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Etre ouvroir d’idées par l’empathie

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  La demande émane d’une jeune femme rompue à la candidature de résidences d’écriture. Son message est systématique qui dresse la liste des questions qui comptent : qu’est-ce qu’on mange, où est-ce on mange, qu’est-ce que ça rapporte. Gains qui vont de soi : - économiser  - s’exposer - interagir avec des pairs  - et gens de pouvoir C’est donc dans cette tension existentielle d’enfiler les résidences qui créent et procurent des vacuoles espace-temps libre de création et de rencontres d’escomptés prochains et futurs tremplins que s’écoule un temps la vie en devenir d’artiste montante. La résidence éclatée et sans budget d’Ecrire à Tokyo ne coche aucune case de la formule pérenne. Elle en coche d’autres, mais la tension vitale n’a aucune coudée franche pour les saisir,  sinon que d’y poser un regard de dédain poli, donc de donneur d’ordre des choses qui doivent être ainsi.  Ce conatus furtif est consumériste capitaliste, les deux à la fois, consommateur fébrile, c...

Ça va nous changer un peu

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Epistolaire : La correspondance Keene & Hazzard n’a pas la densité ni le volume de Flaubert et Sand, et manque totalement du contexte précaire originaire, dans ce glissement historique vers les turbulences totalitaires à venir des années 30 de celle de Miller et Durrell. Keen & Hazzard est un plaisant échange entre migrateurs pour raisons de styles de vie professionnelle et hédoniste à la fois, l’une entre l’Italie et les USA, l’autre entre le Japon et les USA aussi, particulièrement New York. L’histoire, l’actualité n’y figurent pas. Un long fleuve tranquille de labeur, Keene mentionnant très tôt la fatigue malsaine de ces vols long courrier intercontinentaux. Beaucoup de coupes inexpliquées dans le texte, phrases jugées soit sans intérêt, soit délicates dont l’exposition ouvrirait la voie à des embrouilles. Je parierais plutôt pour la première hypothèse. Très tôt dans leurs échanges, les années 50, Keene expose sa sensibilité “asiatique”, ce qui ne lui empêche pas d’écrire en...

Ecrire à Tokyo à voix haute

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  On s’égosille samedi 25 janvier à l’Institut Français de Tokyo. Demandez le programme.

Tokyo vaudou

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Tokyo before Tokyo de Timon Screech est enfin arrivé. Commandé en août, atterri presque six mois après. C’est un très beau livre illustré, papier lourd glacé avec en couverture cette superbe estampe de Hiroshige comme une nuit américaine, angle de vue dronique. Si les moyens - la version couverture cartonnée est certainement supérieure. Impression et reliure effectuée en Inde, maison d’édition britannique. On voyage! L’estampe de Hiroshige est une merveille que le MET à New York offre à la vue détaillée avec un scan haute définition rendu public. Question pour lesquelles je ne demande pas de réponses, pas avec entrain, les énoncer suffisent. Cette digue , ce remblai avec un tablier-route confortable correspond-elle plus ou moins à la rue Dote-dôri actuelle? Le contraste entre la pente de terre grise et terne à main droite et le paysage opposé - la Sumida donc? - est remarquable. En zoomant, les personnages qui déambulent ou sont statiques pour certains semblent être intéressés uniqueme...

Exégèse des rues

“Since your departure, an appalling edifice has opened at 57th and Fifth, the Trump Tower, a temple to crass materialism. It carries with it an implication of—Dallas, perhaps; or some brash, indistinct but organised arrangement for flaunting wealth. Trumpery Tower.” 10 septembre 1983, lettre de Shirley Hazzard à Donald Keene Expatriates of No Country #### La légitimité d’écrire Ou la légitimité d’être une fourmie ne peut être octroyée avec magnamité que par le discours docte entomologiste de spécialistes de la littérature, s’entend, professionnels. Même dans des écrits contemporains d’analyses d’écritures amateures dit de “l’ordinaire”dénuées de condescendance - par exemple sur les journaux personnels publics - plus ou moins intimes ou extimes - publiés au creux de la vague de la covid - flotte un relent classique de eux versus nous. C’est de bonne guerre, c’est inévitable. Leurs référants au final restent toujours les auteurs publiés, ce qui est de bonne guerre - redite - qui relève d...

Je regarde ça avec plaisir!

