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Dormir pas loin

 


Somme toute, cette idée de passer une nuit dans un hôtel proche dont la disparition est annoncée s’est traduite par une étrange expérience. D’abord un gros coup de cafard, du au lieu, au savoir de la disparition annoncée, au suranné, aux tapis rouges en étage comme dans une cinémathèque qui perdure dans son vieux jus, à d’autres soucis indépendant de l’expérience aussi, à la chambre de conception japonaise sauf les meubles, mais pas les fauteuils en rotin et coussins le tout trop bas de centre de gravité qui fait souffrir au niveau des cols de fémur et du bas du dos, le sol à niveaux pluriels qui exigent de faire très attention, en permanence, à où les pieds se posent machinalement, niveaux pluriels qui rendent la circulation machinale qui est gage de confort impossible parce que risquée. Se déplacer dans cet espace de huit tatamis, à peu près, est source de tension qui finit par épuiser. Retirer ses chaussures avant que de monter sur les tatamis, veiller à ne pas trébucher en entrant dans la salle de bain comme en sortant, étant donné cette séparation, barre transversale que l’on retrouve même dans les plus pourris des business hotels, qui n’a pour seule fonction que de contenir suffisamment longtemps l’eau qui pourrait fuir de la baignoire (on y met un cadavre?) et s’échapper ainsi à l’extérieur jusqu’au couloir, imposition de critères techniques qui ignorent le confort de l’usager. 

J’ai fait un saut comme une fuite salvatrice à Minowa histoire de marquer la distance, espérant que l’on ait oublié quelque chose à la maison qui me permettrait d’y faire un sauf mentalement bénéfique pour aller y récupérer l’oubli, ce qui, joie! ne manqua pas d’arriver. Un gros quart d’heure long comme un vol de nuit de 15 heures. J’en aurai profité pour nettoyer la casserole à riz qui trempait et jeter un sac poubelle presque plein, récupérer le courrier dans la boîte aux lettres, pratiquer ces routines essentielles mises en arrêt sur image par cette drôle d’idée d’aller coucher ailleurs mais pas loin. Je zappe sur le parcours nocturne tant de fois pratiqué avant le covid en mode diurne, que je ne recommanderais à personne aujourd’hui, de jour comme de nuit. Suidobashi est déprimant, sue le malaise. Je confirme.

Le dîner fut chinois mais l’intérieur qui ne date pas d’époque, de l’époque du début, n’aurait pas plu à Hercule Poirot que l’on ne vit pas arriver. On avait imaginer à tord quelque chose de plus classique, art déco avec quelques dentelles. Chinois maniéré, et trop sucré, attente longue entre les plats tant et si bien que l’on demanda d’accélérer, ce qui fut compris illico et mis en oeuvre immédiatement. Le sashimi du petit déjeuner lui était parfait. Gloire aux petits déjeuners, même si dans la lumière grise d’un dehors pluvieux. Sinon, Vermeer.