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TELT : Tentative d’épuisement d’un lieu tokyoïte, contrôles préalables

Du côté de Mejirodai, une bâtisse résistante. Un fameux terrain vague campagnard s’est installé autour.

Etel Adnan dans les rues de Paris marche dans des rues d’ailleurs à la fois. Elle additionne par la transition moins de souvenirs que de réactions à des sensations de types coïncidences, où quelque chose dans l’air en passant réveille moins le souvenir que la corrélation entre le lieu présent et un lieu ailleurs. Soudain, marcher dans Paris, c’est (comme) marcher dans Beyrouth. Je plussois. Le souvenir des jambes géographiques vous tient au corps. Ça s’accumule, ça suinte à l’occasion.


_L’affaire est entendue : du japonais, Nicolas Bouvier n’avait que des rudiments. Aussi pourrait-il paraître saugrenu sinon incongru de vouloir parler de son rapport à cette langue. _

_Le peu de la langue. Nicolas Bouvier et le japonais_


Université Meijigakuin et Jacques Lévy


_Mais ce n’est pas seulement le portrait de Bouvier en lecteur de journaux que nous propose Chronique japonaise. L’originalité de Bouvier tient aussi à ce qu’il entremêle dans son récit sa quête des êtres au discours de la presse, comme on le voit dans sa longue description du quartier d’Araki-Cho, lorsqu’il raconte qu’il lit ce qu’est en train de lire sur son journal le « charbonnier assis sur son seuil, une serviette autour de la tête »._


RACONTER PAR INNUTRITION : USAGES DU FAIT DIVERS DANS CHRONIQUE JAPONAISE DE NICOLAS BOUVIER.


Université Paris Nanterre


L’affaire est entendu. La question serait comme pour Beckett, qui est le personnage féminin qui aide? Mais Beckett était fonctionnel en français.


####TELT : Tentative d’épuisement d’un lieu tokyoïte - Prémisses



Incidemment, le Café de la Mairie à Saint-Sulpice, celui de Pérec, était un favori d’Etel Atnan. On fréquente toujours seul.


Objectif en résumé : adapter les formules adaptables de Tentative d’épuisement d’un lieu parisien à Tokyo.


Première étape : analyser le protocole, la mécanique, le procédé. Nécessairement, quelqu’un d’autre l’a déjà fait et en bien, mais qu’importe.


L’intention d’origine : Noter … “ce que l’on ne note généralement pas, ce qui ne se remarque pas, ce qui n’a pas d’importance : ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages.”


Chapitre 1. Chapeau.


La date : 

L’heure : 

Le lieu : Dream Coffee à Ikebukuro, mais Pérec ne se limite pas au Café de la Mairie et change de boutique, et d’angles, tout en restant dans le même périmètre. Dream Coffee ne permet pas ce changement comme il ne se trouve aucun café en vis-à-vis ou à très courte distance. Des gargotes de mangeaille par contre, oui, plein. Adaptation : se limiter à un seul lieu ou, changer radicalement de lieu.

Le temps : qu’il fait.


Inventaire de choses “strictement visibles”.


- Lettres de l’alphabet -> alphabet et idéogrammes, rapidement abandonnées pour énoncer des mots et expressions, noms de commerces.

- Des symboles conventionnels : signes directionnels, panneaux de circulation automobile, autres panneaux.

- Des chiffres : les numéros de bus qui passent. Manque de chance, aucun bus ne passe dans la rue jouxtant Dream Coffee. Suivent quantités d’items, physiques, constitutifs du paysage immédiat, humain, les passants, les slogans sur les véhicules en portant. Les arbres : manque de chance, pas d’arbres du tout sur la rue qui en aurait qui détonnerait en conséquence, surtout au printemps. 

- Trajectoires : foultitude de bus qui vont vers … piste impossible à Ikebukuro, dans cet angle précis.

- Actions simultanées et micro-événements. Mais le regard de Perec ne se porte que sur l’extérieur. Le café, les micro-événements qui s’y déroulent ne sont pas l’object de l’exercice. Enfin si, je tombe juste sur le court et sec énoncé : le café est plein. On n’est pas tenu de le suivre religieusement. On peut tester une formule d’observation de l’intérieur du café. Le terme “cabaret” pas du tout adéquate pourtant se rappelle soudain en mémoire.

- Sauf qu’il suffit de se placer sur un des quatre sièges collant la devanture pour être “à l’abri” de l’observation-écoute de ce qui se passe en intérieur. 

