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Retour à Shimbashi

Une photo d’illustration serait bienvenue. 老舗 しにせ shinise, maison de tradition, un mot-clé, majeur pour aborder l’espace urbain marchand de caractère en journée, celui qui perdure dans les recoins. Shimbashi est perclu de 老舗 à condition de les voir. Il est facile de ne voir que les pachinko, les restaurants avec de vastes affiches exposant le cru de tranches de boeuf persillé, le rouge limite chirurgical de thon gras, les lieux plus discrets, plus authentiques dans l’imaginaire des ruelles. Ne manque que l’exposition en mode food porn de vagins accueillants. Mais ceci est, principalement, du soir jusqu’à tôt le matin.  A 10h du matin dans les ruelles, on se prépare. Non, ça se prépare : le quotidien. Il suffit d’y être pour en être. Seule le quotidien me sied. On sent encore mais très vaguement un fond de parties pas frais de la veille. La pâtisserie, ce nom ridiculement inapproprié pour désigner une boutique de wagashi, est du plus pur arrêt sur image. Manque le noir et blanc....

Sur la résidence d’écriture Ecrire à Tokyo

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La présentation en ligne du principe d’une résidence d’écriture à Tokyo sous l’égide d’Ecrirea.tokyo ne manque pas de surprendre. Cela peut se comprendre, un peu. Pour reprendre dès le début, dans cette résidence, il n’y a pas : - De lieu dédié - De budget - De sponsor Ce n’est pas, la Villa K, la Villa de R, la Villa d’A, comme ailleurs. Ce que nous offrons : - Des clés de la ville (nous ne sommes pas propriétaires de Tokyo, mais nous faisons comme si). - Des suggestions fines basées sur du vécu, des routines et savoirs-ville de lieux propices à l’écriture (pas de Starbucks et assimilés, pas de coworking spaces et autre lieux beiges). - La possibilité de rencontres avec des acteurs d’Ecrirea.tokyo pour parler ville et écriture, et très probablement vous donner des conseils et des idées. - Ces rencontres sont conçues comme des dons, de temps d’abord. Tout le monde est occupé, personne n’est en mode pieds-à-terre à Tokyo à la belle saison avant de retourner sur la côte atlantique. ...

Rappel : Menus de la maison - Faire à manger - Faire manger - Le fait maison

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  Menus de la maison - Faire à manger - Faire manger - Le fait maison Sur ce projet en cours . Il s’agit d’une liste chronologique de menus consommés à la maison à Tokyo, une expérience d’écriture blanche associée à la nourriture familiale, une forme d’expression anti-hédoniste du discours gastronomique hégémonique. Pas de recettes, de poses, de promotion produits, juste les faits du faire manger maison, du fait maison dans un foyer où la cuisine est essentiellement faite par soi-même, sans livraison de plats préparés, sans dépendance aucune aux convenient stores, avec un évitement soucieux de tout ce qui est éminement synthétique et industriel massifié, ce qui demande une vigilence permanente et n’est pas toujours évitable. La cuisine familiale est absente des conversations de ceux qui ne parlent que de gastronomie. Elle mérite l’exposition moins le narcissisme,  pour voir ce que cela fait, de quoi cela parle, peu de nourriture en fait.  Cela peut parler par exemple, de ...

Seule demeure la possibilité de l’encenser

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La promenade en suspension qui se profile à l’horizon 2030 et au-delà autour des extérieurs de Ginza, Kyobashi et Shimbashi figure le simulacre classique d’une prétension à conférer un semblant de primauté aux piétons dans la ville.  Pour cela, allez à Koenji.  D’un point de vue piétonnier, Ginza au niveau du sol sur l’avenue a l’avantage du plat, qui est aussi sa source de monotonie au bout d’un moment, sauf si abrutissement par les enseignes du luxe de masse. Ce n’est pas une belle avenue. Il en existe ailleurs. Dans les rues parallèles et perpendiculaires, c’est un autre monde, surtout en soirée.  Toujours d’un point de vue piétonnier, Kyobashi est un territoire qui génère un profond malaise, pollution sonore, couleurs, aspects des immeubles, toutes ces dimensions qui pèsent sur le passant au lieu de lui faire sentir sa participation à ce grand tout qu’est la ville méritoire. La ville ne peut être méritoire qu’aux personnes qui marchent. Il y a des avenues qui fonction...

