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Articles

Affichage des articles du mars, 2025

Eloge des grandes enjambées

La perspective rend morose de ne pas passer au retour par Wakayama, de ne pas y performer des routines annuelles ou bi-annuelles plaisantes, mais surtout de ne pas pouvoir rencontrer le Professeur, qui justifie à chaque fois de faire un détour rituel  par Wakayama, de performer ces passages traces-consuméristes hédonistes, un café à Shake Hands Coffee, un petit-déjeuner à Marina, et de prendre le train express qui secoue pas mal, comme si sollicitant à outrance les capacités techniques d’une voie sans doute ancienne, s’arrêtant malgré tout trop souvent à des gares toutes secondaires dans le but inavoué et lancinant comme la honte d’être contraint de procéder ainsi sur une ligne à voie unique pour laisser passer un tortillard, exposant ainsi malgré le nom zéfirien du convoi la promesse vide de vitesse et de crinière au vent alors qu’il ne s’agit que d’un convoi tout juste un peu plus fringant qu’un omnibus. Les trains n’ont pas de crinière certes, un défaut animalier. Un moment dans...

Ancrages, désengagement, faits quotidiens

Accueillir à la maison le patron de la boutique d’électricité avec son employé qui doit faire ses 70 ans passés. Conciliabule sur les câbles. Pour ouvrir la boîte à fusibles, il faut retirer les poêles suspendues. Il me demande impressionné qui fait la cuisine ici. Parler de la température, des pollens et du sable jaune qui étouffe avec la boulangère. Elle n’est pas asthmatique. Parler de son fils qui a maintenant dix ans et qui l’autre jour faisait le service avec la machine à café, apportant la tasse remplie à la table avec l’expression de politesse qui sied. Entendre son regret qu’il se permet maintenant de répondre à sa mère et signifier qu’il a bien compris, avec un brin d’énervement. Evoquer son autonomie qui vient. Evoquer que l’enfance s’en va. Aujourd’hui, premier jour des très courtes vacances. Parler avec la patronne de Phantom au sujet de la température, un filon, qu’attendre au feu pour traverser, la jauge commune, est ce jour limite supportable, proposer de céder ma table...

Hallucination avouée, à moitié pardonnée

I am referring here to the article Belonging from afar: nostalgia, time  and memory  by Vanessa May. In there, she writes that Belonging is fundamentally a temporal experience that is anchored not only in place but also time. I have difficulties understanding what is meant by temporal experience. Can you elaborate? In Vanessa May's article "Belonging from afar: nostalgia, time and memory," the idea of belonging as a "temporal experience" refers to how our sense of belonging is deeply connected to and shaped by time in several important ways: 1. Belonging exists across different timeframes - it's not just about the present moment but connects to our past experiences and future aspirations. 2. Our sense of belonging often changes over time as we move through different life stages, relationships, and environments. 3. Memory plays a crucial role in how we experience belonging - we carry emotional attachments to times and places from our past that continue to sha...

Bifurquer

“  It is not expected of critics as it is of poets that they should help us to make sense of our lives; they are bound only to attempt the lesser feat of making sense of the ways in which we try to make sense of our lives ”  Franck Kermode A m’a recommandé les sandwichs, malgré l’intérieur beige béton indigent.  Idée : tout vous porte à la fiction de soi. On vous a demandé cent fois votre nationalité. Sur les 100 fois, 99 se sont traduites par … rien. Vous n’êtes même pas un axe, tout juste un sous-développé, un point. Pas un point d’impossible, un point pré-défini. On ne vous a pas demandé votre avis. Vous êtes une nation, et plus tard éventuellement un représentant en vins, fromages et art de vivre, et plus. Vous pouvez basculer plus avant dans la caricature de l’homme sandwich, devenir corsaire du commerce international, devenir la dame figée entre 22 et 27 ans et demie rapportant ses faits de zizis dans le cadre d’un visa travail extensible, le filon du moment quand m...

