Mais, je te le dis, je n’irai pas plus loin
Mais, je te préviens, j’irai pas à Waka
yama
Sauf pour écrire à la laverie automatique. Pas une de ces m’as-tu-vu avec mes baskets, ni le genre laverie + café. Non, une pure, sans fioritures, sans signes d’hipstérisation précaire.
Bruits de rotation franche dans l’eau projetée sur les parois d’inox du tambour.
- Je ne voudrais pas être le pantalon.
Voeu exhaussé : écrire dans une laverie automatique
- putain qu’est-ce qu’il fait chaud à l’intérieur alors que dehors c’est novembre en octobre
34 minutes de lavage, faut se dépêcher mon coco.
On peut temporiser ensuite avec 8 minutes de tambour séchoir à 100 yens, ce qui me paraît être un peu beaucoup.
Tout à l’heure en sortant du izakaya, je n’ai pas osé dire au professeur N qu’il est dangereux à mon sens de se tenir les mains croisées dans le dos comme un homme de 80 ans qu’il est en descendant l’escalier qui mène de la partie est de la gare à la partie ouest. Deux pays totalement différents, sur ce point aussi, nous fumes d’accord. Un truc à se tuer si glissade.
Il ne souffre de rien sinon que de l’âge. Son père est décédé à 95 ans. La veille encore il engueulais son bon à rien de fils. Sa mère à 103. Il a l’ADN fait pour durer. On ne choisit pas cela dans les magasins.
Il boit du saké uniquement. Le shochu est mauvais pour la santé, la bière louche. Il a fait des études, et des recherches. La fermentation ne lui est pas inconnue.
On lui a recommandé de toujours boire la même marque, le même flacon. Il applique la recommandation à la lettre, sauf ce soir parce que c’est hors du foyer. Du local sinon rien chez soi donc, parce qu’ainsi, le corps répond dans les oreilles de l’âme ressentie immédiatement pour signifier les petits maux, ses petits maux du moment. Le même saké n’a pas le même goût selon les humeurs instantanées. Je lui signale que c’est exactement la même chose avec les jus d’agrumes en particulier le matin qui sonnent la charge ou le tocsin selon les remugles bizarres, les symptômes discrets. Son saké lui sert aussi de somnifère. Il ne prend pas de médicament. La médecine se désespère.
Comme la dernière fois, on se régale de thon cru pas du décongelé, et de hamo. Il me rappelle que le hamo, poisson d’été avec des restes automnaux, est facturé plus de deux manches pendantes de kimono à Kyoto, alors qu’ici, c’est du poisson de prolétaire.
Comme quoi, hein.
A 15 minutes avant la fin du cycle débute l’essorage. Le premier sans doute.
Mais je te préviens, j’irai pas à Waka
yama
Sauf à la laverie, pour écrire, propre et qui sent le frais.
AQUA, à quoi bon Gas Drier 乾燥機 13kg. J’en ai à peine deux.
Mais c’est le moment ou jamais de tester, d’écrire dans la laverie à Waka
yama
De l’essorer, de l’éreinter.
Tentative d’essorage d’une laverie automatique waka
yamienne
Le train de 11:13 a quitté Shin-Osaka plutôt vers 14:48, dix minutes environ après celui de 12:13.
Il y avait un quiproquo, une panne de feu quelque part qui a tout foutu en l’air.
La nonchalance avec laquelle le contrôleur dans le système audio du train se dit désolé rend l’affirmation pas du tout sincère. C’est un réflexe, un slogan automatique.
Sur la place, un petit attroupement de personnes âgées, des travailleurs, des travailleuses, tandis qu’un homme pas visible mais qu’on entend débite dans un porte-voix puissant une supplique bien balancée sur la nécessité de payer les heures supplémentaires, de donner du temps libre au Japonais pour qu’ils profitent comme en Europe de temps libre pour être en famille …
… pour s’habiller en bermuda teeshirt de 8 à 79 ans et donner partout l’air d’être à Venise.
Mais, je te préviens, je n’irai pas habillé en touriste sur le pont qui enjambe :
- la Sumida
- L’Arno
- La Seine
Je ne contribuerai pas à l’homogénéisation du paysage humain. Il y a déjà suffisamment de chaînes génériques; les bordures de quai de toutes les stations de train sont du même revêtement, du même habillage.
Mais, je te le dis à 7 minutes avant la fin - essorage ultime qui prend son élan - je n’irai pas à Waka
yama
Le prof N - le correcteur a achevé Ni par Nitro, le cn moins l’o. Récemment, l’IA se prend pour le chef. Ça promet.
Pas à Wakayama sauf pour le hamo - sashimi, top, tempura, super top
- Tiens c’est dimanche ils ont encore des bosozokus ici.
Le prof N me soutient tout à fait sur me contenter à Osaka demain de ne prendre que le tram, alors qu’il m’avoue être ignorant sur la ville d’Osaka, tout juste bonne pour un transfert rapide vers Tokyo.
L’indigence du discours - uniquement touristique - sur Osaka est phénoménal.
Il m’est impossible de m’en faire une image même sommaire mais englobante.
Mais à bien y penser, se contenter, d’un seul quartier, d’un seul axe, d’un seul trajet correspond très exactement à la remarque de M il y a des années de cela au sujet de Londres. Inutile de chercher à tout comprendre, tout embrasser. Tu te familiarises avec un seul petit quartier, un avec une ou deux stations de métro. Tu parcoures les rues sur 15 minutes max puis tu fais chemin arrière et tu en enfiles une autre. Rapidement se crée en toi ce truc absolument exquis comme le hamo qui est un certain sentiment de familiarité. Surtout quand tu reviens.
A une minute près de la fin du cycle de lavage.
Non, 0. C’est fini.
Le cycle de séchage est par contre suspect dans le rayon auditif. Ça frappe comme au fond d’une cuve. Tu seras prévenue.