Ecrire à Tokyo

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  Depuis juillet 2020 … Ecrirea.tokyo est une initiative de dialogue sérieux mais pas austère qui réunit des personnes impliquées dans, curieuses de, ou intriguées par l’écriture, en langue française d’abord, avec Tokyo et le Japon en toile de fond, ceci à titre professionnel  ou non,  avec un rendez-vous mensuel sur Zoom. être publié n’est pas une condition qualifiante de participation, de même que le lieu géographique des participants est sans importance. Ecrirea.tokyo est l’occasion de consacrer deux heures de dialogue thématique par mois et puis s’en vont jusqu’au mois suivant sur des sujets analytiques et créatifs autour des écritures. même si certains participants sont des universitaires, Ecrirea.tokyo n’est pas académique. Les organisateurs en particulier et exclusivement sont des cancres. Ne soyez pas impressionnés par les sujets évoqués. Hormis la curiosité pour l’écriture, aucun diplôme n’est requis. Ecrirea.tokyo a pour ambition de créer du lien et développer d...

Perdu de vue

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- Tu sais, l’arbre pas loin de la maison. - Ah oui, je vois! Nous ne nous sommes pas vus depuis 20 ans? Non, depuis 10 ans sans doute, la dernière fois à San Francisco quand il m’est arrivé cette étonnante et stressante aventure de m’être perdu au retour d’une courte promenade, totalement, littéralement perdu, de n’avoir pas su retrouver mon chemin, de n’avoir pas du tout noté quelques caractéristiques de la maison, de son pourtour immédiat, maison que j’avais quittée une demi-heure avant, démuni de numéro de téléphone à contacter, démuni de téléphone fonctionnel, sans le moindre indice de l’adresse. C’était je crois un dimanche. Tu m’avais dit d’aller voir la perspective du parc situé plus haut au sommet de la colline. Je passe sur les circonstances qui ont permis de finalement être remis sur le bon chemin, accompagné, mais cette expérience d’une perte totale de sens et de direction dans la ville fut une expérience d’incontrôlabilité aigue parfaitement déroutante, et unique. Comme de ...

Nous ne mourrons jamais

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Un élu au sujet de sa ville se lamente sur l’impact des locations saisonnières.  L’âme de sa ville se transforme : c’était une vraie ville, elle avait une âme, elle devient une station balnéaire. Sauf que si l’on s’informe sur ce qu’est historiquement sa ville depuis le 19e siècle et jusqu’à maintenant, on apprend qu’il s’agit dès le début d’une destination de villégiature, d’une station balnéaire. Y a-t-il eu un moment où la ville récente dans le vécu de cet élu était plus ville que station? L’explosion des locations saisonnières n’aurait-elle pas dégradé “l’âme” très bourgeoise idéalisée des lieux transformés en zones d’hyperconsommation hédoniste à degrés de pouvoir d’achat variables, de marches incessantes, de terrasses et food courts débitant de la nourriture authentique industrielle, de chefs toniques poivre et sel venu de Paris qui ont fait Tokyo? Rien de cela à Asakusa. Pas de classes, juste des strates parallèles d’entertainment, des tempuras trop chers pour la qualité, pa...

Rentrée littéraire : jeudi 23 mai 2024

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  C’est ce jeudi 23 mai 2024 que les 100 exemplaires d’Ecrire à Tokyo - Japon : d’autres récits, vont être réceptionnés à Paris encore fumants de l’imprimeur, sans doute fumeux. Pour Tokyo, il faudra encore attendre mais peu. Calaferte, cité par Joseph Andras dans Littérature et Révolution, J. Andras, K. Harchi, Editions Divergences, page 189 (putain de livre extra!) : “C’est un phénomène moderne, c’est les médias : je ne fais pas un rapprochement obligatoire entre le fait d’écrire et le fait de venir parler de ce qu’on a écrit. Merde, ils ont qu’à lire.” La page d’introduction et le lien vers le bon de commande, c’est ici. Achetez-le. 

L’inintitulé

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 E est heureuse de retrouver son appartement en France, son chat, sa précarité. Plutôt cela que de revenir ici pour un autre chat, une autre précarité. Maniérismes de petite fille qui joue à se faire croire. Sa déprise du monde ralentit sa chute.  La lecture de Littérature et révolution, un dialogue entre Joseph Andras et Kaoutar Harchi est une lecture importante. Editions Divergences. Ce que font de bien toutes ces petites maisons d’édition. ####Enrichir son vocabulaire, enrichir ses phrases Je vois sur la vidéo N passer à la télé, à l’aise, maîtrisant l’espace et son sujet. Le journaliste le présente avec familiarité. Il dit : “Vous êtes maintenant retraité.” M le reprend avec un sourire de connivence : “Retraité ET heureux!”. C’est l’exacte même tirade qu’il m’avait dite devant un café à Paris. On a nos paquets de phrases ready made, prêtes à livrer, figées. Enrichir son vocabulaire, ses expressions. Echauffement : On peut tester enfin en tirs réels.  Vient déjà le tem...

Bientôt

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