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Le lien lieu-lien

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Créer un lien, créer un lieu, deux approches identiques en écho. Lien-lieu, lien à lieu égale attachement. Il en faut peu. Un seul lieu suffit à chercher, dans la rue. La sociologie est pleine d’études sur l’attachements aux lieux. M’est apparu récemment qu’il ne faut pas jeter les hallucinations générées par les LLM. Elles sont les interstices d’ailleurs, de possibilités, de promesses de quelque chose recherché sans savoir exactement quoi, sans y mettre de mots adéquates. C’est devenu depuis peu une pratique et une formule : élaborer un énoncé explicatif de la recherche puis demander une liste d’ouvrages et articles durs à la dent qui pourraient illuminer la chose même si mal fagotée. Etre accueilli en réponse de LLM par la formule américaine de félicitation sur le bien-fondé, l’acuité, l’originalité incontestable du sujet. L’encouragement systématique. Viennent ensuite des énoncés dangereux et courts où le LLM pense à voix haute comme si demandant confirmation de ce qu’il en retourne...

Bille de flipper négociant un virage

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C’est de métaphore dont il s’agit bien sûr. Berlin n’est pas Tokyo, ni même Kyoto. Berlin comme exemple phare de la ville de littérature, donc d’écritures contemporaines, est le sujet du livre Moving Words, Literature, Memory, and Migration in Berlin, auteur Andrew Brandel. C’est, de ce point de vue géographique de ce côté-ci, un énoncé de tout ce qui est absent et qui continuera de l’être à Tokyo. Migration culturisée, librairies internationales, les écritures comme biais d’adaptation - on n’a pas besoin d’intégration - les écritures parmi d’autres activités artistiques comme vecteur de mobilisation d’inconnus qui se réunissent un temps, contrastes, conflits, etc. On peut déjà tenter de faire avec le minimum, la portion congrue, tenter de lier les rares points de convergences potentielles. La 56e session d’Ecrirea.tokyo aura lieu samedi 26 avril. Il sera question encore une fois, avec plus d’acuité sans doute, d’écriture diariste, la première option quand l’écriture démange. Dépôt de ...

Hiroshima taxi

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Cela tombe bien. Quarante minutes de taxi jusqu’à Hiroshima. Circulation normalement fluide. Pas mal de feux de circulation longuets sur le parcours. On ne voit plus la mer dès qu’après le démarrage. Le chauffeur parle d’une voix douce. On a progressivement une de ces rares conversations familières où apparaissent des bouts de son enfance. C’est ce dont je suis avide de. Des bouts d’enfances. Il a, hypothèse, une dizaine d’années de plus que moi. Je comprends en passant que son épouse est décédée, qu’il a travaillé dans divers endroits très éloignés les uns des autres, jamais dans le transport, jamais au volant, qu’il n’avait jamais envisagé après sa retraite sous-payée de passer derrière le volant, que l’occasion a fait le larron. Qu’il aime plutôt cela. Il n’a - il exagère juste un peu - que des touristes comme clients. Les Japonais moyens ne peuvent pas s’offrir le taxi. A 3000 yens au compteur, si vous vous faites l’effort de chercher une échoppe de 40 ans avec un couple de 70 à la...

Présence au monde, présence à la ville

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(mauvais texte, cabotin, mise en valeur de soi, donneur de leçons, exécrable).  La mise en tourisme de quartiers se traduit par le lissage commercial sans rapport avec la vie locale, sauf quand celle-ci s’apparente fortement à celle des intrants de passage et résidants à très court terme. Dans ces cas extrêmes de zones bourgeoises contemporaines dès lors que figurant au centre-ville caractérisé par un hédonisme marchandisé fort et des affinités mélangées où se côtoient touristes et franges gentrifiante résidante, la présence de services à la signalétique mondialisée ou en tout cas immédiatement reconnaissable accompagne une dynamique, un rythme de croisière une forme d’occupation de l’espace, mais aussi une façon d’être visible, habillé estampilé en touriste, qui participe tout autant à l’homogénéisation des destinations comme des personnes, même quand celles-ci ont encore du cachet.  Personne ne questionne l’habitus de la promenade en ville comme l’activité d’évidence  d...

