un lieu, deux approches identiques en écho. Lien-lieu, lien à lieu égale attachement. Il en faut peu. Un seul lieu suffit à chercher, dans la rue. La sociologie est pleine d’études sur l’attachements aux lieux. M’est apparu récemment qu’il ne faut pas jeter les hallucinations générées par les LLM. Elles sont les interstices d’ailleurs, de possibilités, de promesses de quelque chose recherché sans savoir exactement quoi, sans y mettre de mots adéquates. C’est devenu depuis peu une pratique et une formule : élaborer un énoncé explicatif de la recherche puis demander une liste d’ouvrages et articles durs à la dent qui pourraient illuminer la chose même si mal fagotée. Etre accueilli en réponse de LLM par la formule américaine de félicitation sur le bien-fondé, l’acuité, l’originalité incontestable du sujet. L’encouragement systématique. Viennent ensuite des énoncés dangereux et courts où le LLM pense à voix haute comme si demandant confirmation de ce qu’il en retourne...

Bille de flipper négociant un virage

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C’est de métaphore dont il s’agit bien sûr. Berlin n’est pas Tokyo, ni même Kyoto. Berlin comme exemple phare de la ville de littérature, donc d’écritures contemporaines, est le sujet du livre Moving Words, Literature, Memory, and Migration in Berlin, auteur Andrew Brandel. C’est, de ce point de vue géographique de ce côté-ci, un énoncé de tout ce qui est absent et qui continuera de l’être à Tokyo. Migration culturisée, librairies internationales, les écritures comme biais d’adaptation - on n’a pas besoin d’intégration - les écritures parmi d’autres activités artistiques comme vecteur de mobilisation d’inconnus qui se réunissent un temps, contrastes, conflits, etc. On peut déjà tenter de faire avec le minimum, la portion congrue, tenter de lier les rares points de convergences potentielles. La 56e session d’Ecrirea.tokyo aura lieu samedi 26 avril. Il sera question encore une fois, avec plus d’acuité sans doute, d’écriture diariste, la première option quand l’écriture démange. Dépôt de ...

Hiroshima taxi

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Cela tombe bien. Quarante minutes de taxi jusqu’à Hiroshima. Circulation normalement fluide. Pas mal de feux de circulation longuets sur le parcours. On ne voit plus la mer dès qu’après le démarrage. Le chauffeur parle d’une voix douce. On a progressivement une de ces rares conversations familières où apparaissent des bouts de son enfance. C’est ce dont je suis avide de. Des bouts d’enfances. Il a, hypothèse, une dizaine d’années de plus que moi. Je comprends en passant que son épouse est décédée, qu’il a travaillé dans divers endroits très éloignés les uns des autres, jamais dans le transport, jamais au volant, qu’il n’avait jamais envisagé après sa retraite sous-payée de passer derrière le volant, que l’occasion a fait le larron. Qu’il aime plutôt cela. Il n’a - il exagère juste un peu - que des touristes comme clients. Les Japonais moyens ne peuvent pas s’offrir le taxi. A 3000 yens au compteur, si vous vous faites l’effort de chercher une échoppe de 40 ans avec un couple de 70 à la...

Présence au monde, présence à la ville

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(mauvais texte, cabotin, mise en valeur de soi, donneur de leçons, exécrable).  La mise en tourisme de quartiers se traduit par le lissage commercial sans rapport avec la vie locale, sauf quand celle-ci s’apparente fortement à celle des intrants de passage et résidants à très court terme. Dans ces cas extrêmes de zones bourgeoises contemporaines dès lors que figurant au centre-ville caractérisé par un hédonisme marchandisé fort et des affinités mélangées où se côtoient touristes et franges gentrifiante résidante, la présence de services à la signalétique mondialisée ou en tout cas immédiatement reconnaissable accompagne une dynamique, un rythme de croisière une forme d’occupation de l’espace, mais aussi une façon d’être visible, habillé estampilé en touriste, qui participe tout autant à l’homogénéisation des destinations comme des personnes, même quand celles-ci ont encore du cachet.  Personne ne questionne l’habitus de la promenade en ville comme l’activité d’évidence  d...