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Rupture

La cantine à Waseda a introduit un nombre de changements, de nouveaux protocoles. Note à la lectrice : je ne suis pas enseignant. Les horaires sont réduits et nombres de plats qui étaient servis sur de la vaisselle plastique réutilisable sont maintenant chargés dans des barquettes jetables. Le curry industriel a en conséquence encore plus ce goût inqualifiable d’industriel, ces agents de densification en bouche. C’est à n’en pas douter la conséquence du stress de pénurie de personnel. A l’étage, la cafétéria a remplacé l’American Coffee par du Coffee, ce qui n’est pas un mal, quand bien même il s’agit du même liquide.  Introduction de nouveaux protocoles d’usages des lieux donc impliquant un nouvel effort d’apprentissage, qui n’en est pas. On n’apprend rien. On ne fait que s’adapter. Il ne s’agit pas d’acquérir de nouvelles connaissances mais de se repérer à nouveau, scanner du regard les instructions, redéterminer le positionnement dans l’espace des éléments clés sur lesquels agir com
Articles récents

Les nouvelles géographies

1. Le promontoire à Takinogawa au-dessus d’Oji. En mémoire soutenue par la carte, bientôt soutenue par l’in situ, si secouée la torpeur de ce premier matin de printemps. Y aller. Un dimanche.  2. Le Pont Sans Bruit. 音無橋. Tout un programme. Non, retirer cette expression niaise.  3. Revient en mémoire alors que visitée une seule fois la promenade aménagée de vert, végétalisée, le long des premiers cent mètres de la rivière Shakujii encaissée en contrebas. Un paysage qui reste notoirement décalé par rapport à l’idée d’une mégapole. 3.b La consultation régulière et fine de la carte nourrit avant tout le présent, et avant tout tout la capacité de nommer les lieux, et d’apprendre comment nommer les lieux alors que sur place on en était encore bien incapable. Cet apprentissage géographique à-postériori est un aspect remarquable, une nourriture de l’écrit, qui lui vient plus tard.  4. Le dimanche à Tokyo, tout est ouvert, sauf presque tout qui me nourrit le quotidien qui est fermé le dimanche.

Des cartes et Tokyo

  Art-chantier - Chantier-art Sur Google Maps, on peut afficher en conséquence d’une recherche spécifique les signes symboliques de 川、坂、公園, soit rivière, pente, parc ou square ou jardin. Soudain Tokyo change, et toutes les villes d’ailleurs. Mais on ne peut pas à priori faire en sorte que ces indicateurs soient visibles en permanence. On ne peut pas les mailler . De la même manière que l’on ne peut pas à l’opposé ne pas afficher les commerces qui sont la raison d’être de la représentation cartographiée parce que la consommation est la raison d’être parce que c’est la vie parce que c’est-comme-ça.  Parce que, énoncé sans objet, permet pendant un très bref moment de retomber en enfance.  C’est à dire que cette carte est d’abord une carte consumériste, où le territoire est avant tout à consommer, avant tout, plus que tout, totémiquement tout. Dans un ouvrage, Cartographie et Littérature, de Laurence Dahan Gaida, Presses Universitaires de Vincennes - super bouquin - la carte numérique n’es

Tokyo logistique

  Moteur. Quand on est arrivé, il y avait déjà un clone cool sur le trottoir nous regardant mi-narquois mi-affable, une façon d’interfacer tendance douce de qui jeune parle anglais. On entre. Je suis surpris que le bar soit occupé comme j’ai demandé ces places. Je dis que je suis surpris.  Il dit être surpris. Derrière le bar, un autre cool qui assure qui maîtrise qui domine qui fait coach de gym le matin chef en soirée DJ bartender plus tard, ne nous offre même pas un regard mais une vision humaine marketing globalisée. Il gère une tablée anglophone monogénérationnelle.  Pas la moindre vue de L. Où est-il? Vous voulez vous assoir au bar? Je ne le regarde même pas. Question insensée. Il veut sans doute dire : vous vouliez vous assoir au bar? Un seul “i” vous manque, et tout … On nous fait pénétrer dans la salle du fond que je désapprouve. L est là en retrait de la longue table de pierre, méconnaissable. Il est habillé d’un tablier blanc de chef. La dernière fois, il avait une casquett

