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Affichage des articles du mai, 2025

Shimbashi de nuit

De retour à la maison juste après minuit. Un peu insensée cette course. Zapper les détails. Toujours est-il qu’au poste de contrôle de l’immeuble, jusqu’alors jamais vu du rez-de-chaussée, un des deux gardiens, homme d’une cinquantaine d’années souffrant d’une difficulté importante à marcher, me recommande de faire le 110, souligne qu’ils sont accueillants et empathiques, ce qui est sans doute vrai dans un cas de détresse mais résiste toujours à la normalisation, l’idée que la gentillesse et la police peuvent se combiner.  Toujours est-il que j’hésite à voix haute, ne me voyant pas expliquer en long et en large la situation à distance, sans voir mon vis-à-vis. Je lui demande s’il y a un poste de police proche. Il me répond que le plus proche est celui de Shimbashi, près de la placette avec la locomotive,  SL広場, poste que je visualise à peu près. Oui, l’angoisse réveille l’asthme. Non, l’asthme n’est pas la conséquence de l’angoisse. Couloirs de marche aérienne quasiment vid...

A Shibuya

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Paiement d’une rançon au kombini. Le jeune homme avec un nom en katakana sur le badge s’adresse à moi mais sur le coup je ne le comprends pas. Parler avec le caissier n’est pas dans le script et je suis devenu aussi froid dans ces situations qu’un Tokyoïte standard. Et je n’en suis pas fier. Lui est cool affable. Je lui demande de répéter. Il me demande d’où je viens. Immédiatement, c’est sympathique. Je lui demande la même chose en retour. Bangladesh. Au Japon depuis 7 ans. Nous avons comme langue commune le japonais rendu ainsi dans ces situations un idiome international, comme il va de soi. Quand l’envie d’un jardin vient, d’autant plus en mai, le vrai printemps, direction Shibuya Engei à Nérima. Ce n’est pas un jardin mais un pépiniériste marchand de fleurs et plantes et tout ce qu’il faut pour le jardin. Une destination où je n’ai rien à acheter, qui respire un air de jardin justement, avec une foultitude de plantes, comme dans un jardin touffu comme escompté. Il comble toute l’en...

L’usure des petits mondes

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La traversée. Alexandre Gefen dans Vivre avec chatGPT parle de vulnéralibilités linguistiques et d’”“ une hiérarchie entre ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas payer une vie linguistique augmentée (qui) risque d’émerger .” Qu’est-ce qu’un modèle américain ou américanisé devient, basé sur l’évidence totalitaire du dialogue avec aplomb et nombrilisme dans le pire des cas, ou dans le meilleur, quand la joute rhétorique demeure et est transmise, une fois transposé dans un contexte culturel tel que le Japon - pas le seul - où le dialogue quand il est présent est bref et dénué d’introspection, les questions rares et ultra-formatées - et le savoir poser des questions surtout absent?   L’usure des petits mondes. A Koenji, le patron dépérit mais continue à servir. Il se tient de la main droite de plus en plus souvent posée sur sa joue droite comme pour la soutenir, alors que sa tête tend à s’affaisser. Rien ne dure, cela ne durera pas. A Machiya, le patron marche précautionneusement ...

Exercice reznikoffien

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En fait, ce terme “reznikoffien” existe qui apparaît dans le titre d’un texte académique à paraître en juillet prochain intitulé “ La genèse du vers reznikoffien dans Holocaust : de la prose documentaire au vers libre ”, auteure Valentine Auvinet. Vivement juillet. Le moteur reznikoffien est une affabulation sensible. Il s’agirait d’une application qui transformerait automatiquement tout article de journal, voire même l’édition du jour en intégrale, en une version malaxée dans les règles de rédaction de la poésie objectiviste telle que celle de Charles Reznikoff qui ces temps-ci revient sans cesse en mémoire. Il ne s’agit pas seulement de barrer l’affichage des pubs. Il s’agit de purger la propagande. Et de la coolitude d’un chatGPD pour obtenir non pas du contenu sans aplomb, mais un traitement factuel froid de l’information immédiate. Reznikoff élaborait sur des témoignages. Le moteur reznikoffien moulinerait sur les flux tendus du présent permanent.  Interrogeant le chat LLM sur...