Collision évitée

La scène se passe sur le quai de la station en direction de l’est. J’ai quitté le train pour me diriger vers l’autre ligne située au niveau inférieur. Annonce de fermeture imminente des portes. Mouvements d’électrons libres en précipitation soudaine vers les wagons à travers le quai particulièrement large ici pour une tentative ultime de monter. Rien noté du jeune homme qui déboule dans ma trajectoire sinon que c’était un jeune homme, qu’il a amorti le choc possible avec une formidable dextérité de danseur, qu’il n’y a pas eu collision en conséquence, juste une amorce sans suite, qu’en signe d’excuse et dessinant une esquive millimétrée dans l’improvisation, il m’a touché presque affectueusement le bras droit, voire même pas presque mais franchement, comme signe d’excuse d’une rencontre qui n’a pas eu le moins du monde le temps de se transformer en désagrément, irritation par l’accident ainsi évité, juste une reconnaissance approbatrice de sa solicitude, à me dire déjà qu’il fallait se...

Autobiographie de 2025

Une réorientation tardive permet seulement maintenant la lecture de Bloodlands de Timoty Snyder. Jusqu’en 1989, les narrations étaient derrière le mur. Et donc la compréhension de cette époque bientôt centenaire constitue une progressive découverte contemporaine. 90% des goulagués ont survécu, donc lui oui, son frère non. Ceci est quelque part lié à cela mais en 2011, j’avais contacté sur un coup de tête l’auteur Edmund De Waal suite à la lecture de The Hare with Amber Eyes: A Hidden Inheritance, et en regard de Fukushima. Le lièvre, c’était 2010, Fukushima l’année suivante. Exposition d’un projet artistique en réponse à, retour instantanée. J’ai même retrouvé le mail. “Count me in!”. Et puis plus rien. Le projet n’aurait jamais abouti et j’imagine que la communication - barrage filtrant comme une concierge tyrannique derrière l’hygiaphone sans teint - intervint rapidement. Notes en bas du fichier :  Inconnu Ne sert à rien Pas de pied-à-terre à Karuizawa.  Il n’empêche que les...

Conversation avec IT

  Exploring Georg Simmel’s *The Metropolis and Mental Life* in the Context of Contemporary Tokyo A Conversation with ChatGPT User Context: A 65-year-old white Westerner, living in Tokyo for 40 years. Initial Hypothesis & Research Aim User: I want to draw relations between Georg Simmel's The Metropolis and Mental Life with the experience of contemporary Tokyo as a non-Western metropolis. Simmel wrote about the metropolis as a western entity, as a matter of fact. My hypothesis is that the fluxes, dynamics, structures and patterns of human interactions in past and contemporary metropolis are not equivalent despite the advance of globalization. My purpose is to list key topics to be investigated in a future analyses where Simmel's text serves as a starting point. Proposed Key Topics for Future Analysis ChatGPT: That’s a fascinating angle. You're right—Simmel conceptualized the metropolis through a distinctly Western, early 20th-century European lens, but applying his framew...

Plan : Cartes de visites

 

Pour des écritures impubliables

Ebauche de yuzu Une nouvelle année, une nouvelle annonce de la Japan Writers Conference, une nouvelle redondance. All ** published ** writers, translators, editors, readers, agents, publishers, and writing event's organizers are welcome to submit proposals. Both new presenters and those who have presented at past conferences are welcome to submit. Selected speakers will have an opportunity to sell their books in the exhibition room.   When planning your JWC proposal, ** keep your audience in mind **. Your listeners will be writers and others (translators, editors, publishers, agents, etc) **concerned with creating publishable writing**.  ** Teaching, literary studies and private self-expression are NOT the focus of our conference. ** Gras et étoiles pas d’origine. Prévoir en conséquence la parution de : - Ma traversée du Japon à vélo. - Le volume 8 des aventures de l’inspecteur Tanaka, épicurien des nouilles. - Mon carnet de recettes à la campagne où je me suis installée en c...

Les cartes inutiles

Oui, merci pour la photo. Il se trouve qu’il y a une autre version de cette carte promotionnelle pliée sur le buffet de la cuisine actuellement. Personne ne l’a dépliée jusqu’à présent. Je me suis sacrifié. Il est mentionné le prix de 300 yens au revers mais en fait ces cartes sont distribuées gratuitement. Il est aussi mentionné que celle-ci applique une intéressante technique de pliage - miura-ori - qui permet, moyennant un peu d’exercice - de déployer la carte in situ avec élégance et efficacité - imagines-toi debout immobile sur le trottoir de gauche en montant emmerdant tout le monde parce que tu bouches le passage - et tu tentes de comprendre quelque chose, sans doute à travers une succession de regards qui passent de la carte au paysage - mode d’être dans la rue totalement disparu - ton regard à toi progressivement fiévreux comme tu emmerdes tout le monde et que des regards en coin courroucés même clairement énervés derrière les masques te toisent furtivement. Le problème de cet...

