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Articles

Les cartes inutiles

Oui, merci pour la photo. Il se trouve qu’il y a une autre version de cette carte promotionnelle pliée sur le buffet de la cuisine actuellement. Personne ne l’a dépliée jusqu’à présent. Je me suis sacrifié. Il est mentionné le prix de 300 yens au revers mais en fait ces cartes sont distribuées gratuitement. Il est aussi mentionné que celle-ci applique une intéressante technique de pliage - miura-ori - qui permet, moyennant un peu d’exercice - de déployer la carte in situ avec élégance et efficacité - imagines-toi debout immobile sur le trottoir de gauche en montant emmerdant tout le monde parce que tu bouches le passage - et tu tentes de comprendre quelque chose, sans doute à travers une succession de regards qui passent de la carte au paysage - mode d’être dans la rue totalement disparu - ton regard à toi progressivement fiévreux comme tu emmerdes tout le monde et que des regards en coin courroucés même clairement énervés derrière les masques te toisent furtivement. Le problème de cet...

Koenji de mémoire

La mémoire topographique n’est pas totalement cartographique. C’est la mémoire des jambes et du regard associés. Des courses répétées à Koenji avec aisance dans la mobilité ne se traduisent pas pour autant par une capacité de tracer le territoire avec précision. Il faut pour cela peut-être une mémoire visuelle avancée, mais une fois sur place, c’est dans la 3D que cela tourne, et bien. Et donc une vue à grands traits jaunes. Au nord-ouest en rouge vermillon de crime annoncé, la route dite d’évacuation attend son heure pour entrer dans le lard du territoire piéton et l’exploser. Le plus tard possible, svp. Merci. 

Le mont Hakoné à la place du cœur

L’approche du Mont Hakoné est complexe, incertaine. Les résidents des hlm environnants encore vaillants doivent avoir un sacré sens de l’orientation. Le mont accessible par trois escaliers - attention à la descente bien plus casse-cou - se laisse désirer, et même par moments s’éloigner. Un marathon de quartier passe dans le quartier autour du mont. C’est en fin de compte, presque au débouché du territoire qu’apparaît un angle connu, un repère figurant deux moignons d’arbres sectionnés badigeonnés de béton. Ou peut-être deux plots de béton façon moignons d’arbres coupés.  9 mars 1930 est un dimanche comme aujourd’hui et la date, celle d’une longue lettre enfiévrée de Henry Miller à Paris intitulée First Sunday in Paris. Il faudrait peu pour adapter le discours enthousiaste et affabulé de Miller jouant son plus dansant américain à Paris pour en faire une carte postale contemporaine. Sauf que l’auteur est un artiste en ébullition. Il hésite encore entre l’écriture et la peinture. Les ...

Contes courants

Un soupçon comptable quand la personne qui s’est occupé de moi pour l’aide à la déclaration fiscale a dit avec un sourire en coin, quand je lui exposais mon souhait et regret de ne pas faire cela moi même sans se déplacer, mais la complexité de la procédure maintenant totalement numérisée restant identique à la procédure papier, je ne voyais pas comment m’en sortir seul, ajoutant comme question subsidiaire si l’aide à la déclaration en ligne était compréhensible par soi-même peu compétent - j’avais botté en touche très tôt - à quoi il a répondu avec le sourire en coin sus-cité par la négative, et que cela relevait de sa spécialité et ses services .  Je n’ai pas pensé à lui demander sur le moment, mais c’est plus tard qu’il m’est apparu que cet homme au sourire en coin très aimable - et sans doute la plupart si pas la totalité du staff dévoué au soutien des peinants déclarants - et présent de bout en bout à m’indiquer où cliquer, jusqu’où faire défiler l’écran - ce qui fut l’occasio...

