Seule demeure la possibilité de l’encenser
La promenade en suspension qui se profile à l’horizon 2030 et au-delà autour des extérieurs de Ginza, Kyobashi et Shimbashi figure le simulacre classique d’une prétension à conférer un semblant de primauté aux piétons dans la ville.
Pour cela, allez à Koenji.
D’un point de vue piétonnier, Ginza au niveau du sol sur l’avenue a l’avantage du plat, qui est aussi sa source de monotonie au bout d’un moment, sauf si abrutissement par les enseignes du luxe de masse. Ce n’est pas une belle avenue. Il en existe ailleurs. Dans les rues parallèles et perpendiculaires, c’est un autre monde, surtout en soirée.
Toujours d’un point de vue piétonnier, Kyobashi est un territoire qui génère un profond malaise, pollution sonore, couleurs, aspects des immeubles, toutes ces dimensions qui pèsent sur le passant au lieu de lui faire sentir sa participation à ce grand tout qu’est la ville méritoire. La ville ne peut être méritoire qu’aux personnes qui marchent. Il y a des avenues qui fonctionnent, comme celle d’Omotésando que j’évite, mais qui est éminement conçue sans doute grandement par accident comme un continuum piétonnier. Parcourir l’avenue tôt le matin quand les commerces sont fermés a quelque chose de glorieux quand Ginza à la même heure est un désert mental, et un désert tout court, tout comme l’anémique Nihonbashi. Placer les piétons en hauteur sur des passerelles et sortir l’argument vaseux que ceci reflète un mouvement majeur de déplacement du centre de gravité de l’auto vers la marche est le foutage de gueule standard du storytelling de la ville qui change. Augmentez la fréquence des bus et des métros, oui. La zone Kyobashi périphérie de Shimbashi offre déjà des bouts de passages suspendus, ne serait-ce que pour traverser les avenues glabres du territoire. On peut y goûter déjà le bonheur en cette vision de la ville, et s’enfuir ailleurs.
####Une connivence exemplaire
Etre en ville dans les quartiers qui siéent à soi, c’est être de mèche, de connivence, instinctivement, avec les territoires.
####La moindre critique est perçue comme un sacrilège qui attenterait à l’œuvre fétichisée
Ecrirea.tokyo
Baiser à Tokyo
Se promener nu à Tokyo
Faire les 400 coups à Tokyo
Ces bribes de phrases ont pour objectif d’attirer, mais sans payer Google, tu n’existes pas. Une illusion savamment entretenue, car tu es existes ailleurs, et bien plus richement.
Je veux lire les écrits d’autres contributeurs qui publient et je me targue de les suivre à la trace avec application. Dans une autre circonstance culinaire et marchande, le présentateur avait dit de moi comme de tous les nouveaux venus : “Ils mangent”, signifiant, ils mangent dans nos établissements. Depuis non, on mange ailleurs, mais la question de lire les auteurs que l’on connait pour les lire, et ainsi aussi, les soutenir, ou simplement les soutenir même si sans achat, et d’abord même sans acte d’achat, est une attitude capitale, d’autant plus facile quand ils publient sur Blogger. Et s’ils publient un livre, je veux l’acheter, pas quémander une copie-cadeau signée. Non, l’acheter, parce que dans ce cas, mais il y a des alternatives, c’est faire signe de soutien.
A mes amis tétanisés qui n’ont donc pas réagi, à mes amis spectacularisés qui mon répondu par un “Bravo!” ironique, ou un “Je suis à Paris actuellement”, sans passer à l’acte, je dis, merci. Je dis aussi, qu’il y a au-delà de l’acte d’achat du recueil de textes Ecrire à Tokyo - Japon : d’autres récits, d’autres façons de faire, d’être, plus attirantes, plus valorisantes mêmes, plus courageuses, audacieuses, bien vues, créatives, hors du bocal, excluant même l’option achat.
“On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…”
- Rien à foutre du Japon mais je connais quelqu’un qui pourrait être intéressé.
- J’en prends un et je le place dans une cabine téléphonique. La gageure sera de trouver une cabine.
- J’en prends un pour un cadeau à ma bibliothèque de quartier.
- J’en fait cadeau à ma maîtresse.
- Choeur : laquelle?
- Répondant : la maîtresse d’école.
- J’en fourgue un à ce couple qui s’apprête à prendre l’avion pour Ecrirea.tokyo.
- Je n’en prends pas un volume, mais j’en parle.
- J’en prends une douzaine pour les distribuer à de potentiels voyageurs et leur donner envie de passer à l’acte (histoire vraie).
- J’en prends un, je le lis, et je le donne, et je dis de faire de même.
- J’en dépose dans les facs de langues asiatiques.
- J’interviewe des contributeurs de l’ouvrage (affaire en cours…).
- Je le place en orbite.
- Je le fais atterrir sur la Lune.
Le titre et les intertitres qui débutent par #### sont issus du passionnant et ultra-lucide article de Christophe Apprill intitulé “Charmatz l’héritier” paru récemment sur Lundi.am.