Koenji de mémoire

La mémoire topographique n’est pas totalement cartographique. C’est la mémoire des jambes et du regard associés. Des courses répétées à Koenji avec aisance dans la mobilité ne se traduisent pas pour autant par une capacité de tracer le territoire avec précision. Il faut pour cela peut-être une mémoire visuelle avancée, mais une fois sur place, c’est dans la 3D que cela tourne, et bien. Et donc une vue à grands traits jaunes. Au nord-ouest en rouge vermillon de crime annoncé, la route dite d’évacuation attend son heure pour entrer dans le lard du territoire piéton et l’exploser. Le plus tard possible, svp. Merci. 

Le mont Hakoné à la place du cœur

L’approche du Mont Hakoné est complexe, incertaine. Les résidents des hlm environnants encore vaillants doivent avoir un sacré sens de l’orientation. Le mont accessible par trois escaliers - attention à la descente bien plus casse-cou - se laisse désirer, et même par moments s’éloigner. Un marathon de quartier passe dans le quartier autour du mont. C’est en fin de compte, presque au débouché du territoire qu’apparaît un angle connu, un repère figurant deux moignons d’arbres sectionnés badigeonnés de béton. Ou peut-être deux plots de béton façon moignons d’arbres coupés.  9 mars 1930 est un dimanche comme aujourd’hui et la date, celle d’une longue lettre enfiévrée de Henry Miller à Paris intitulée First Sunday in Paris. Il faudrait peu pour adapter le discours enthousiaste et affabulé de Miller jouant son plus dansant américain à Paris pour en faire une carte postale contemporaine. Sauf que l’auteur est un artiste en ébullition. Il hésite encore entre l’écriture et la peinture. Les ...

Contes courants

Un soupçon comptable quand la personne qui s’est occupé de moi pour l’aide à la déclaration fiscale a dit avec un sourire en coin, quand je lui exposais mon souhait et regret de ne pas faire cela moi même sans se déplacer, mais la complexité de la procédure maintenant totalement numérisée restant identique à la procédure papier, je ne voyais pas comment m’en sortir seul, ajoutant comme question subsidiaire si l’aide à la déclaration en ligne était compréhensible par soi-même peu compétent - j’avais botté en touche très tôt - à quoi il a répondu avec le sourire en coin sus-cité par la négative, et que cela relevait de sa spécialité et ses services .  Je n’ai pas pensé à lui demander sur le moment, mais c’est plus tard qu’il m’est apparu que cet homme au sourire en coin très aimable - et sans doute la plupart si pas la totalité du staff dévoué au soutien des peinants déclarants - et présent de bout en bout à m’indiquer où cliquer, jusqu’où faire défiler l’écran - ce qui fut l’occasio...

L’amplitude du pendule

  Près du Mont Hakoné. Alpes tokyoïtes.  Quand j’ai branché K sur sa capacité hors pair à changer non seulement de registre de langue mais de comportement associé, il est parti sur une tirade très intéressante au sujet de l’amplitude du pendule, de ses années d’errance professionnelle en Europe où nulle part n’était chez soi. Il a bien utilisé le terme ancrage, et non pas appartenance. Le travail au fil des années a été de réduire l’amplitude, en connaissance de causes et d’effets délétères. Se centrer donc autour non pas d’un axe mais de deux à très faibles distances mentales, réduire le balancement à une vibration. L’ancrage est pluriel comme il ne le dit pas. Il est content d’arriver ici. Il est content d’arriver là-bas. Dans les deux cas, il n’est pas question de retour, juste de simples transitions de et vers des sois à soi. On a ici un indice fondamental d’une possibilité d’écriture hors-sol pourtant ancrée dans deux territoires, au moins. Au diable le binômisme. Hors-so...