- Ce qui est peut-être une perte.

- Beaucoup de circulation, de mention de taxis. Pas le moindre souvenir d’avoir vu alunir un client à Dream Coffee descendant en taxi. Pourtant, cela me semble être d’un chic fou!

- “Il y a une camionnette de croque-morts devant l’église.” Hmmm… Pas d’église mais on peut voir ces voitures longues banalisées de ton gris généralement - disparus les fourgons noirs avec colifichets de micro-temples dorés sur le toit - voitures longues sur le modèle d’ambulances privées de luxe - ailleurs qu’ici donc. 

- Pérec voit et nomme une “Méhari verte”. Je serai incapable de nommer la marque et le modèle d’un quelconque véhicule, sauf une DS, une Bentley ou une Rolls (risque de confusion pour ces deux derniers).

- ““Un Japonais absent, puis un autre, hilare, demandent à un passant leur chemin. Il leur montre du doigt la rue des Canettes, qu’ils empruntent aussitôt.” Rue des Canettes cité en rafale dans Paris, when it’s naked. 

- Au tabac Saint-Sulpice : “J’ai mangé une paire de saucisses en buvant un ballon de bourgueil.” Pérec s’observe. Par la force des choses, on remplacera les saucisses par un toast oeuf mayonnaise punitif, et le bourgueil par un grande tasse de café du jour.

- “Une fille à courtes nattes dévorant un baba (est-ce un baba ? ça ressemble à un baba)” Pérec fait de l’humour, il fanfaronne. Je souhaite éviter la fanfaronnade, comme ici-même.

- Chapitre 5 : “Par rapport à la veille, qu’y a-t-il de changé ?” Me semble une sorte de routine, acquise, un gain d’efficience dans la prise de note.

- Au même chapitre : “Le plat du jour de la Fontaine Saint-Sulpice a-t-il changé (hier c’était du cabillaud)?” Pas de plat du jour à Dream Coffee. C’est toasts depuis la nuit des temps. Sucre cannelle pour faire son portugais. La seule chose qui change est le straight coffee, le coffee single origin du jour qui est le même chaque jour de la semaine. Samedi c’est Brésil. Je crois.



- Google Maps m’annonce tantôt que j’ai visité Dream Coffee 134 fois. Mon impression est plutôt une cinquantaine de fois. Mais Google Maps sait mieux à la trace. Et avant? Rien. Le temps n’existe que sur l’horloge de Google. Donc, avant, rien.

- Jour 6 sur un banc en direction de la fontaine. Donc, cette fontaine est le point focal de l’expérience. Hmmm… quel point focal à Dream Coffee, sinon que Dream Coffee.

- J’oubliais l’as de pic : le planchette en bois synonyme de siège figurant à main droite juste à l’entrée, quand on sort de l’établissement. Coin fumeur ou téléphoniste. Jamais testé pour consommer. pour répondre à un appel, si.

- “Les pigeons sont quasi immobiles.” Aucun pigeon mais si on en veut, il faut aller tout près dans la direction du moche terre-plein circulaire jouxtant le théâtre-concert. Les pigeons y ont un lieu d’aisance constant sur une ligne de téléphone suspendue au niveau d’un passage piéton. Passage qui me rend soucieux en pensant aux risques de se prendre une déjection.

- “Passage de Paul Virilio : il va voir Gatsby le dégueulasse au Bonaparte.” Je serais bien en mal de voir passer quelqu’un de mes connaissances, sinon qu’en pensée. Peter y serait allé volontiers, à Dream Coffee, une seule fois sans doute, en l’ayant forcé un peu. 

- “Des Japonais dans un car ; ils n’ont pas d’écouteurs ; l’hôtesse est japonaise”. Décidemment, autre lieu, autre temps. 

- “Un car (Globus) aux trois quarts vide”. Sur le terre-plein sus-cité oui. Les bus low cost qui font la navette aéroports. 

- Chapitre 8 : “Instants de vide”. Mentaux?

- “Je mange un sandwich au camembertIl est une heure moins vingt.” N’est-ce pas borderline subjectif?

- Chapitre 9, phrase finale : “Quatre enfants. Un chien. Un petit rayon de soleil. Le 96. Il est deux heures”. Pas de souvenir de chien à proximité. Des enfants, des écoliers revenant des parages de Rikkyo, oui, plein.

(A suivre donc …)