Présence au monde, présence à la ville
(mauvais texte, cabotin, mise en valeur de soi, donneur de leçons, exécrable).
La mise en tourisme de quartiers se traduit par le lissage commercial sans rapport avec la vie locale, sauf quand celle-ci s’apparente fortement à celle des intrants de passage et résidants à très court terme. Dans ces cas extrêmes de zones bourgeoises contemporaines dès lors que figurant au centre-ville caractérisé par un hédonisme marchandisé fort et des affinités mélangées où se côtoient touristes et franges gentrifiante résidante, la présence de services à la signalétique mondialisée ou en tout cas immédiatement reconnaissable accompagne une dynamique, un rythme de croisière une forme d’occupation de l’espace, mais aussi une façon d’être visible, habillé estampilé en touriste, qui participe tout autant à l’homogénéisation des destinations comme des personnes, même quand celles-ci ont encore du cachet.
Personne ne questionne l’habitus de la promenade en ville comme l’activité d’évidence de la performance touristique.
D’autres présences à la ville, comme on dit présence au monde, sont possibles qui ne participent pas ou peu à ces incontournables. Les circonstances d’un accompagnement touristique avec des plages de temps à soi, pas nécessairement libre puisqu’il s’agit aussi de préparer ou confirmer en amont des “activités” à venir, être disponible vite à distance pour régler un imprévu - perte d’un mobile dans un taxi retrouvé bientôt - induisent d’autres modes et moments de présences, parfois au coeur même des lieux très fréquentés, dans leurs tranches horaires d’usages intenses, mais aussi dans les biens plus nombreux territoires où le tourisme est marginal ou absent, et où s’écoule la vie locale avec les acteurs qui pourvoient d’abord aux besoins locaux du quotidien, mais bien plus souvent figurent à peu de distances dans les villes japonaises au moins des environnements résidentiels sans charme caractérisés par la rareté de la présence humaine visible.
Méthodes contre.
La marche et la démarche hérétiques : adopter une vitesse de croisière dans les rues qui feint le local, la feinte et l’hérétisme faisant couple à chaque fois. Fendre les flux d’une marche assurée rapide pour prétendre aller à un rendez-vous imminent. La clé est là : s’occuper à tout autre chose que le diktat du territoire tel que défini par la propagande consumériste.
La tenue de ville en ville : chic, parce que c’est chic d’être en ville, même quand comme à Kyoto elle tourne très tôt en province léthargique, une fois les flux taris aux heures avancées où tôt les matins.
Laver son linge en laverie automatique. Choisir sa destination pour faire de la transition à pied jusqu’au lieu une manière de sillonner les rues arrières et latérales, et renforcer ainsi la préhension géographique. Payer le prix fort dans ces lieux naintenant rutilants de technologie et de design. Ne pas mettre ses mocassins de cuir dans la machine à baskets.
Ecrire en attendant que l’appli vous informe de la fin imminente du cycle dans un café pas beige béton sur le sujet de laver son linge sale en ville de passage, ou dans la laverie même porté par les rythmes des tambours. Si un séjour de plus de trois nuits, réitérer l’acte en changeant de crémeries.
Aller tôt ou tard sur le motif. Faire l’expérience des flux inversés.
Prendre ce qui roule lentement jusqu’au bout de la ligne, trams et bus d’abord. On évitera les trains qui peuvent aller trop loin.
A l’opposé, ne prendre qu’un quartier bien délimiter, et l’investir des heures pour y développer un sens de la familiarité. Etre aux aguêts de ce moment fugace mais étrange et très satisfaisant où l’espace urbain, sa configuration, éclôt soudain sous les projecteurs du sens.
Avoir sur soi un livre important pour soi. Le jumeler avec un lieu, un artefact précis de la rue, ou visible de celle-ci. L’annoter sur une carte numérisée publique comme une nouvelle destination à valeur culturelle majeure.
Ecrire un journal d’occupation du quartier.
S’arrêter. Faire le planton observant. Regarder les flux avec intensité. Evaluer quelles photos prendre. Ne pas les prendre.
Demander son chemin. Déplier une carte incommode du lieu. Prendre un air perdu.
S’hérétiquiser de la psychogéographie d’origine. Inventer d’autres règles à soi.