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Tokyo : Ville habitée, espace pratiqué

Satsuma de serre de Saga. L’automne en été. 


Ce qui était une routine est devenu un spectacle. Il s’agit me semble-t-il, sous l’effet d’un modèle qui a sanctifié le lieu et l’acte, smartphone en main donc, de filmer aux comptoirs de boissons lactées à Akihabara sur les quais de la ligne Sobu le passage en mode très rapproché de la bouteille commandée, de la main de la dame ou du monsieur qui préside à ce moment-là au service, puis une fois dans sa main, de filmer encore la bouteille tenue un peu comme un hamster fragile, de passer ensuite à la scène du selfie, ou de se faire prendre fanfaronnant en photo par quelqu’un de sa bulle en voyage. Toutes ces frivolités sont la marque d’un ennui profond maquillé jusqu’aux tréfonds du derme. Le tourisme transforme la banalité et la retenue routinière d’un acte à la fois de déconnexion du rhythme et d’ancrage dans la ville qu’est cet arrêt bref à la buvette, en une scène fondamentale de la spectacularisation du quotidien. Encore un effort avant que de voir le comptoir transformé en ton beige MUJI. L’expérience-acte touristique ultime est et sera de passer inaperçu dans les routines, de savoir les codes locaux de l’invisibilité en public, de ne pas laisser de trace.


## Obscénité


Une obscénité que l’écriture de soi? Je pense qu’il y a une obscénité supérieure à celle-ci : ne pas être lu.