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Articles

Affichage des articles du janvier, 2025

Ecrire à Tokyo à voix haute

  On s’égosille samedi 25 janvier à l’Institut Français de Tokyo. Demandez le programme.

Tokyo vaudou

Tokyo before Tokyo de Timon Screech est enfin arrivé. Commandé en août, atterri presque six mois après. C’est un très beau livre illustré, papier lourd glacé avec en couverture cette superbe estampe de Hiroshige comme une nuit américaine, angle de vue dronique. Si les moyens - la version couverture cartonnée est certainement supérieure. Impression et reliure effectuée en Inde, maison d’édition britannique. On voyage! L’estampe de Hiroshige est une merveille que le MET à New York offre à la vue détaillée avec un scan haute définition rendu public. Question pour lesquelles je ne demande pas de réponses, pas avec entrain, les énoncer suffisent. Cette digue , ce remblai avec un tablier-route confortable correspond-elle plus ou moins à la rue Dote-dôri actuelle? Le contraste entre la pente de terre grise et terne à main droite et le paysage opposé - la Sumida donc? - est remarquable. En zoomant, les personnages qui déambulent ou sont statiques pour certains semblent être intéressés uniqueme...

Exégèse des rues

“Since your departure, an appalling edifice has opened at 57th and Fifth, the Trump Tower, a temple to crass materialism. It carries with it an implication of—Dallas, perhaps; or some brash, indistinct but organised arrangement for flaunting wealth. Trumpery Tower.” 10 septembre 1983, lettre de Shirley Hazzard à Donald Keene Expatriates of No Country #### La légitimité d’écrire Ou la légitimité d’être une fourmie ne peut être octroyée avec magnamité que par le discours docte entomologiste de spécialistes de la littérature, s’entend, professionnels. Même dans des écrits contemporains d’analyses d’écritures amateures dit de “l’ordinaire”dénuées de condescendance - par exemple sur les journaux personnels publics - plus ou moins intimes ou extimes - publiés au creux de la vague de la covid - flotte un relent classique de eux versus nous. C’est de bonne guerre, c’est inévitable. Leurs référants au final restent toujours les auteurs publiés, ce qui est de bonne guerre - redite - qui relève d...

Je regarde ça avec plaisir!

  Longtemps! Je me suis couché! De bonne heure! The best! Latte! In my life! Ecrire à Tokyo! Un ouvrage! Original! Vous avez mal! Interprété! Mes propos! J’en! Reviens! Pas! M! A! GA! Luxe! Calme! Volupté! Silence! On n’entend! Rien! Got to get! You! Into my life! C’est! Que! Du bonheur! Ecrire! A! Tokyo!

Retour à Oyama

  Goulet qui tient. Avis de désaccord. Casse pas mon arcade. Plus de destruction du symbole d’Oyama, son arcade marchande, sa signature urbaine, ça suffit. Désaccord silencieux mais bien visible. Non au “redéveloppement”. Redéveloppement = enmochisation, blêmisation, médiocrisation du quartier. Leur arme : la beigisation. Expressions verbales : beiger, vas te faire beiger, se faire beiger.  Kameya Kitchen pour le vintage, boutique beige à fringues pour génération entre-soi beige, jamais plus de trente ans. La galerie couverte a été scindée, pour du moche beige générique. Affligeant manque d’originalité architecturale.  Ici, on vous enmochise votre quartier. On vous beige jusqu’au tréfond du quotidien.   Neuf anémique. 

Non de pays

Jusqu’au début des années 80, apprendre la langue japonaise en France signifiait transiter par l’anglais. Pas de manuel de langue en français, pas de dictionnaires bilingues poids-lourds. Des noms de japonologues anglophones entretenaient le bruit de fond et décoraient les tranches de livres de la petite bibliothèque de la faculté à Paris. Tuttle était la mystérieuse et séduisante maison d’édition mythique sise à Tokyo. A Jimbocho, la librairie éponyme est devenue depuis longtemps une boutique de sacs, et peut-être aujourd’hui une mangeoire. Le non-universitaire Lafacadio Hearn, le père de la japonologie historique britannique Chamberlain, le diplomate Edwin O. Reischauer, peut-être un Donald Richie, plus certainement un autre Donald Keene sonnaient bien plus une sorte de familiarité en devenir que les rares déités francophones nommées avec respect mais dans l’ombre tel un Origas.  A Jussieu, on portait sur les épaules un uniforme obligatoire inexpliqué de complexe d’infériorité do...

Bloc d’indé-sens

Un effet d’optique au réfectoire de Waseda projette l’image des tables surtout vides en fin de service sur la baie vitrée, transformant le jardin plane dehors comme si un amphithéâtre à gradins.  Il faut reconnaître que cette écriture diariste n’a pas pour objectif de déboucher vers “un livre”. D’où l’ironie de s’entendre dire au fil des années “mais tu devrais écrire”, s’entend, un livre, mieux si publié parce qu’ainsi un vrai, le reste étant faux. Ici aussi, il est question de lancer un agent IA qui fera le job d’écrire, mais de manière stratégique, enfin… Avec des titres d’articles accrocheurs comme : OùBaiseràTokyo, bloc d’indé-sens. Bon débarras à l’écriture qui ne rapporte rien…, à l’écriture, tout court.  Mais il y a bien mieux, comme aller faire des achats de nourritures à Ningyocho alors que le jour est tombé. La luminosité de l’avenue courte et des parallèles et tangentes sans trop s’éloigner est ce qu’il y a de plus proche d’une estampe du XXe siècle d’une rue de To...

Réduction des protocoles

Il ne faut pas écrire sur une cérémonie de crémation. Ce n’est pas un sujet. La famille ayant choisi une cérémonie sans cérémonie, nous n’avons pas eu droit au prêtre scandant de longues prières incompréhensibles au rythme d’un instrument de percussion. Peut-être une source de tension en moins. Nous n’avons pas eu non plus ce moment où tous les présents se saisissent de fleurs coupées pour les déposer dans le corbillard exposé. Le maître de cérémonie a fermé la lucarne n’exposant que le visage, il a attaché une étoffe blanche préinstallée aux extrémités. Il s’est produit une transition de la table fixe d’exposition du corps à la table de crémation, un mouvement harmonieux et automatisé de celle-ci vers l’intérieur du dispositif, la pression sur un bouton qui a déclenché la lente fermeture des battants du four tandis que tout le monde avait adopté une position de prière muette, mains jointes au niveau du visage, tronc un peu baissé, regard clos, je suppose. Quand on a eu une enfance bai...

Tokyo intranquille

La confirmation d’un ressenti sourd, soucieux, intranquille quand évoquant certains quartiers de Tokyo a été confirmé le 1er janvier autour de la table du dîner un peu tardif comme on avait déjeuner après 14h30. Cette confirmation vaut son pesant de fantômes qui a été le sujet de départ auquel je n’ai fait qu’écouter. Puis la pente a glissé soudain vers les zones molles et nauséeuses de Tokyo vécues par J devenu ces temps-ci intarissable. Ses compétences en zones glauques n’ont rien d’académique. Elles sont le résultat de l’accumulation de choses vécues sur le terrain en tant que contremaître vétéran de chantiers de nuit. Une flopée de quartiers se sont vus ainsi nommés avec force moues de répugnance, tout ceci articulé sur un point de vue proche du mien - confirmé par une horde de travailleurs de chantiers urbains - même si pas énoncée de la même manière, à savoir qu’il n’est pas nécessaire de croire aux fantômes et aux spectres pour sentir quelque chose qui vibre quelque part entre l...