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Articles

Affichage des articles du décembre, 2024

Mettre à l’endroit

On détachera facilement l’exercice d’écriture amateure d’une attente de lecture. Tu me demandes une recension de Parias - Hannah Arendt et la Tribu à Paris? C’est tout un métier que je n’ai pas, c’est main dans la main avec l’écosystème, alors que le lecteur lui n’a pas à s’immiscer dans cela. Lire est un boulot en soi. S’astreindre à la lecture est déjà suffisamment une lutte incessante contre le zapping.  Par contre. Le texte fait écosystème seul, avec dans le meilleur des cas mais pas nécessairement des partages entre ami(e)s. Pour le ressenti par contre, la seule qualification est l’acte lisant, et être attentif à ce que la lecture évoque, ce qu’elle met en branle - ces quelques choses de vaguement - et surtout quand cela paraît bizarre.  Parcourant Parias, m’est revenu ainsi cet article de Sandra Lucbert intitulé Le Monde à l’endroit paru chez Ballast en février 2023, Sandra Lucbert dont les écrits étrangement manquent à l’appel récemment. Deux textes donc : un livre et u...

Lire Parias à Takadanobaba

Associer un lieu à une lecture et réciproquement. Camper sur ses choix.  Où s'asseoir à... Où écrire à... Où laver son linge sale à... De multiples pistes pour intensifier la sensation d'y être.

La sensation du terrain

Il est un monde, crée par une redondance de descriptions qui n’évoluent pas et ainsi font monde. Ces descriptions fixent et figent l’objet, le sujet, pour des temps longs. Quelqu’un m’envoie un article de Régis Arnaud sur l’incompétence nationale de l’anglais au Japon. Comment peut-on écrire aussi banalement après plus de 30 ans de résidence? Par cessation de penser? Par fatigue? Par stratégie? Parce que la rédaction ne veut pas de texte un peu coriace? La réponse n’est pas importante. Sur la question de la possibilité de l’écriture, la seule réponse sûre est : on peut.  Dans la requête sur G apparaît un article à l’identique de 2016 d’un autre auteur, comme quoi il n’y a pas de querelle de personne. Sur ce sujet, sur les sujets, le rédacteur est remplaçable, le propos non. On peut ainsi ne pas évoluer d’un iota en près de 10 ans, ressentir cet effet anesthésiant du “déjà lu quelque part”, mais bien plus fondamental, que le sujet n’est pas le sujet. On peut trouver des articles sim...

Le monsieur américain

Au cours du dîner, la discussion s’avéra véhémente puisqu’ils comparèrent leurs goûts respectifs, sur les qualités des spectacles de nô et de Kabuki auxquels ils avaient déjà assisté. Marguerite exposa, d’un air mi-espiègle mi-indulgent, les raisons pour lesquelles elle préférait le nô, alors que Jerry déclara avec obstination qu’il ne l’aimait pas du tout. Et le monsieur américain qui les accompagnait – Donald RICHIE – qui vivait au Japon depuis 1947 et avait accueilli des célébrités, profita de ce « chahut » pour satisfaire sa curiosité et leur demanda comment ils s’étaient rencontrés.” Vénération suffocante envers l’auteur de passage, sa forme incontournable, prévisible, sa déification de coterie. En marge, un monsieur américain, rémunéré j’espère, mène et cajole et écoute les énoncés sentencieux qu’il provoque et taquine par ses questions de trop journaliste, pas assez auteur puisque n’étant pas lui de passage. La sublimation de l’auteur de passage, l’écrivain-voyageur, est comme l...

Sniffer le papier à Narita, mordre la mule

 Un acte punk réseautique s'impose. La disparition programmée du tarif postal Bücher und Brochures de la poste hexagonale va signifier le basculement vers des tarifs - Collissimo pompe à fric - à l'export et au rayonnement culturel surfacturés. Choc typique que de découvrir en fin de parcours algorithmique avant de cliquer Confirmer l'achat que le volume moins lourd qu'une tranche de tomme de Savoie achetée par faiblesse et nostalgie anticipée à CDG coûte moins cher que l'acheminement. A haïr et mépriser en retour : ces vendeurs qui annoncent la gratuité des livres à l'export facturant des prix incluant l'acheminement pas gratuit, ces petits éditeurs supérieurs ne répondant pas quand sollicités sur la possibilité d'acheter tant qu'il se peut en tarif éco - du côté d 'Arles, du côté du 7e arrondissement même combat où il y a 100 ans, les hôtels depuis montés en graines oligarchiques n'étaient que des garnis miteux. A jeter donc.  Mais pas les ...

Vitesse de croisière urbaine

A Tokyo, ce n’est pas de simulation dont il s’agit, mais de façon d’être, de se mouvoir tant que mouvement se peut. Quand il s’est avéré que B avait le temps et moi aussi, B avec ses quatre jours à peine de vécu au Japon, je lui ai proposé de me suivre, comme la camionnette basse où figure à l’arrière un panneau Follow Me précède l’avion en mouvement sur le tarmac. Mais follow me vite, d’un pas agile, assuré, non précipité - il n’y a pas urgence - mais adoptant une vitesse de croisière soutenue, avec une sentient de sûreté mais sans crâner, soucieuse de fendre la foule sans la blesser ni se blesser soi-même. C’est au niveau de Kaminarimon que je lui ai donc annoncé qu’il n’était pas question de marcher en somnambule touriste suiveur, mais bien de naviguer comme quand on fait les courses avec mentalement le calcul des phases successives à accomplir pour revenir à temps à la maison et que le repas soit prêt à l’heure dite. Je veux insister sur ce point au risque de lourdeurs et redondanc...

Le sujet du sujet

 # Dialogue - Tu crois que? - Oui. Il est en lien, il leur parle.  - Il ne lui manque plus que d’être passeur. - Il l’est, mais il ne le sait pas encore.  - Je n’ai pas réagi dans la veine ironique quand il m’a dit qu’il irait sur la tombe pour la nettoyer. J’ai juste dit merci. L’introduction de Tokyo-Boème de Philippe Pons accessible gratuitement en ligne est truffée - trop à on sens - de citations d’une multitude d’auteurs, dans un geste sans doute de reconnaissance. Deux choses. “L’étranger au Japon reste, sinon un excentrique, du moins cet « être venu d’ailleurs » qui gagne à cette position le privilège de l’observation participante, juste assez pour se sentir affranchi de toute appartenance. Un déracinement qui s’éternise peut engendrer une amertume chez ceux qui ont cru pouvoir se fondre dans l’univers qu’ils avaient élu. Les plus clairvoyants, conscients d’avoir fait du Japon une « utopie du désirable » – non exempte de « la naïveté du premier regard » –, tel Rola...