Ensemencement temps espace

Le quotidien d’ici est ensemencé par des bribes de quotidiens d’ailleurs - cela arrive presque partout sauf chez les très pauvres ou dans les zones de conflits où les autorités ont coupé l’accès internet - réceptions de messages personnels venus de loin, conversations en directs avec des amis, des proches situés ailleurs, dans des confins non-vécus, ou plus sensiblement dans des lieux vécus autrefois. Le pays avec sa langue, la ville natale, d’autres pays avec d’autres langues acquises. L’ensemencement - une hypothèse - se situe à deux niveaux, dans le concret de la télécommunication, cette télé-hyperprésence qui va de soit, disponible au quart de tour du lancement d’une application, et aussi dans les échos de ces échanges passés, à venir, c’est à dire anticipés, ou ayant eu lieu juste récemment qui entrent en résonance avec son présent à soi géographiquement ancré. Ce second niveau d’ensemencement s’apparente aux neutrinos traversant la Terre, ici le dialogue intérieur, seul détecteur

Familiarité et routines

Document historique : avis de cessation d’activité. Dream Coffee. Ikébukuro. Mentalement au moins, le projet de cataloguer les destinations familières d’autres que soi et des routines hédonistes qui ne se limitent pas aux nourritures est en bonne voie. Les indices et événements s’accumulent qui soulignent le bien fondé du système, événements-coïncidences heureux ou tout à l’opposé.  La fermeture d’une enseigne générique ne provoque pas ces atermoiements. La familiarité ici n’est pas tant une conséquence de pratiques répétées qu’une volonté d’aller consciemment vers des expériences d’ancrage à destination, même si en passant brièvement sur les lieux. La ville, son centre nodal de flux, s’est tellement développée en mode similaire que la proposition psychogéographique, la dérive, ne fait plus sens. La magna carta Google Maps hélas incontournable qui est une carte à visées strictement hyperconsumériste est à détourner dans ses usages personnels pour affiner le sens de la prémonition d’adé

Incursion Pontocho

Cette incursion sur les premiers mètres de Pontocho. Cette incursion, pour ne pas regretter de ne pas s’être incursé ne serait-ce que sur quelques mètres. Pendant ces 10 minutes à peine passées dans Pontocho incursé d’à peine 100 mètres  avec une station d’un instant à peine le temps de reprendre son souffle, deux bouffées de ventoline et une photo donnant sur la ruelle ripolinée instagrammisable sans filtre, dans cette micro-voie perpendiculaire sans issue qui donne sur un morceau de parapet avec vue sur la rivière, et de côté un peu en hauteur dans une sorte de boîte alcôve une divinité joufflue derrière une croisée de bois, dans ce cours laps de temps, une dizaine de gros porteurs intercontinentaux avec en moyenne 500 passagers à bord, sans compter des moyens courriers d’une capacité d’environs 200 passagers venaient d’atterrir, ou étaient sur le point, ou en phase de descente encore au niveau de la baie d’Osaka ou de Tokyo à la file indienne, passagers dont un nombre important alla

Tentative d’épuisement d’un lieu kyotoïte

Lieu : Kikusui - Kyoto Heure :12 h Protocole de notations : pas totalement neutre. D’ailleurs, sélectionner ce que l’on aperçoit est déjà en soi une sélection.  Beaucoup s'attardent rapidement devant les menus confus exposés dehors et abandonnent.  L'usage des lieux ne va pas de soi. Le bus 203 s'arrête au niveau de Kikusui. Il a neigé soudain pendant 3 minutes et quelques secondes. Touristes avec bébés, touristes avec enfants, touristes avec barbes. Touristes locaux ou plus largement asiatiques avec kimonos.  Rares touristes occidentaux portant kimonos.  Le Japon touristique est un de ces rares lieux où il est possible d’exhausser son rêve de petite fille nourrie du fétiche local :  se promener en kimono dans les rues de Kyoto même avec un corps disgracieux, en se sentant visible et invisible à la fois. Et surtout respectée. De cela au moins, qu’il en soit loué. Déjeuner seul n'est pas évident, au niveau de la configuration de la salle s’entend. Mentalement, c’est just