Représentation de la foule sur le pont Ryogoku

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Comment écrire sur ces trivialités alors qu’à Gaza? Massacres, massacres, massacres.   Il y a foule sur le pont Ryogoku.  Rien de nouveau. Comment les artistes ont-ils représenté cette foule est d’intérêt. On passe de l’assez précis à l’imprécis grumeleux.  Sur l’une des estampes de l’excellente exposition en cours au petit musée du Sel et du Tabac - odeur d’impôt - consacrée aux représentations des lieux touristiques le long de la Sumida, le pont Ryogoku fait immédiatement penser au Ponte Vecchio de Florence à la différence près que tout le monde circule sur le tablier le regard droit devant soi, alors qu’en Italie et ailleurs, les marcheurs sont statiques et créent des bouchons humains pour reproduire les indispensables performances de mise en spectacle convenu de soi. L’homogénéité vestimentaire et d’allure des touristes occidentaux en premier est une étrangeté sans nom, et c’est sans parler du sens de l’interpellation que cette vue de cette présence humaine globalisée...

À minima

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Le LLM produit des cartes minimalistes, truffées encore d'aberrations et d'erreurs, mais cela passera.  La carte minimaliste, schématique, qui ignore la courbe,  est d'une certaine manière un retour au temps où toutes les destinations commerciales ou presque indiquaient sous cette forme leur localisation dans un espace résumé.  On en trouvait aussi sur des cartes de visite. On en trouve encore. C'est une approche anti-Google Maps et consorts, mais aussi une interface avec l'environnement qui demande une autre lecture, un autre effort pour faire correspondre l'espace avec la carte.

Tracer des parallèles impensées

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  Requiem pour un immeuble. On dit merci et adieu. Dans une interview d’Eric Hazan disparu l’an passé au sujet de Balzac Paris, il cite les Lorettes, certaines artistes de scène, comme des femmes qui apportaient bienveillance aux usagers . Dans une interview, Liza Dalby, l’auteure de Geisha des années 80, souligne que ce que les Geishas performent à la perfection, c’est l’empathie. Titre d’un ouvrage halluciné : Lorettes et Geishas, costumes, pratiques et rôles dans la société patriarcale . A noter que le guide Où écrire à Tokyo figure désormais et en attendant mieux en ligne via l’onglet sur la top page d’ici et directement via ce lien .  Dans une dynamique parallèle découverte récemment et bien tard, Anne Savelli et comparses élaborent depuis un temps long sur les lieux d’écritures, et de lectures. C’est là que Berlin réapparaît qui n’est pas un hasard, où ils ont bien de la chance de pouvoir ainsi se poser dans tant et tant d’endroits.

Une farouche volonté de performer l’ancrage

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S’il est un trait assez commun parmi les rares écrivants visibles en tout cas allochtones au Japon ou associés,c’est l’évitement de l’autre rare écrivant visible en tout cas allochtone au Japon ou associé. Qui a-t-il de plus intéressant hormis les autres qui écrivent aussi sur eux? Pour faire d’eux un pluriel, ça n’est pourtant pas compliqué. Mais déjà dans le texte sur la métropole de Georg Simmel (1903), l’individu est situé à fond dans sa dimension de monome massif. Quelques minutes à visionner The Crowd de King Vidor. Les vues de New York en marche sont époustouflantes. Disparition d’un colloque sur l’autobiogéographie . Un bel intitulé. Peu de traces déjà. Qui n’est pas des cénacles a maintenant deux choix : ignorer, ou piller. Pillons. Combien sont ou ont été dans la pratique de l’autobiogéographie sans pouvoir ainsi la nommer? Dans l’écriture amateure, cela doit se compter en divisions multiples. Langage militaire. Et donc existe des savoir-écrire considérables. Passer à l’âge s...

Performativité non-spectaculaire de l’élève d’école élémentaire sur le quai des Shinkansen de la gare de Kyoto

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A Wakayama. Photo sans rapport aucun avec le texte, sauf pour l’auteur. Reflet d’une vitrine d’un marchand de kimono dans une ville vide. Se trouvaient peut-être autrefois du temps de la ville vivante quelques geishas. Lieu : les quais 11-12 de la gare de Kyoto, celle des trains à grande vitesse. Heure : 16h passées de peu avant départ à 16h16. Ce qu’il y a de remarquable : un petit seul en tenue d’écolier chapeau jaune joue à maîtriser l’espace et le temps, deux dimensions du cache cache. Il pénètre par la porte du wagon 7 de la rame lente en attente sur le quai 11 pour ressortir illico par celle du 6. Il est profondément dans ses pensées comme on l’est à 9-10 ans, la pensée je-jeu à ras-bord du transgressif ici très auto-contrôlé. Le même en complet cravate serait pris pour un fou. Lui n’est pas remarquable parce que sa performance n’est pas située dans le spectacle. Il n’appelle pas les regards. Il ne s’expose pas. Il est juste exposé.  Il y a donc des enfants qui vont à l’école...

Misono, prière d'insérer

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  A lire ici.