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Le quotidien 1


B nous a fait parvenir une cargaison de ces mochi de riz complet, comme si à peine battu, qui offrent une texture peu élastique et surtout ne stresse pas l’idée de déglutir. Il faut 10 minutes pour faire un plat principal de mochis revenus à la poêle, avec de l’huile d’olive, un ponzu express avec l’acide du moment - une grenade qui allie le sucré du mirin et l’acide d’un agrume et permet de faire d’une pierre deux coups - et en parallèle un daikon, de préférence un karamidaikon pas nécessairement fort au goût mais peu riche en eau et donc qui ne suinte presque pas - inutile d’essorer - qui une fois râpé constitue une salade rafraîchissante à lui seul. 


La râpe en bois récente qui est probablement d’un modèle ancien pas ergonomique et qui entre dans cette tendance strictement urbaine de nostalgie écologique consumériste s’affabulant sur des objets en bois - beaucoup d’efforts musculaires requis - produit un râpé brisé qui permet de manger beaucoup de ce légume sans que la bouche se lasse. Le résultat est distinct et supérieur qu’avec la râpe parallépipédique en métal moins fatiguante à l’usage qui produit des brisures plus régulières, ce qui change la consistance en bouche. Les dents en bois de l’outil doivent entamer la chair du daikon sous une sorte de mouvement d’arrachement de lambeaux irréguliers qui créent la surprise et le contentement au palais.  En cette saison où les daikons, les raves et les poireaux foisonnent, il est possible de manger très sain et très bon à bas coût. K l’autre jour nous a dit qu’il rapporte systèmatiquement un daikon lors de ses passages au Japon, ceux qu’il trouve à Paris étant mous et fibreux, probablement mal conservés ou de cultivars pas adéquates. Les énoncés du quotidien permettent d’oublier ce qui vient, le glâbre du nouvel an, cet arrêt long, silencieux et froid comme un moteur soudain coupé, cette année jusqu’au 8 janvier donc très tard. K ferme son café pour 15 jours et va passer une semaine aux antipodes; les autres lieux familiers vont hiberner je le crains une bonne partie de la première semaine. Ce ressenti d’arrêt sur image hivernale lancinant va se poursuivre jusqu’à tout février au moins.