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De l’acupuncture urbaine - extrait - juillet 2022



La ville est un corps de circulation d’énergie, conflictuelle, laborieuse, irritante, adorée, honnis, tout à la fois. Soi est lié à ce corps de par le mouvement, de par les savoir-villes accumulés. Pour influer sur le Yin et le Yang urbains connaissant un paquet de méridiens, le marcheur en ville se doit de sélectionner et apprécier des points d’acupuncture qui lui sont particulièrement sensibles. Et d’y revenir tant qu’il peut. Le petit carrefour avec le Dream Coffee à un angle entre la rue Rikkyo et une autre sans nom qui dégringole à plat plein sud vers le square Nishi-Ikebukuro est un de ces points vitaux. Un point vital urbain dans le corps de la ville est un lieu dans lequel le doute n’a pas lieu d’être. C’est ici, j’y suis. Perec y tournerait des heures carnet en main. On peut se poser dans l’alcôve juste à côté de l’entrée du café, s’assoir ainsi à même la rue mais un peu protégé comme si une casemate de gardien de la paix des carrefours. Que la paix des carrefours soit. On peut se positionner à l’un des trois autres angles et respirer la densité du transit humain, humer les différences de points de vues. On peut. Il n’y a d’ailleurs rien d’autre de plus essentiel à faire à ce carrefour. Comme dans tout point névralgique urbain. Y être. Eponger le ressenti, le reste pour plus tard, pour l’inutile de l’écriture. Y être donc. Accumuler le sens d’y être. Absolument.
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