Journal de guerre touristique à Kyoto - Extraits

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Seul sans voyageurs, avec son discours à soi en tête à tête, Kyoto est parfaite dans les excentrés, dans les interstices, même dans le coeur de Gion. On lui donnera le sexe féminin.  Kyoto n’existe pas, tout comme ailleurs. Il y a des quartiers, des attitudes, des feintes, des vitesses de croisière à soi. C’est surtout cela : des feintes et des vitesses de croisière.  Mission : trouver ses pas, et feindre, sans compter. Dans les villes, il n’y a pas de touristes, mais des flux et des nodes de stagnations touristiques à visées consuméristes.  Pour observer ces phénomènes, il faut thermodynamiser le regard. Le touriste déclenche deux réactions contradictoires : 1. le mépris, 2. l’empathie. S’entraîner au point 2. Pauvres troupeaux de personnes âgées clairement souffrantes, épuisées de long courriers. Des couples aves bébés en poussettes. Envoyer la salve des contre-arguments automatiques. Y font c’qui veulent. Y z’ont choisi. Kès que ç’a-t regarde? Chacun police l’opinion d...

Ici est un chantier : Tokyo-Berlin

Voici comment s’énoncent les premières lignes de la description d’un très récent livre intitulé Transnational Writing on Italy Self and Place in Contemporary Relocation Narratives, auteure Lynn Mastellotto, adaptation apparemment d’une thèse : Relocation narratives form a distinct subgenre of contemporary travel memoirs concerned with the experiences of travellers who become settlers in foreign locales and narrate their experience of cultural accommodation in serial autobiographical accounts. Le livre est inscrit dans une série intitulée Routledge Research in Travel Writing. En quoi la littérature d’installation ailleurs qu’un territoire d’origine constitue-t-elle un sous-genre de la littérature de voyage? Après combien d’années le voyage cesse-t-il? Après combien d’années le sujet de l’adaptation est-il éculé? En quoi l’adaptation quand le hors-solisme à version multiples est le fait commun de la présence au territoire, quand l’esprit lui est multi-territorialisé, constitue-il un thèm...

Eloge des grandes enjambées

La perspective rend morose de ne pas passer au retour par Wakayama, de ne pas y performer des routines annuelles ou bi-annuelles plaisantes, mais surtout de ne pas pouvoir rencontrer le Professeur, qui justifie à chaque fois de faire un détour rituel  par Wakayama, de performer ces passages traces-consuméristes hédonistes, un café à Shake Hands Coffee, un petit-déjeuner à Marina, et de prendre le train express qui secoue pas mal, comme si sollicitant à outrance les capacités techniques d’une voie sans doute ancienne, s’arrêtant malgré tout trop souvent à des gares toutes secondaires dans le but inavoué et lancinant comme la honte d’être contraint de procéder ainsi sur une ligne à voie unique pour laisser passer un tortillard, exposant ainsi malgré le nom zéfirien du convoi la promesse vide de vitesse et de crinière au vent alors qu’il ne s’agit que d’un convoi tout juste un peu plus fringant qu’un omnibus. Les trains n’ont pas de crinière certes, un défaut animalier. Un moment dans...

Ancrages, désengagement, faits quotidiens

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Accueillir à la maison le patron de la boutique d’électricité avec son employé qui doit faire ses 70 ans passés. Conciliabule sur les câbles. Pour ouvrir la boîte à fusibles, il faut retirer les poêles suspendues. Il me demande impressionné qui fait la cuisine ici. Parler de la température, des pollens et du sable jaune qui étouffe avec la boulangère. Elle n’est pas asthmatique. Parler de son fils qui a maintenant dix ans et qui l’autre jour faisait le service avec la machine à café, apportant la tasse remplie à la table avec l’expression de politesse qui sied. Entendre son regret qu’il se permet maintenant de répondre à sa mère et signifier qu’il a bien compris, avec un brin d’énervement. Evoquer son autonomie qui vient. Evoquer que l’enfance s’en va. Aujourd’hui, premier jour des très courtes vacances. Parler avec la patronne de Phantom au sujet de la température, un filon, qu’attendre au feu pour traverser, la jauge commune, est ce jour limite supportable, proposer de céder ma table...

Hallucination avouée, à moitié pardonnée

I am referring here to the article Belonging from afar: nostalgia, time  and memory  by Vanessa May. In there, she writes that Belonging is fundamentally a temporal experience that is anchored not only in place but also time. I have difficulties understanding what is meant by temporal experience. Can you elaborate? In Vanessa May's article "Belonging from afar: nostalgia, time and memory," the idea of belonging as a "temporal experience" refers to how our sense of belonging is deeply connected to and shaped by time in several important ways: 1. Belonging exists across different timeframes - it's not just about the present moment but connects to our past experiences and future aspirations. 2. Our sense of belonging often changes over time as we move through different life stages, relationships, and environments. 3. Memory plays a crucial role in how we experience belonging - we carry emotional attachments to times and places from our past that continue to sha...