N sanglote à Kyoto
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A 97 ans, N sanglote soudain en évoquant sa maman, ses grands-parents qui l’on élevée, des personnes nées au 19e siècle. Ses sanglots sont brefs, soudains, qui ne stoppent pas pour autant son désir de se raconter sans fierté. Elle pose des questions aussi, elle sait discuter. Puis elle se remet à sangloter en évoquant le frère du facteur qui est mort étouffé par un morceau de viande coincé dans le gosier. Avec 110 kilos de poids, personne n’a su commen tenter de le sauver même si plusieurs ont essayé en vain.
Elle situe le début sérieux de la dégradation physique à 80 ans. Ensuite, cela ne va pas plus pire et pas mieux en tout cas.
Dans la chambre est mis à disposition une paire de jumelles de la marque Nikon pour observer au loin. C’est à ce moment que l’on se découvre clairement indifférent au matériel, à la possession.
Me voyant manipuler soudain mon éventail, N taquine me lance que cela fait chochotte. Je réponds avec une théâtralité de connivence que je suis outré, que cela fait japonais, et ne marche pas à piles. En conséquence de quoi E exprime le souhait d’en acquérir un identique. Je leur dis que cela est souverain pour la ménaupose et les bouffées de chaleur. Ça les fait rire.
Elles veulent des kimonos, biens sûr. Tout le monde veut des kimonos comme ceux dans la chambre.
Dans le quartier traditionnel, des hordes de touristes en mode de transhumance permanente observe les échopes dans lesquels ils n’entrent pas. Vers 21h, ils sont encore nombreux ces pélerins de l’observation alors que des mangeurs sortent des établissements, que des dames en kimono se courbent entonnant de nombreux remerciements en direction des mangeurs qui s’éloignent. Un taxi lance son klaxon excédé. Gion ressemble comme un soir sur la Costa Brava où l’on aurait édifié une réplique de Gion.
Parmi les vêtements à interdir : les bermudas et culottes courtes au delà de 16 ans.
Etre un vieux con, c’est de penser qu’il faut interdir les bermudas et culottes courtes au-delà de 16 ans.
Etre révolutionnaire-progressiste moderne, c’est de penser qu’il faut interdir ces vêtements ridicules, ces uniformes.
Dans ce reste d’humidité à croire que juin est revenu, Kyoto des avenues est intensemment moche, gris, faux bois sombre qui tombe vers le noir, beige délavé. Le bourdon me semble avoir ici une autre texture qu’à Tokyo. Ce sont les travers perpendiculaire qui créent les suprises. Allant d’un pas ferme vers un supermarché à la recherche de soupes lyophilisées, je m’imagine vivre ici, regardant en coin lassé les touristes comme si des daims de Nara atypiques.
A Gion, alors que l’on tente une sortie vers la gauche, un homme âgé qui porte encore beau, rablé, en costume noir comme s’il sortait d’un enterrement, tient par la main une très jeune femme plus grande que lui tout en hélant un taxi. Elle a des cheveux longs et un parapluie au cas où.
N dit avec à peine une point de mépris : tient, un vieux con emporte une fille de bar.