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  Longtemps! Je me suis couché! De bonne heure! The best! Latte! In my life! Ecrire à Tokyo! Un ouvrage! Original! Vous avez mal! Interprété! Mes propos! J’en! Reviens! Pas! M! A! GA! Luxe! Calme! Volupté! Silence! On n’entend! Rien! Got to get! You! Into my life! C’est! Que! Du bonheur! Ecrire! A! Tokyo!

Retour à Oyama

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  Goulet qui tient. Avis de désaccord. Casse pas mon arcade. Plus de destruction du symbole d’Oyama, son arcade marchande, sa signature urbaine, ça suffit. Désaccord silencieux mais bien visible. Non au “redéveloppement”. Redéveloppement = enmochisation, blêmisation, médiocrisation du quartier. Leur arme : la beigisation. Expressions verbales : beiger, vas te faire beiger, se faire beiger.  Kameya Kitchen pour le vintage, boutique beige à fringues pour génération entre-soi beige, jamais plus de trente ans. La galerie couverte a été scindée, pour du moche beige générique. Affligeant manque d’originalité architecturale.  Ici, on vous enmochise votre quartier. On vous beige jusqu’au tréfond du quotidien.   Neuf anémique. 

Non de pays

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Jusqu’au début des années 80, apprendre la langue japonaise en France signifiait transiter par l’anglais. Pas de manuel de langue en français, pas de dictionnaires bilingues poids-lourds. Des noms de japonologues anglophones entretenaient le bruit de fond et décoraient les tranches de livres de la petite bibliothèque de la faculté à Paris. Tuttle était la mystérieuse et séduisante maison d’édition mythique sise à Tokyo. A Jimbocho, la librairie éponyme est devenue depuis longtemps une boutique de sacs, et peut-être aujourd’hui une mangeoire. Le non-universitaire Lafacadio Hearn, le père de la japonologie historique britannique Chamberlain, le diplomate Edwin O. Reischauer, peut-être un Donald Richie, plus certainement un autre Donald Keene sonnaient bien plus une sorte de familiarité en devenir que les rares déités francophones nommées avec respect mais dans l’ombre tel un Origas.  A Jussieu, on portait sur les épaules un uniforme obligatoire inexpliqué de complexe d’infériorité do...

Bloc d’indé-sens

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Un effet d’optique au réfectoire de Waseda projette l’image des tables surtout vides en fin de service sur la baie vitrée, transformant le jardin plane dehors comme si un amphithéâtre à gradins.  Il faut reconnaître que cette écriture diariste n’a pas pour objectif de déboucher vers “un livre”. D’où l’ironie de s’entendre dire au fil des années “mais tu devrais écrire”, s’entend, un livre, mieux si publié parce qu’ainsi un vrai, le reste étant faux. Ici aussi, il est question de lancer un agent IA qui fera le job d’écrire, mais de manière stratégique, enfin… Bon débarras à l’écriture qui ne rapporte rien…, à l’écriture, tout court.  Mais il y a bien mieux, comme aller faire des achats de nourritures à Ningyocho alors que le jour est tombé. La luminosité de l’avenue courte et des parallèles et tangentes sans trop s’éloigner est ce qu’il y a de plus proche d’une estampe du XXe siècle d’une rue de Tokyo. Alors que Nihonbashi a totalement perdu cette texture, que Ginza est essenti...

Réduction des protocoles

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Il ne faut pas écrire sur une cérémonie de crémation. Ce n’est pas un sujet. La famille ayant choisi une cérémonie sans cérémonie, nous n’avons pas eu droit au prêtre scandant de longues prières incompréhensibles au rythme d’un instrument de percussion. Peut-être une source de tension en moins. Nous n’avons pas eu non plus ce moment où tous les présents se saisissent de fleurs coupées pour les déposer dans le corbillard exposé. Le maître de cérémonie a fermé la lucarne n’exposant que le visage, il a attaché une étoffe blanche préinstallée aux extrémités. Il s’est produit une transition de la table fixe d’exposition du corps à la table de crémation, un mouvement harmonieux et automatisé de celle-ci vers l’intérieur du dispositif, la pression sur un bouton qui a déclenché la lente fermeture des battants du four tandis que tout le monde avait adopté une position de prière muette, mains jointes au niveau du visage, tronc un peu baissé, regard clos, je suppose. Quand on a eu une enfance bai...