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Tokyo-Milan : Investir une fiction géographique (1)

Photo reçue. Shinbashi, où l’on s’est fait gruger dans un izakaya trop cher. 


Sans recherche aucune de précédents bien pensés, j’imagine qu’une fiction géographique peut fonctionner par exemple en expérimentant le what-if d’une contiguïté d’une rue à une autre, donc d’un couple de deux rues existantes mais réellement situées à des distances considérables. Les rues, leurs éléments comme par exemple une toiture de couverture de passage commerçant sont ici les personnages.


Normalement, il serait possible de poursuivre cet énoncé dans la veine de : 


le jeu consiste à … 


mais cela n’a pas à être ancré dans une veine ludique qui participe quasi-nécessairement au monde du visuel. La RV fera cela bien mieux. La question est :  que peut faire l’écriture avec cela, le pouvoir faire singulier à l’écriture d’une fiction géographique? 


Quand on cherche “La traversée de Tokyo”, on tombe uniquement sur des références d’un jeu vidéo. 


## Jumelage mental des villes


Ici me rappelle là-bas. Mais quoi? Qu’est-ce qui fait surgir cette impression où la métempsycose, le mouvement de transvasement, concernerait non pas une âme d’un être animé, mais une âme de rue? Qu’est-ce qui surgit?


Les rues ont-elles une âme?

Certaines : quand on les habite, c’est à dire, quand on les traverse.

Inutile de déménager.

Encore que.


J’évite à dessein et absolument et résolument l’usage de l’expression “âme de ville”. On pourrait à la rigueur s’aventurer dans les considérations d’”âme de quartier”, mais la ville n’a pas besoin d’être désignée par ses dimensions macro,


… qu’au niveau individuel on ne vit pas

… à dimension dronique oui, comme Spiderman, comme un drone armé et sa traînée de victimes collatérales pulvérisées.


Ce peut être une chose lu, en passant. 

Jeune homme cherche à échanger à court terme sa chambre à Koenji pour une chambre à Berlin.


Cette petite-annonce pointe sur un jumelage mental et de pratiques entre deux destinations éloignées qui offrent des similitudes d’hédonisme urbain à qui connait les deux. Ici encore une fois affleure un élément fondateur de la littérature hors-sol, qui s’articule au niveau de quartier (Koenji = Mitte?), pas de la ville entière. 


En aparté, on retrouve invariablement la référence macro-gigantisme en rapport avec Tokyo dans ces descriptions effrénées - effrénées et risibles de bêtise - cette fougue des transhumances humaines, cette passion (marchande) des façons d’êtres dans l’espace public (et espaces marchands confondus). Mon hypothèse est que cet insert pavlovien de s’exciter sur la dimension méga à l’aune d’un tentaculaire espace urbain pieuvre permet à tout texte laudateur sur Tokyo de faire du remplissage, pain béni pour nourrir la bête IA. Etrangement, le gigantisme de Los Angeles n’a pas lieu d’être sinon que pour la référence à ce qu’il y a d’aberrant et de dangereux de s’y trouver à pied sur un trottoir. Quand à New Delhi et tant d’autres tartines mégapoliques largement étalées, on s’y réfère soi à des carrefours chaotiques, soit à des ruelles encombrées, et chaotiques.


Fin de l’aparté.


## Si Porta à Koenji débouche sur


A ce moment précis et à l’aide de la carte consumériste, je tente d’articuler Porta à Koenji avec la galerie Vittorio Emmanuele II à Milan, constatant que le McDonald’s de Galleria Fontana s’accouple sans difficulté aucune avec le récemment reconstruit animal de la même veine situé à l’orée du passage sous le viaduc des trains juste avant de déboucher sur la galerie couverte Porta. Il faut bien sûr se pincer très fort, et jusqu’au sang, et jusqu’aux muscles, aux tendons, aux os. Il faut se demander pourquoi et s’il y a lieu ou obligation de passer ainsi par une association marchande pour lier deux lieux connus - Milan aux souvenirs dilués - Porta pas plus tard que la veille pour y avoir acheté pas loin chez Takano un gros concombre de cette variété excellente que l’on ne trouve qu’en été, des citrons d’Australie, deux petits daikons blancs piquants à 98 yens pièces, 150 yens les deux, un gros bouquet de persil bien moins cher au final que le persil à Shin-Okubo où se trouvent le fromage blanc turc et le pain uzbek qui finiront dans le même totebag en nylon d’un Monoprix parisien. 


Ce qui me fait penser que l’on n’a pas acheté de légumes à Milan même si l’on est passé devant des étals dans le quartier chinois.


La librairie Mondadori était nulle, tout comme La Feltrinelli pas visitée mais dont les photos révèlent bien plus qu’in situ que l’habillage intérieur est identique à celui d’une librairie dans la zone hors-taxe d’un aéroport. 


Giacomo Caffé est l’établissement qui manque justement à Koenji dans les parages de Porta. On remplacera le Duomo sans broncher par le petit temple Chosen-ji.


Sur Giacomo : 


This is of course a tourists place, located in the second courtyard of Palazzo Reale, very convenient to have lunch or a break while visiting the exhibitions in the Palazzo or the nearby Duomo. They have a good selection of sandwiches and toasties, several salads and some entrees. Vegetarian options available. Prices are slightly higher than average, in line with the location. We had a mixed salad, a piadina and a plate of Parma ham with mozzarella and toasted almonds: the salad was fresh and crunchy, the ovearall quality of the ingredients was - if not outstanding - quite satisfactory. A spritz and a glass of wine were good but, in my opinion, a bit overpriced. It’s a reliable, quiet and relaxed spot if you need to have lunch in piazza Duomo, and as tourist bars go, I would prefer it over all the competition in the area.  


Sur le Chosen-ji :


Non loin de la gare de Koenji, dans un quartier très commerçant plein de boutiques de fripes en pleine gentrification, ce temple apparaît en total décalage. Loin du bruit, dès la porte franchie, on se sent dans un autre monde. Le relief du terrain renforce cette sensation. À ne pas rater si vous passez dans le quartier.


Bon à savoir :


Visited on : Public hollyday

Wait time : No wait

Reservation recommended : No 


En parallèle à :


Rainbow (Café & Grill) is an excellent place to have drinks with friends: super comfy atmosphere, excellent prices and service. we started going to the Shimokita location and then the manager (looks like jon snow) moved to Koenji so we started frequenting that one. you can get sangria nomihodai and he will serve you in mason jars to maximize your time. he also let us order off menu veggie fajitas which are nice. my favourite is the lunch menu tuna avocado bowl and you also get a drink, soup, and salad. it was cheap and delicious. we’d go there to study japanese but then end up drunk and head to karaoke or something. 10/10 highly recommend.


L’emprise marchande consumériste donc se substitue dans les énoncés aux noms des rues. Eric Hazan traversant Paris ne mentionne pas les commerces. Baudelaire mentionne quoi? 


La voûte de Porta est tout autant d’intérêt que celle de Milan, mais sans y exercer la moindre comparaison. Mais cette posture arc-boutée sur le visuel exclut d’autres possibles. 

Juste croisé La traversée des villes d’Odile Massée, 2006, où il n’est question apparemment que des pieds et du sol foulé. Les sols ont-ils une identité singulière? Les pieds oui, qui ont visité Milan avant le COVID et Koenji pas plus tard qu’hier.


Prévision, se prémunir, prévoir : pour le prochain virus, pour les vagues de chaleur en cours qui sont mortelles et appellent à des confinements qui ne seront pas des situations exceptionnelles : maintenir une activité de réflexion et d’écriture, maintenir le contact. Ne pas faiblir sur ces points.