L’amplitude du pendule

  Près du Mont Hakoné. Alpes tokyoïtes.  Quand j’ai branché K sur sa capacité hors pair à changer non seulement de registre de langue mais de comportement associé, il est parti sur une tirade très intéressante au sujet de l’amplitude du pendule, de ses années d’errance professionnelle en Europe où nulle part n’était chez soi. Il a bien utilisé le terme ancrage, et non pas appartenance. Le travail au fil des années a été de réduire l’amplitude, en connaissance de causes et d’effets délétères. Se centrer donc autour non pas d’un axe mais de deux à très faibles distances mentales, réduire le balancement à une vibration. L’ancrage est pluriel comme il ne le dit pas. Il est content d’arriver ici. Il est content d’arriver là-bas. Dans les deux cas, il n’est pas question de retour, juste de simples transitions de et vers des sois à soi. On a ici un indice fondamental d’une possibilité d’écriture hors-sol pourtant ancrée dans deux territoires, au moins. Au diable le binômisme. Hors-so...

Un inquiet témoignage

On m’a encore parlé de sensibilité au paranormal, hélas toujours de manière indirecte. Je n’ai pas eu beaucoup d’éclaircissements sur la question du comment ce sujet est apparu dans la conversation rapportée. Personne ne parle du paranormal sur un ton normal, sauf la personne qui s’annonce particulièrement sensible mais tellement habituée à ces rencontres invisibles et redondantes qu’elle ne vous dit cela qu’en passant avec sourire en coin et yeux plissés de côté, connivence blasée. Nonchanlance du spectral. Présence trouble redondante, un brin lassée. De telles histoires rapportées mettent invariablement en branle chez le locuteur qui a assisté à la scène cette respiration un peu saccadée comme si en recherche d’une hyperventilation, une tentative de transe où au final ce sont les détails mêmes de ce que cette voyante a dit qui qui s’effilochent en miettes partielles, provoquant une petite frustration à ne pas connaître le fin mot de l’affaire. Aussi, dans le discours ce sont surtout ...

Dimanche

 

The Kyoto Moment

Haricots mungo Dans quel mesure le mythe d’un moment historique est-il perçu dans le moment? La Lost Generation l’est devenue à postériori. Les outils et mécanismes de génération diffusion en direct font croire à un moment en marche au temps présent continu. Si les conditions d’un mythe en direct sont : - flux cosmopolite intrant - diffusion en temps réel permanent - milieu existant de par la densité humaine requise pour qu’un milieu soit nommé comme tel … Il n’y a pas et n’a jamais eu de Tokyo Moment, en littérature, dans sa dimension cosmopolite. La seule mention d’une telle expression concerne la méga urbanité en référence à une thèse en anglais, avec ses emphases et ses chiffres à millions. Il existe par contre Writers in Kyoto qui fait de la ville le petit Berlin mythifié que Tokyo ne peut être. Etrangement en 2025, après 10 ans d’existence, cette dynamique persiste à prendre pour sujet totémique Kyoto, et le Japon par extension. Comment peut-on y être et se restreindre à ne pas r...

The Tokyo Moment

Retrouvé sur une étagère le livre American Expatriate Writing and the Paris Moment , auteur Donald Pizer, 1996, c’est à dire lu à peu près à cette date.  Dans l’intitulé du titre, c’est bien sûr le Moment, parisien, qui est clé. Il y est question d’un Moment, historique, circonstancié au-delà de la question d’un auteur en particulier, son nombril. Notoirement, l’auteur décédé en 2023 ne mentionne pas même en passant d’autres moments situés dans le même temps ou presque, concernant d’autres nationalités pour qui Paris était un refuge temporaire angoissé aussi souvent dans la dèche et les risques d’assassinats. Heureux dans sa dèche parisienne apparemment juste soucieux de trouver de l’argent, l’américain Henry Miller d’origine allemande est détaché d’autres nationalités qu’il croise au même moment dans les mêmes rues et les cafés phares de la même ville, venus de l’est, et progressivement cherchant fiévreusement un ticket outre-atlantique à partir de 1933 plutôt que de mourir en tra...

La porte coulissante

  Le bruit un peu clinquant de la porte coulissante n’a eu aucun effet sur lui. Affalé sur le tabouret du bout du comptoir au plus près de la télévision allumée, il me tournait le dos très vouté juste retenu par une main posée sur le comptoir. Il dormait. J’ai hésité à peine puis ai fait coulisser la porte grinçante avec précaution pour ressortir dans la ruelle. C’était tard pour un déjeuner et le restaurant à 14h30 était vide.